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Numéro(s) recherché(s): Dei Verbum 7-10

Dei Verbum7La transmission de la révélation divine

Les apôtres et leurs successeurs, hérauts de l'Evangile

Ce que Dieu avait révélé pour le salut de toutes les nations, il a décidé dans sa très grande bonté de le maintenir à jamais intact et de le transmettre à toutes les générations. Aussi le Christ Seigneur, en qui toute la révélation du Dieu suprême reçoit son achèvement (1), ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l'Evangile promis auparavant par les Prophètes, ordonna à ses apôtres de le prêcher à tous (2) comme la source de toute vérité salutaire et de toute discipline morale, en leur communiquant les dons divins. L'ordre du Christ a été fidèlement exécuté par les apôtres qui, dans leur prédication orale, leurs exemples, dans ce qu'ils ont établi, ont transmis soit ce qu'ils avaient reçu de la bouche du Christ, de leurs relations intimes avec lui, de ses oeuvres, soit ce qu'ils avaient appris sous la suggestion du Saint-Esprit; cet ordre a été fidèlement exécuté par ces apôtres et ces hommes apostoliques qui, sous l'inspiration du même Esprit Saint, ont consigné par écrit le message du salut (3).

Pour que l'Evangile fût gardé à jamais intact et vivant dans l'Eglise, les apôtres ont laissé comme successeurs les évêques, auxquels " ils ont transmis leur propre charge d'enseignement " (4). Cette Tradition sainte et la Sainte Écriture des deux Testaments sont donc comme le miroir dans lequel l'Eglise, pendant son pèlerinage sur terre, contemple Dieu, de qui elle reçoit tout, jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à son terme: Le voir face à face tel qu'Il est (5).
(1) Cf. 2 Cor. 1.20; 2 Cor. 3, 16 à 4, 6.
(2) Cf. Mt. 28, 19-20 et Mc. 16, 15; Conc. de Trente, Sess. IV, décret Les Ecritures canoniques, Denz. 783 (1501).
(3) Cf. Conc. de Trente, loc. cit.; Conc. Vatic. I, sess. 111, Const. dogm. sur la foi cath., ch. 2, La révélation, Denz. 1787 (3006).
(4) S. Irénée, Contre les hérésies, III, 3, 1, P.G. 7, 848; Harvey, II, p, 9.
(5) Cf. 1 Jo. 3, 2.
Dei Verbum8La Tradition sacrée

Aussi la prédication apostolique, rapportée d'une façon spéciale dans les livres inspirés, devait-elle être conservée par une succession continuelle jusqu'à la fin des temps. C'est pourquoi les apôtres, en transmettant ce qu'ils ont eux-mêmes reçu, avertissent les fidèles de garder les traditions qu'ils ont apprises soit par leurs paroles soit par leurs lettres (1), et de combattre pour la foi (2) qui leur a été transmise une fois pour toutes (3). Ce qui a été transmis par les apôtres embrasse tout ce qui contribue à diriger saintement la vie du Peuple de Dieu et à accroître sa foi; ainsi l'Eglise, dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle croit.

Cette Tradition qui vient des apôtres se développe dans l'Eglise sous l'assistance du Saint-Esprit (4): grandit en effet la perception des choses et des paroles transmises, par la contemplation et l'étude qu'en font les croyants qui les gardent dans leur coeur (5), par la pénétration profonde des réalités spirituelles qu'ils expérimentent, par la proclamation qu'en font ceux qui avec la succession épiscopale ont reçu un charisme assuré de la vérité. L'Eglise, à mesure que se déroulent les siècles, tend toujours à la plénitude de la vérité divine, jusqu'à ce que les paroles de Dieu reçoivent en elle leur consommation.

