Une Europe des peuples et des cultures : les racines chrétiennes
Conférence du cardinal Paul POUPARD, président du Conseil pontifical pour la Culture, à la faculté de théologie de l’Université Babes-Bolyai (Roumanie).
Monsieur le Recteur,
Messieurs les Doyens,
Excellence,
Mesdames et messieurs les professeurs,
Chers étudiants,
Chers amis,
1. « L’Europe des peuples et des cultures », l’Europe née de la volonté d’hommes de foi et de culture - Robert Schuman, Alcide De Gasperi et Konrad Adenauer - est l’unique modèle d’un ensemble géographique et humain qui puisse répondre aux exigences de la paix et de la liberté pour notre continent. Si l’Europe peine tant aujourd’hui à trouver sa véritable physionomie, c’est qu’elle est traversée par un ensemble de crises qui affaiblissent sa culture et l’empêchent de construire la « Maison Europe » dans la conscience des valeures communes partagées dans la pluralité des cultures. C’est ce qu’a clairement mis en évidence le Colloque européen que j’ai eu la joie de présider avec le ministre de la culture et des cultes en Roumanie, à Bucarest, les 15 et 16 mai 2001. [1]
Mais permettez-moi tout d’abord de vous dire ma joie de me retrouver aujourd’hui en Roumanie et de vous rencontrer, chers amis, pour partager avec vous un certain nombre de convictions fondées sur l’humanisme chrétien et sans cesse alimentées aux sources de l’Évangile. Depuis deux millénaires d’histoire européenne, des hommes et des femmes de toute origine ont vu leur intelligence et leur sagesse humaine fécondées par la Révélation chrétienne qui, avec le mystère de Dieu, nous enseigne le mystère de l’homme, ce qui est bon pour lui et son semblable, et nous donne d’édifier la civilisation de l’amour pour le plus grand bonheur de tous les peuples. Cette civilisation se construit sur les quatre piliers porteurs de l’Encyclique Pacem in terris du Bienheureux pape Jean XXIII du jeudi saint 1963, il m’en souvient, j’étais alors son jeune collaborateur à la Secrétairerie d’État : la vérité, la justice, la charité et la liberté.
Ces convictions, partagées par ses successeurs, le Serviteur de Dieu Paul VI, que j’ai eu le privilège aussi de servir pendant de longues années à la Secrétairerie d’État, et notre bien-aimé Pape Jean-Paul II, ami de la Roumanie, continuent de l’être par notre cher Pape Benoît XVI, qui a voulu prendre le beau nom du Patron de l’Europe, et dont la continuité de pensée avec son prédécesseur en ce domaine est pour nous tous un grand don de Dieu. C’est ce qui apparaît dans ses nombreux écrits comme dans sa dernière conférence donnée comme Cardinal à Subiaco avant son élection au Siège de Pierre, la veille de la mort du pape Jean-Paul II, sur L’Europe et la crise des cultures.
Comme Président du Conseil Pontifical de la Culture, mais aussi comme ancien Recteur de l’Institut catholique de Paris, c’est toujours pour moi une grande joie de m’adresser à de jeunes étudiants et à de savants professeurs, et d’apporter ma contribution à ce véritable laboratoire de la pensée que vous animez en cette université par vos recherches et vos débats, dans l’amour partagé de la vérité et la quête de la Sagesse, tout particulièrement en vos quatre Facultés de théologie.
Un anniversaire
2. Je voudrais commencer notre entretien -vous le comprendrez - en évoquant la date de ce jour : 20 mai 2005. C’est pour le Conseil Pontifical de la Culture que je préside depuis sa fondation, le 23ème anniversaire de sa création par le Pape Jean-Paul II. Pour répondre à votre regard interrogateur, je voudrais vous dire en quelques mots pourquoi l’Église s’intéresse à la culture. C’est en effet la mission du Conseil Pontifical de la Culture, définie par le Pape Jean-Paul II dans sa Lettre autographe de Fondation de cet organisme du Saint-Siège, le 20 mai 1982 :
J’ai décidé de fonder et d’instituer un Conseil pour la culture capable de donner à toute l’Église une impulsion commune dans la rencontre sans cesse renouvelée du message de salut de l’Évangile avec la pluralité des cultures, dans la diversité des peuples auxquels il doit porter ses fruits de grâce... Ce Conseil me sera directement rattaché... comme un service nouveau et original, que la réflexion et l’expérience permettront peu à peu de structurer de façon adaptée, tant il est vrai que l’Église ne se situe pas en face des cultures de leur extérieur, mais bien au-dedans d’elles-mêmes comme un ferment, en raison du lien organique et constitutif qui les réunit étroitement.
