Baptême du Seigneur (11/1) : Commentaire

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Ce dimanche est déjà hors du cycle de Noël-Epiphanie, si l’on restreint ce cycle à la naissance et à l’enfance de Jésus. Il inaugure la vie missionnaire du Christ. Par ailleurs, il appartient encore au cycle épiphanique dont il est comme la clôture, avec son épiphanie particulière : Jésus caché pendant trente ans, est maintenant épiphanié, manifesté comme le Messie.

On pourrait parler de dimanche charnière. Il passe de la vie cachée du Christ à sa vie publique. Il faut y voir cependant plus qu’une simple transition. C’est le passage important, le moment-clé où le Christ est manifesté comme Fils du Père, comme Messie envoyé pour nous libérer. Y est proclamée notre propre dignité de fils et de filles de Dieu.

On ne saurait assez mettre en valeur ce dimanche. La liturgie orientale, parfois plus perspicace, ne s’y est pas trompée qui donne à cet événement la place qui lui revient, au point d’en faire la fête par excellence de l’Epiphanie du Christ.

Si l’Epiphanie est célébrée le 7 ou le 8 janvier (quand Noël tombe un dimanche), le Baptême du Seigneur est fêté en semaine, le lundi.

Première lecture : Is 42,1-4.6-7

Ce texte émouvant fait partie d’un groupe de poèmes appelé chants du serviteur de Yahvé, chants messianiques par excellence.

Dans un poème, et surtout un poème oriental, les mêmes pensées reviennent par vagues, se chevauchent et s’entrecroisent. Pour un meilleur profit, nous recomposons le texte par thèmes.

1. Sont d’abord chantés l’élection, l’appel du serviteur. Le Seigneur lui-même nous le présente, le recommande à notre attention, afin que nous ne passions pas négligemment à côté de lui : Voici mon serviteur (d’où le nom de chant du serviteur). Il est mon élu, je le soutiens, je suis de son côté, en lui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit. Sa pensée, c’est la mienne. Au baptême de Jésus (évangile), ce verset sera repris, en partie par Jean-Baptiste, en partie par la voix de Dieu lui-même. C’est donc bien à Jésus qu’est appliqué ce poème.

Puis le Seigneur s’adresse au serviteur dans un encouragement qui renforce encore l’élection : moi, je t’ai appelé, pris par la main, mis à part. Dieu l’aime donc d’une façon unique. Un lien particulier l’unit au serviteur.

2. Sont alors détaillés le rôle, la tâche, le programme de ce serviteur. Il fera paraître le jugement que j’ai prononcé. Il est ma voix, l’exécuteur de mon plan d’amour. Et cela en toute fidélité, sans compromission. J’ai fait de toi mon alliance avec le peuple de ceux qui ont la foi. Il est l’Alliance en personne, le pont (d’où le mot pontife) entre Dieu et les hommes.

Mais son rôle ne se réduit pas au peuple des croyants, il est universel : j’ai fait de toi la lumière des nations, des îles lointaines, de ceux qui sont encore loin de Dieu.

Tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de prison. Jésus réalisera ce programme ( ; ), il se dira la lumière ().

3. Et voyez sa manière, toute de douceur : il ne criera pas, ne haussera pas le ton... il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit. Matthieu () appliquera cette prophétie au Christ. Jésus la fera sienne quand il dira : "Je suis doux et humble de cœur" ()

4. Cette mission n’ira pas sans difficultés, sans contestations. Mais lui ne faiblira pas. Et, dans sa passion, il ne sera pas écrasé. Elle débouchera dans la victoire de Pâques par laquelle il imposera le jugement du Seigneur qui sera porté, par son Église, devant les nations, aux îles lointaines.

En ce dimanche où Jésus est manifesté comme le serviteur bien-aimé, voici “une icône”, un portrait anticipé du Christ, saisissant de ressemblance. Voici !

Saurai-je voir le Christ et l’accueillir ainsi ?

Psaume : Ps 28

Ce psaume représente Dieu d’une manière encore primitive, signe de l’ancienneté du texte. D’une puissance massive, il fait apparaître Yahvé au milieu des forces déchaînées de la nature. Il prépare ainsi l’évangile plus qu’il ne prolonge la première lecture.

Communauté rassemblée, appelle le ciel lui-même, ses dieux, ses forces, ses anges... à rendre gloire au Seigneur. Adorez-le, lui qui est puissant, tout autre : éblouissant de sainteté.

