Sainte Véronique, c. 1580 - Le Greco (1541-1614)
Le voile de Véronique.
Huile sur toile, 91 x 84 cm. Tolède, Museo de Santa Cruz.

Cette année, nous sommes radicalement mis face au cœur de notre foi. Privés d’assemblées, privés de ce pèlerinage à la suite du Christ dans sa Passion et vers sa Résurrection, privés des partages graves puis joyeux qui nous rassemblent dans nos églises chaque année. Pourtant, déjà, la communion spirituelle agit, et nous nous partageons combien l’extraordinaire sobriété de cette liturgie de circonstance nous touche, réduite à son essentiel.
L’essentiel. Cette Véronique peinte par le Greco nous y conduit de façon merveilleuse. Ceux qui ont eu la chance de la contempler au Grand Palais récemment en sont encore frappés. Magistral choc de peinture et de foi au seuil de l’exposition.
Véronique surgit de la nuit avec laquelle son manteau se confond presque. Auréolé de lin léger, son visage s’est fermé, devenu dur et froid comme pierre. Son menton tremble. Courageuse, elle retient ses larmes pour montrer le linge de sa compassion sur lequel s’est imprimé le visage de celui qui est lui-même compassion. L’artiste a légèrement tourné sa tête vers la droite, lui donnant ainsi un peu de mouvement et d’humilité : elle ne veut pas qu’on la regarde.
Ce qui lui importe, c’est le lumineux trésor qu’elle déploie pour nous de ses doigts gracieux. Encadré de lignes d’or, comme un lavis précieux, le visage du Christ, frontal, lisse, tel que les plus anciennes représentations de la Sainte Face nous en ont donné le modèle, nous interpelle. Nous ne pouvons échapper à son regard. Marqué par la souffrance, il la dépasse pourtant, empreint d’une incroyable sérénité.
Il nous regarde, car c’est pour nous qu’Il est venu, c’est pour nous qu’il vit la Passion. Il est serein, confiant que le projet de Vie du Père adviendra. Comme Véronique, l’humanité quittera la nuit, si elle accueille le Christ comme un trésor de lumière éternelle et le manifeste au monde humblement.
Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.
- La multiplication des pains
- L’entrée du Christ à Jérusalem
- Le Christ sortant du Tombeau
- Salvator Mundi (c. 1516-18) - Joos Van Cleve (c. 1485- 1540-41)
- Etienne
- Résurrection (Issenheim)
- Apparition du Christ aux apôtres
- Sainte Véronique, c. 1580 - Le Greco (1541-1614)
- La résurrection de Lazare, de Jacob Willemsz de Wet l’Ancien (c. 1610-c. 1675-1691, Haarlem)
- L’Ascension
- Le Buisson Ardent
- Jésus et Nicodème
- Le serpent d’airain
- Résurrection - Arcabas (1926-2018)
- La femme adultère (Jn 8, 1-11) - Lorenzo Lotto (1480-1556)
- Le Paradis terrestre
- La Sainte Famille à l’oisillon, de Murillo (vers 1650)
- Fête de l’Annonciation du Seigneur
- Le couronnement de la Vierge Marie
- Sacré Cœur crucifié (1894) - Maurice Denis (1870-1943)
- La Mise au Tombeau
- La vendange mystique
- Paul et Barnabé à Lystres
- Le Christ vainqueur
- Les Saintes Femmes au tombeau
- Moïse présentant les tables de la loi, de Philippe de Champaigne (vers 1648).
- La compassion du Père
- Jésus devant Pilate (1566-1567) - Tintoret
- Le centurion de Capharnaüm, de Paolo Véronèse
- La Trinité (Jn 14, 7-14)