Ce Conseil poursuivra ses finalités propres dans un esprit œcuménique et fraternel, en promouvant aussi le dialogue avec les religions non chrétiennes et avec les personnes ou les groupes qui ne se réclament d’aucune religion, dans la recherche conjointe d’une communication culturelle avec tous les hommes de bonne volonté. Il apportera régulièrement au Saint-Siège l’écho des grandes aspirations culturelles à travers le monde. »
Mais tout d’abord, une belle image récente que vous avez sans nul doute en mémoire. C’était le 24 avril dernier, après trois semaines d’intenses émotions avec la mort bouleversante de notre bien-aimé pape Jean-Paul II et l’élection de son successeur au Siège de Pierre, Benoît XVI. Nous étions sur la Place Saint-Pierre dans la joie partagée de l’inauguration du nouveau Pontificat. J’étais avec mes frères les Cardinaux, placé sur le parvis supérieur devant la Basilique Saint-Pierre, et j’avais sous les yeux les Rois et les Reines, les Chefs d’État et de Gouvernement et les représentants de l’ensemble des Eglises et des Communautés ecclésiales chrétiennes, avec une foule innombrable de fidèles, dont beaucoup de jeunes, un parterre impressionnant d’hommes et de femmes qui représentaient la plupart des Nations du vaste monde. De sa voix suave, légèrement enrouée par la fatigue de ces dures journées, le Saint-Père concluait son homélie avec les mots mêmes de son Prédécesseur Jean-Paul II au tout premier instant de son pontificat : « N’ayez pas peur ! ». Et le pape Benoît XVI explicitait : « N’ayez pas peur du Christ...Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d’une part de leur pouvoir, s’ils l’avaient laissé entrer et s’ils avaient concédé la liberté à la foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose : de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l’arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l’homme, à sa dignité, à l’édification d’une société juste. » Le message de l’Évangile est un message pour tous les hommes et toutes les cultures, et il appartient aux pasteurs de l’Église d’en dire les exigences pour un une société renouvelée par l’accueil de ce puissant ferment évangélique.
Permettre au Christ de parler à l’homme
3. Pour ma part, je voudrais avec vous, prêter attention à l’invitation qui accompagnait le vibrant appel de Jean-Paul II à vaincre nos peurs : « Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. Permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a les paroles de vie, oui, de vie éternelle. » [2] Permettre au Christ de parler à l’homme : c’est là le grand défi de la vie chrétienne. Nous ne pouvons nous contenter de recevoir le trésor incomparable de l’Évangile : nous l’avons reçu pour le vivre et le partager. C’est la mission de l’Église que nous avons reçue avec le baptême, la mission de transmettre la foi à nos frères, au cœur des cultures de ce monde. Aujourd’hui comme aux temps apostoliques, l’Église reçoit du Seigneur Ressuscité la mission confiée aux Apôtres d’annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile afin que les hommes croient que Jésus est le Fils de Dieu et en reçoivent la vie.
Permettre au Christ de parler à l’homme ! Le message de l’Évangile est bonne nouvelle pour tous les hommes et toutes les femmes de tous les temps et toutes les cultures. En venant en ce monde, le Christ, le Verbe de Dieu, est venu parler à l’homme, lui transmettre la parole de Vie, lui donner la grâce de devenir enfant du Père. En parlant à l’homme, en s’unissant à lui, Il nous permet de répondre à Dieu dans un merveilleux échange d’amour, sous le souffle de l’Esprit d’amour du Père et du Fils.
