27e dimanche du temps ordinaire

1. « Seigneur, augmente en nous la foi ! » demandèrent les disciples, pourtant si proches de lui. Le mot "foi" apparait 36 fois dans les trois évangiles parallèles. Souvent dans la bouche de Jésus, après une guérison : « Va, ta foi t’a sauvée. » Même à cette femme non juive qui ne veut que toucher son manteau pour être guérie de son mal et donnée en exemple à ses compatriotes : « Courage, ma fille ! Ta foi t’a guérie. Je vous le déclare, c’est la vérité : je n’ai trouvé une telle foi chez personne en Israël. » On la trouve à nouveau dans sa bouche pour ce centurion romain qui demande la guérison de son serviteur : « Retourne chez toi, Dieu t’accorde ce que tu as demandé avec foi ! » Ce qu’il ne trouve pas à Nazareth où il n’accomplit là « que peu de miracles à cause de leur manque de foi ». Dans tous ces événements la confiance, la foi en Jésus devient puissance. Cette puissance, Jésus la compare à celle des plus petites semences comme celle du sénevé, celle de la moutarde ici. Dans ces graines à peine visibles sont déjà inclus ce qu’elles produiront par une puissance cachée. Le chêne séculaire, issu du modeste gland enfoui dans la terre, doit nous laisser admiratif.

2. On comprend mieux le pourquoi de la question des disciples si on la replace dans leurs attentes. Comme tout autre Juif, ils attendaient un libérateur. Une attente passive avec l’espérance qu’arrive ce qui était espéré. Au vu de ce que faisait Jésus, en l’entendant parler sans cesse du Royaume des Cieux, ils étaient dans l’attente imminente d’un changement politique d’ampleur : d’abord que les Romains soient chassés mais aussi que la foi du peuple élu soit reconnue par tout le monde et le Temple serait le lieu de rassemblement des nations. Jésus leur a donné l’impression qu’il était ce Messie et ils l’ont espéré encore et à plus forte conviction. Mais rien ne s’est passé. Ses auditeurs, nombreux d’abord, se firent de plus en plus rares parce que déçus. A la place de la confiance, le doute s’installait. « Seigneur, augmente en nous la foi ! » est une prière adressée à cet homme qui s’était attaché à eux, auxquels ils étaient attachés bien qu’ils ne voient pas ce qu’était sa mission.

3. « Seigneur, augmente en nous la foi ! » est encore notre prière. Ce qu’on a appelé le « silence de Dieu », l’absence de son intervention dans notre monde, fut la cause de la perte de confiance, de la foi en lui. On a montré que dans les témoignages des rescapés de la shoah, Dieu n’apparaît pas ou très peu, car il n’y a pas la place. De même pour ce pratiquant qui avait prié pour obtenir la guérison de sa fille. Parce qu’il n’a pas été exaucé, il ne va plus à l’église. C’est pourtant lorsque nous sommes accablés par toutes les incertitudes de la vie que la confiance en Dieu, la foi, est la plus nécessaire. Commencer par accepter que Dieu ne soit pas responsable de ce qui va mal, que notre nature est fragile et que ce sont des hommes qui sont les seuls auteurs des guerres et de leurs victimes. Jésus n’a pas guéri tous les malades de la Galilée, et plus tard, arrêté les persécutions faites à l’encontre de ceux qui lui avaient fait confiance. Mais il nous apprit à aller vers ceux avaient besoin qu’on vienne à eux pour ne pas nous laisser endormir par un quiétisme indifférent. Alors notre foi ne se réduira pas au seul assentiment, à des « vérités à croire », mais à une route à prendre en toute confiance. La foi n’est pas un savoir, quelque chose que l’on possède, comme un trousseau de clé, mais une confiance qui se vit. Le curé d’Ars disait : « La foi, c’est quand on parle à Dieu, comme on parle à un homme. »