Dédicace de St Jean du Latran
1. Les quatre évangélistes rapportent cette violente scène, preuve en est qu’elle a marqué les esprits. Elle peut étonner de la part de Jésus. Il a fréquenté le Temple dès son plus jeune âge, y a enseigné, y a prié. Il en connaissait les habitudes. Il savait qu’il fallait bien des vendeurs pour pouvoir acheter les animaux destinés au culte rituel et des changeurs avec l’argent du Temple et non avec celui qui portait l’effigie du “divin” César, inacceptable dans l’enceinte du Dieu unique. Il faut ajouter que le nombre des prêtres et des lévites, 450 de service par jour, 7 000 en tout, vivaient de ces offrandes. Au temps de la Pâque, le nombre des habitants de Jérusalem, 80 000 environ, était décuplé et par conséquent les vendeurs, les changeurs aussi. Que s’est-il passé ce jour-là pour que Jésus s’emporte au point de chasser bœufs, brebis et colombes, et de renverser les tables des changeurs ? Etaient-ils installés au mauvais endroit ? Traversaient-ils le parvis de la prière pour raccourcir leur chemin comme le suggère Marc ? Cet événement a été mal ressenti par les gens du Temple (sadducéens, lévites, prêtres). On est en droit de penser que cet événement a engendré son arrestation.
2. Un motif est avancé par Jésus : « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Le commerce dont Jésus parle va certainement plus loin que le seul marchandage installé aux portes. Il est possible que le rituel de purification passant par des offrandes d’animaux ait pris une telle importance qu’il pouvait être considéré comme purification du cœur alors qu’il ne devait que l’accompagner, le signifier. Depuis longtemps déjà, le prophète Isaïe au 8e siècle, s’était fait le porte-parole de Dieu pour condamner le manque de cohérence entre le culte et le vécu. Il n’a pas pris de gants : « Que me fait la multitude de vos sacrifices, dit le Seigneur ? Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus. Mais lavez-vous, purifiez-vous. Ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve. »
3. Jésus, nouveau prophète, criera lui aussi : « Allez donc apprendre ce que signifie : c’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice. » On est en droit de penser que le comportement de Jésus visait les autorités du Temple qui avaient mis les rituels au premier rang plutôt que celui du cœur. Paul n’a cessé de le rappeler : « Je vous exhorte donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel. » Autrement dit : faites de votre cœur une maison de prière selon la manière qu’il indique aux chrétiens de Colosses : « Revêtez votre cœur de tendresse. »
4. Ce message nous concerne. La célébration de l’eucharistie est le fondement, le cœur de pratique religieuse. « Faites ceci en mémoire de moi » avait dit Jésus lorsqu’il partagea le pain et la coupe de son corps. Ce que nous appelons « messe », que les protestants appellent « culte », les orthodoxes l’appellent « divine liturgie ». On ne peut se satisfaire d’y « assister » comme on le dit traditionnellement. Elle n’est pas un rite extérieur que Jésus aurait demandé en souvenir de ce qu’il a fait au soir du Jeudi saint mais une participation à ce qu’il fit lui-même. Cela change tout. Le saint curé d’Ars, dont on disait l’avoir vu pleurer en célébrant la messe, a dit : « Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. » Une messe ne se « paye » pas !

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.
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