La culture de notre temps
4. Aujourd’hui, des pans entiers de l’Europe semblent devenus comme étrangers à cette Parole de vie. Une multitude d’hommes et de femmes sont comme emportés loin de Dieu et de l’Église par une culture de l’indifférence marquée par l’éclipse de Dieu. La Roumanie, l’Allemagne, la France, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, la grande majorité des Nations européennes a plongé, au long des siècles, ses racines dans la foi chrétienne. L’Europe y a puisé des valeurs qu’elle a répandues dans le monde par ses philosophes et théologiens, hommes de lettres et artistes, hommes de science et hommes d’État, tout autant qu’à travers ses saints. Elle a développé une culture dont l’ouverture à l’universel, le sens de la dignité et des droits de toute personne humaine, quels que soient sa race, sa condition sociale et son âge, sont autant de phares pour les nations. Cependant, sollicités que nous sommes, harcelés parfois par la pression des besoins suscités par le vaste mouvement de la mondialisation économique et ce qu’il véhicule pour satisfaire la pulsion des désirs, la recherche des plaisirs, la poursuite de l’avoir, du savoir et du pouvoir, nous observons l’étrange endormissement d’une culture qui semble frappée d’une amnésie profonde. En effet, comment pourrions-nous ouvrir la porte de la culture si nous avons perdu la clé de lecture, et avec elle tout ce qui a contribué à humaniser la vie de notre continent ? « Que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, Jérusalem ! » Sans la foi chrétienne, que deviendraient les monastères, les églises, les cathédrales et tant de chefs d’œuvres du génie de la Roumanie qui vous sont chers et qu’il m’est toujours une joie de revoir quand je reviens en votre beau pays, marqué par deux millénaires de culture chrétienne, comme toute l’Europe [3].
Dieu à la recherche de l’homme
5. L’Église est au défi des cultures. [4] Pour faire entendre la voix du Seigneur, l’Église se doit d’aller en tous les pâturages à la recherche de toutes les brebis du troupeau. Dans sa Lettre apostolique Tertio millennio adveniente, le regretté Pape Jean-Paul II développe le mystère de Dieu qui recherche l’homme : « En Jésus Christ, Dieu ne parle pas seulement à l’homme, mais il le recherche. L’Incarnation du Fils de Dieu en témoigne : Dieu recherche l’homme » [5]. Cette recherche se poursuit à travers la mission de l’Église et s’achève dans les retrouvailles de la brebis perdue (cf. Lc 15, 1-7). Vous avez sans nul doute en mémoire l’homélie de son successeur le pape Benoît XVI pour l’inauguration de son Pontificat, et le beau développement sur le pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue. Je le cite : « La parabole de la brebis perdue que le berger cherche dans le désert était pour les Pères de l’Église une image du mystère du Christ et de l’Église. L’humanité - nous tous - est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela ; il ne peut pas abandonner l’humanité à une telle condition misérable. Il se met debout, il abandonne la gloire du ciel, pour retrouver la brebis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis... L’Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude. » C’est la merveille de la Révélation chrétienne : « Dieu est amour », et ce même amour anime l’Église et la pousse au large des cultures : Duc in altum. L’amour de charité s’enracine dans le cœur même de Dieu, pour qui l’homme est une créature différente de toutes les autres : Dieu nous a façonnés, tel un Père, à son image et sa ressemblance, et élevés à la dignité de fils adoptifs. L’Église, aujourd’hui comme hier, va à la recherche de l’homme pour le conduire à Dieu, et cette recherche « naît au cœur même de Dieu » [6].
Les déserts de notre temps
6. La recherche de l’homme a été rendue nécessaire parce que l’homme s’est éloigné de Dieu : « Si vous mangez du fruit de l’arbre, vous deviendrez comme des dieux ». En succombant à la tentation, les hommes n’ont cessé, depuis la faute originelle, d’édifier des tours de Babel, se persuadant qu’ils pouvaient par eux-mêmes décider du bien et du mal, et gouverner le monde en maîtres absolus sans tenir compte de la volonté divine. Mais nous le constatons avec Benoît XVI : « Tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif ; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C’est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l’édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l’exploitation et de la destruction. »
En allant à la recherche de l’homme, l’Église veut se mettre humblement à son service pour lui faire abandonner les chemins qui ne mènent nulle part, si ce n’est au meurtre d’Abel et des Saints-innocents. Lorsque l’Évangile va au devant des cultures, il va au devant des hommes et des femmes pour les aider à irriguer leur milieu de vie et leur permettre d’étancher leur soif d’une vie authentiquement humaine dans l’ouverture au dessein d’amour du Créateur, révélé en Jésus-Christ. C’est ce que j’exprimais dans le Document Pour une pastorale de la culture, publié par le Conseil Pontifical de la Culture en la solennité de la Pentecôte, le 23 mai 1999 : « La foi a le pouvoir de rejoindre le cœur de toute culture, pour le purifier, le féconder, l’enrichir et lui donner de se déployer à la mesure sans mesure de l’amour du Christ » [7].
Le livre de la Genèse nous révèle la nostalgie de la civilisation de l’amour inscrite dans le cœur de tout homme depuis la chute originelle au jardin d’Eden. L’Incarnation du Verbe de Dieu dans le sein de la Vierge Marie, et la puissance de sa Résurrection au matin de Pâques opèrent le mystère admirable de la Rédemption de chacune et de chacun d’entre nous, en nous donnant, avec l’aide de la grâce, de nous purifier du poids du péché qui alourdit nos âmes et nous empêche de construire avec nos frères, un monde de beauté où règnent entre les hommes et les peuples, la justice, la paix et l’amour.