Les propos des Saints Pères attestent la présence vivifiante de cette Tradition, dont les richesses se déversent dans la pratique et la vie de l'Eglise croyante et priante. C'est par la même Tradition que le canon des Saints Livres se fait connaître dans sa totalité à l'Eglise; c'est en elle que les Saintes Lettres elles-mêmes sont comprises de façon plus pénétrante et sont rendues indéfiniment actives; c'est ainsi que Dieu, qui a parié jadis, s'entretient sans arrêt avec l'Epouse de son Fils bien-aimé, et que l'Esprit-Saint, par qui la voix vivante de l'Evangile retentit dans l'Eglise et par l'Eglise dans le monde, introduit les croyants dans tout ce qui est vérité, et fait résider chez eux en abondance la parole du Christ (6).
(1) Cf. 2 Thess. 2, 15.
(2) Cf. Jud. 3.
(3) Cf. Conc. de Nicée II, Denz. 303 (602); Conc. de Constantinople IV, sess. X: can. 1, Denz. 336 (650-652).
(4) Cf. Conc. Vatic. I, Const. dogm. sur la foi cath., ch. 4, la foi et la raison Denz. 1800 (3020).
(5) Cf. Luc. 2, 19 et 51.
(6) Cf. Col. 3.16.
Dei Verbum9Rapports mutuels de la Tradition sacrée et de l'Ecriture Sainte

La Tradition sacrée et la Sainte Ecriture possèdent donc d'étroites liaisons et communications entre elles. Toutes deux, en effet, découlant de la même source divine, se réunissent, peut-on dire, en un seul courant, et tendent à la même fin. Car la Sainte Ecriture, c'est la parole de Dieu en tant qu'elle est consignée par écrit sous l'inspiration de l'Esprit divin; quant à la Tradition Sacrée, elle transmet dans son intégrité aux successeurs des apôtres la parole de Dieu confiée aux apôtres par le Christ Seigneur et le Saint-Esprit, pour que, sous la lumière resplendissante de l'Esprit de vérité, ces successeurs la gardent fidèlement, l'expliquent et la répandent par la proclamation qu'ils en font; il en résulte que ce n'est pas par la Sainte Ecriture toute seule que l'Eglise puise la certitude qu'elle a sur tout ce qui est révélé. C'est pourquoi l'Ecriture et la Tradition doivent être reçues et vénérées l'une et l'autre avec un égal sentiment de piété, avec un égal respect (1).
(1) Cf. Conc. de Trente. décret Les Ecritures canoniques, Denz. 783 (1501).
Dei Verbum10Rapport de l'une et de l'autre avec l'Eglise tout entière et le Magistère

La Tradition sacrée et la Sainte Ecriture constituent l'unique dépôt sacré de la parole de Dieu qui ait été confié à l'Eglise; en y étant attaché, le peuple saint tout entier, uni à ses Pasteurs, persévère à jamais dans la doctrine des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière (1), de sorte que pour garder, pratiquer, professer la foi transmise, il se fait un accord remarquable des Evêques et des fidèles (2).

Mais la charge d'interpréter authentiquement la parole de Dieu écrite ou transmise (3) a été confiée au seul Magistère vivant de l'Eglise (4), dont l'autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ. Ce Magistère n'est pas au-dessus de la parole de Dieu; il la sert, n'enseignant que ce qui a été transmis, puisque, en vertu de l'ordre divin et de l'assistance du Saint-Esprit, il écoute pieusement la parole, la garde religieusement, l'explique fidèlement, et puise dans cet unique dépôt de la foi tout ce qu'il nous propose à croire comme étant divinement révélé.

Il est donc évident que la Tradition sacrée, la Sainte Ecriture et le Magistère de l'Eglise sont entre eux, selon le très sage dessein de Dieu, tellement liés et associés, qu'aucun d'eux n'a de consistance sans les autres, et que tous contribuent en même temps de façon efficace au salut des âmes, chacun à sa manière, sous l'action du seul Saint-Esprit.
(1) Cf. Act. 2, 42 grec.
(2) Cf. Pie XII. Const. Apost. Munificentissimus Deus, ler nov. 1950. AAS 42 (1950), 756, rapportant les paroles de saint Cyprien, lettre 66, 8: CSEL 3, 2. 733: " L'Eglise, c'est le peuple uni à son évêque et le troupeau s'attachant à son pasteur. "
(3) Cf. Conc. Vatican I. Const. dogm, sur la foi cath., ch. 3, La foi, Denz. 1792 (3011).
(4) Cf. Pie XII, Encycl. Humani generis, 12 août 1950: AAS 42 (1950), 568-569; Denz. 2314 (3886).
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Publié: 30/11/1959