Car aujourd’hui où sa voix appelle son serviteur (première lecture), où des cieux une voix proclame : "Celui-ci est mon fils bien-aimé" - te rends-tu compte de la majesté de cette voix ? Cette voix du Seigneur, elle domine les bruits de la tempête, la masse des eaux, elle déchaîne le tonnerre. Dieu se manifeste (s’épiphanie) aujourd’hui sur son Fils au Jourdain. Le voile se lève sur Jésus, sur sa gloire et sa puissance. Et tous, dans son temple, pendant cette eucharistie, crions : Gloire ! Gloria in excelsis !

Deuxième lecture : Ac 10,34-38

En cette fête du Baptême du Christ, une méditation sur... le “baptême universel”.

Quand Pierre, instruit par une vision et sollicité par un centurion de l’armée romaine, donc un païen, arrive à Césarée, ses hésitations à aller vers les païens cessent : en vérité, vraiment, je le comprends aujourd’hui : la foi et le baptême ne sont pas réservés aux seuls fils d’Israël. Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. Sans doute, c’est à nous les Juifs, les fils d’Israël, qu’il a envoyé la Parole vivante, Jésus. Non pour la garder égoïstement. Pour l’annoncer. Car c’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous les hommes.

Vous savez - et Pierre de rappeler ce qui s’est passé. Vient alors un bref “évangile selon saint Pierre”. L’Apôtre le fait commencer avec le baptême proclamé par Jean, quand Dieu consacra Jésus par l’Esprit Saint et le remplit de force.

Sont évoqués ici, en une vue panoramique, le baptême de Jean, le baptême - sacre du Christ, le baptême de Corneille représentant les païens, notre propre baptême où Dieu nous a consacrés par l’Esprit de Jésus et qui nous a fait entrer dans la famille de Dieu.

Une famille ouverte à tous les hommes. Serions-nous comme ces Juifs convertis, jaloux de leur sélection, et qui reprochèrent à Pierre d’avoir baptisé le centurion (lire la suite de cet épisode dans les Actes () ? Soyons une communauté accueillante. Dieu ne fait pas de différence !

Évangile : Mt 3,13-17

Jésus arrive de Galilée où il a passé trente ans de “vie cachée”. Il paraît. Il entre en scène. C’est le lever de rideau sur trois ans qui seront les plus importants de l’histoire universelle. Il paraît, il apparaît, il se manifeste. Il va, un court instant, apparaître pour ce qu’il est vraiment, et qui ne paraîtra, dans tout son éclat, qu’à Pâques.

Il paraît sur les bords du JourdainJean prêche un baptême de conversion. Il vient à lui pour se faire baptiser. Jean, qui a annoncé un plus puissant que lui (), voulait l’en empêcher. Et pour cause. Le plus puissant que lui ! L’homme sans péché, se soumettre à un baptême de conversion ! C’est bien, au contraire, moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi. Mais Jésus parle d’accomplir parfaitement ce qui est juste : le plan de Dieu qui veut que Jésus soit l’un des nôtres. Jésus veut l’accomplir, non à demi, mais parfaitement. Il s’humilie. Par ce baptême, réservé à nous pécheurs, il plonge dans notre vie misérable d’égoïstes, d’orgueilleux, de lâches, dans un monde d’injustice, de haine.

Et au moment de cette humiliation, alors que son identité vraie était au plus méconnaissable, voici que les cieux s’ouvrirent. A prendre dans toute sa force, comme réponse à l’ardente supplication des siècles d’attente : "Ah ! si tu déchirais les cieux !" (). Le mur de séparation entre Dieu et les hommes est abattu, il y a une “ouverture”.

A ce moment-là, quelque chose d’extraordinaire s’est passé. Jean vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Jésus-homme est pris, saisi, consacré, envoyé par l’Esprit. C’est la Pentecôte de Jésus, à partir de laquelle il part accomplir sa mission.
Et pour bien l’authentifier, une voix, Dieu lui-même, dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j’ai mis tout mon amour. Mots qui font allusion à la prophétie du serviteur de Yahvé (1ère lecture) pour bien montrer que Jésus est ce serviteur, ce Messie attendu.

Nous avons été baptisés, comme le Christ. Comme à lui cette même voix nous dit : Tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e). Entendons la voix. Elle parle toujours. Pour nous rappeler notre dignité. Pour nous envoyer, être nous-mêmes une voix qui crie, par l’intensité de notre vie : vous êtes les bien-aimés du Père.

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René LUDMANN c.ss.r.

Prêtre du diocèse de Luxembourg.

Publié: 11/12/2025