Qu’est-ce que la culture ?
7. J’en reviens au Conseil Pontifical de la Culture. Pourquoi ce Conseil ? De quoi s’agit-il lorsque l’Église parle de culture ? Sans entrer dans les définitions de ce terme - elles sont légion -, il me paraît utile, pour notre propos, de clarifier sa double signification, que l’usage courant ne distingue guère, car elles ne sont pas séparables en vérité.
Parler de culture, c’est, en un premier sens, parler de connaissances, et même de connaissances parvenues à un certain degré de qualité, qu’il s’agisse de sciences appliquées, des arts, ou de connaissances spéculatives. Nous le disons de vous par excellence, professeurs et étudiants des Facultés de théologie : vous êtes des hommes, vous êtes des femmes cultivés.
Nous parlons aussi de culture pour caractériser un certain mode de vivre, de penser, de travailler, d’organiser la vie sociale. Ainsi parlons-nous de culture africaine, anglo-saxonne, slave, méditerranéenne, française, roumaine. Bien entendu, l’homme d’une culture donnée peut être aussi un homme cultivé. Mais les deux points de vue sont différents. Ce qui les réunit, et qui assure leur unité, c’est l’homme, et plus précisément, ce qui fait qu’un homme est plus pleinement homme dans sa manière d’être homme. C’est à ce niveau, celui du sens profond de la vie, de sa recherche du bonheur, de son besoin de justice, de sa soif de paix, de sa quête de vérité, de sa faim de beauté, de son souci de solidarité, que le message de l’Église rencontre les aspirations profondes incarnées dans les cultures.
Nous sommes emportés, si nous n’y prenons garde, dans un tourbillon de sollicitations qui sont autant de formes des trois concupiscences que dénonce l’évangéliste saint Jean dans sa première Épître. Nous ressentons en même temps comme un appel à quelque chose de plus profond. Notre culture millénaire, les romans et les pièces de théâtre, la musique et la peinture, les arts et la littérature aussi bien que la philosophie et la théologie, sont autant d’essais d’interprétation de la condition humaine. Les grands hommes de culture thématisent, théorisent, ou tout simplement montrent, pour le dire avec Pascal, la grandeur et la misère de l’homme, ses aspirations et ses limitations, ses contradictions et ses frustrations, ses projets et ses rêves ; pour le dire avec le Concile Vatican II : Gaudium et spes, luxus et angor, le joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps.
Foi et cultures. [8]
8. Après le temps des humanités, depuis la Renaissance, et surtout au cours des deux derniers siècles, la culture occidentale a connu un développement fantastique, surtout dans le domaine des sciences de la nature et de la technique. Il en est résulté un degré d’humanisation dont ne pouvaient pas même rêver nos ancêtres d’avant le XVIIIème siècle : la santé des hommes s’est améliorée, la mortalité enfantine et juvénile a régressé, la longévité de la vie et sa qualité ont augmenté, les connaissances se sont multipliées, et l’accès des multitudes au musée imaginaire de la sculpture mondiale, comme à la musique, aux spectacles, au livre et aux imprimés sont de très grands acquis de notre temps. Ces acquisitions furent telles qu’elles donnèrent naissance à l’illusion d’un progrès indéfini. « Ouvrir une école, c’est fermer une prison », disait Victor Hugo. Nous savons aujourd’hui, hélas, que ce n’est plus vrai. Les cerveaux qui ont armé les Brigades rouges en Italie, enseignaient la sociologie à l’Université. Les réseaux terroristes islamistes ne recrutent pas des jeunes laissés-pour-compte de nos banlieues, mais des étudiants en médecine et en droit, et des hommes versés dans les différents domaines de la technologie.
Au long des siècles, la foi au Christ et la vie spirituelle des chrétiens ont profondément marqué les différentes expressions de la culture. Parce que le Christ s’est adressé à l’homme, à tout homme et à tout l’homme, l’Église veut continuer à emprunter cette route de l’homme [9], route qui traverse les différents domaines de la vie. Nous nous trouvons aujourd’hui, un peu partout dans le monde, confrontés à des mutations telles que les cultures traditionnellement chrétiennes ou imprégnées de traditions religieuses millénaires - c’est le cas en Afrique et en Asie - se trouvent ébranlées. Le développement de l’économie au niveau mondial tend à uniformiser les comportements, et la recherche du profit pour lui-même en vient à déshumaniser le vaste monde du travail et des échanges entre les hommes, sans parler des conséquences désastreuses sur les familles.
