6e dim. de Pâques (25/5) : Pistes pour l’homélie

Piste 1

« Tous nos soucis, nos maladies, nos échecs, nos misères… vous ne devez pas trop vous en tracasser, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Encore un peu de patience et ça ira mieux dans l’au-delà. » Voilà le raisonnement qui a traversé les siècles et qui est encore bien présent dans la tête de beaucoup. Que n’a donc d’ailleurs, et avec raison, reproché aux chrétiens de prendre la vie future comme un tranquillisant. De croire que la vie ne commence qu’après la mort. Le présent n’est rien, l’au-delà est tout !
A bien des reprises, Jésus essaye de nous faire comprendre, comme aujourd’hui, qu’il n’en va pas ainsi.
Il ne dit pas : « Je m’en vais et je vous emmène avec moi vers le ciel », mais au contraire il nous dit : « Je m’en vais mais je reviens vers vous. »
Rappelez-vous aussi l’histoire des disciples d’Emmaüs. Jésus marche à côté des deux disciples non pas pour les accompagner dans leur fuite ou leur désertion, mais pour les faire revenir à Jérusalem et les renvoyer à leur responsabilité dans la société.
La vie n’est pas d’ailleurs pour un au-delà, elle est ici, maintenant. Le Royaume est toujours en construction.
A l’opposé, le matérialisme ambiant nous offre lui aussi d’autres moyens pour fuir nos soucis, il suffit de nous laisser envahir par nos occupations matérielles. Produire plus, consommer davantage, profiter au maximum… tout cela finit par obstruer complètement notre temps, ne nous laisse plus aucune occasion de relever la tête et de réfléchir. Le matérialisme ne nous fournit guère d’autres perspectives d’existence. Et Dieu dans tout ça ? On l’a relégué derrière, comme une roue de secours.

C’est ainsi que les chrétiens sont tiraillés entre le ciel et la terre.
Si certains ont tendance à oublier la terre pour espérer le ciel, d’autre profitent de la terre jusqu’à en oublier le ciel.

Or Jésus vient aujourd’hui nous aider à réduire cette tension et retrouver l’équilibre. Il nous promet son Esprit. Non pas quelqu’un qui nous déchargera de nos responsabilités, ni ne prendra les décisions à notre place mais qui sera un conseiller, un sage, un souffle qui nous réveillera, nous stimulera à ne pas fuir, mais à nous mobiliser, à mettre en œuvre « tout ce que Jésus nous a dit ».
Or Jésus nous dit : « Si quelqu’un m’aime, mon Père et moi nous ferons chez lui notre demeure. »
Alors les hommes ont tenté de mettre la main sur Dieu et ont tout mis en branle pour se l’accaparer. Certains ont déclaré : « c’est chez nous qu’il habite » et ils l’ont enfermé prisonnier d’un tabernacle.
D’autres ont dit : « c’est chez nous qu’il demeure » et ils l’ont enfermé dans des définitions, des formules, des livres, des doctrines.
« C’est chez nous », disent ceux qui font de la pratique le critère de la foi.
« C’est chez nous » disent ceux qui ont des apparitions ou découvrent des faits extraordinaires et des manifestations de toute puissance…
Mais n’a-t-on pas oublié l’essentiel, le début de la phrase : « Si quelqu’un m’aime, le Père et moi nous ferons chez lui notre demeure. »
« Si quelqu’un m’aime ! »
Nous aurons beau faire, Dieu ne se laissera jamais enfermer, il reste libre, personne ne peut l’accaparer ni affirmer qu’il le détient.
Dieu reste nomade, un Dieu en mouvement, insaisissable mais qui laisse des traces de joie et de paix.
Ce qui est certain c’est que là où l’amour est absent, même si c’est dans l’Eglise, Dieu y est absent.
Mais là où est l’amour, Dieu est vivant et y demeure.

Piste 2

Quelques jours avant sa mort Jésus disait : « Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai. ».
A l’instant où il rendait son dernier soupir, le voile du temple se déchira : événement signifiant la fin de ce temple de pierre.
Et saint Jean nous dit aujourd’hui dans l’apocalypse : « Dans la cité nouvelle, dans la Jérusalem céleste je n’ai pas vu de temple. »

Le temple a toujours été considéré comme la demeure de Dieu. Mais s’il n’y a plus de temple, où Dieu va-t-il faire sa demeure ? S’il n’est plus dans le temple, où faut-il le chercher pour le trouver ?
Aujourd’hui encore les hommes cherchent Dieu. Certains le cherchent dans les églises, d’autres ont l’impression de le trouver dans les apparitions ou dans des événements extraordinaires qu’ils appellent « miracles », d’autres encore font de longs pèlerinages, d’autres le cherchent dans les livres. Certains croient l’avoir trouvé dans des formules, des doctrines, des définitions théologiques… mais les résultats sont souvent décevants.
Pourquoi ? Parce que notre Dieu ne se laisse pas enfermer. Il veut rester libre. Personne ne peut dire : « Je détiens le vrai Dieu. » Mais alors où peut-on le trouver ? Où peut-on être sûr de le rencontrer ?
C’est Jésus lui-même qui nous donne ici la réponse. « Si quelqu’un m’aime, dit-il, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer avec lui. »
« Si quelqu’un m’aime », mais n’oublions pas que le second commandement ne fait qu’un avec le premier, si quelqu’un aime son frère plus fragile ou en difficulté, là est la demeure de Dieu.
Dieu est un Dieu nomade, sans demeure fixe, il va et vient, il est ici, il est là, il est partout, comme on nous l’apprenait dans le petit catéchisme, il est partout oui, mais là seulement où l’amour est vécu.
Si Dieu est toujours en mouvement, insaisissable, il ne se laisse découvrir que par des signes continuellement répétés, de même nous ne pouvons déceler la présence de Dieu que par des signes d’amour. Quels signes ? Ces signes sont facilement reconnaissables car ils ne laissent derrière eux que des traces qui sont la joie et la paix.
Ne cherchons plus après Dieu puisque son temple désormais est tout simplement en chacun de nous lorsque vraiment nous nous aimons.