9. Nous assistons à une sorte de vaste ébranlement d’un monde qui perd ses fondements. Après avoir proclamé la mort de Dieu, il assiste comme frappé d’impuissance à l’agonie de l’homme précaire, errant dans les déserts qu’il a créés. Dès lors, il s’agit, en greffant la foi sur les cultures, de redonner vie à un monde déchristianisé et de rendre aux valeurs qui guident encore la société, leur sève évangélique, « l’eau vive » de Jésus à la Samaritaine, pour un jaillissement en vie éternelle. Le vaste monde que ma responsabilité du dialogue de l’Église avec les Cultures - c’est précisément la mission du Conseil Pontifical de la Culture au sein de la Curie Romaine - me fait sans cesse parcourir, de Rio de Janeiro au Brésil à Soweto en Afrique du Sud, d’Oxford en Angleterre à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine, de Goa en Inde à Moscou en Russie et Minsk en Biélorussie, présente en tous lieux de nouvelles situations culturelles qui sont autant de défis pour l’Église, en même temps qu’elles ouvrent des champs nouveaux d’évangélisation où la voix du Christ demande à pouvoir être entendue.
Dans sa Lettre Encyclique Redemptoris missio, Jean-Paul II décrit notre époque comme « tout à la fois dramatique et fascinante » [10]. Dramatique, car des masses entières d’hommes et de femmes sont entrées dans l’éclipse de Dieu, tandis que de tristes individus organisés dans la terreur aveugle sont capables des actes les plus abominables qu’ils prétendent accomplir - suprême blasphème ! - au nom de Dieu. Je pense aussi avec une immense tristesse à ces multitudes d’enfants victimes de la folie des hommes : l’utilisation sans vergogne à des fins idéologiques d’enfants-soldats sacrifiés sur les premières lignes des combats, l’exploitation d’une main d’œuvre facilement manipulable pour engranger le maximum de profits, et tant d’autres maux qui s’abattent sur ces faibles innocents - de la prostitution à la pédophilie - qui sont nos frères en humanité, à qui l’avenir devrait appartenir, mais qui sont le jouet des désirs les plus vils et des trafics les plus honteux.
10. Il ne faudrait cependant pas se focaliser sur les dimensions peccamineuses et mortifères de la culture à l’aube du millénaire, sous peine de laisser croire que la foi chrétienne n’offrirait d’espace qu’à la seule lamentation : nous sommes, nous chrétiens, porteurs d’espérance. Jean-Paul II nous le disait : notre époque est fascinante. En effet, les immenses avancées de la culture scientifique, la réduction des distances entre les hommes par un développement sans précédent des moyens et des techniques de communication, l’attention croissante apportée aux problèmes sociaux et collectifs - même en des régions totalement étrangères qui deviennent, par un effet inverse, de moins en moins étranges -, sont autant de domaines de la vie des hommes qu’il nous revient d’investir pour y annoncer la beauté du mystère de la vie, la grandeur d’une existence fondée sur la justice et l’amour de l’autre, et la noblesse d’une culture ouverte sur l’universel, qui ne craint pas de s’enrichir au contact des peuples, tout en préservant son patrimoine d’humanité patiemment engrangé au long des siècles et des millénaires.
Le défi du dialogue interculturel.
11. À l’heure de l’Europe comme à celle de la mondialisation, l’un des grands défis qui se posent à nos hommes politiques et aux citoyens qui les choisissent, est celui des identités culturelles. Il se pose pour vous en Roumanie comme dans mon pays d’origine, la France, avec les Corses, les Basques, ou les Bretons. Il se pose encore devant l’accroissement de l’immigration et les risques supposés ou réels de déstabilisation des cultures traditionnelles. Il prend des formes dramatiques en certaines régions du monde, nous l’avons vu au Rwanda et au Soudan, en Afrique, dans l’ancienne Yougoslavie, au cœur de l’Europe, et en différentes régions du vaste continent asiatique, en Indonésie et en Inde. Il apparaît dans sa dimension mondiale depuis qu’un après-midi du 11 septembre 2001, les hommes et les femmes de la planète ont été soudainement réveillés de leur torpeur en découvrant dans la stupeur la capacité de nuisance jusque-là insoupçonnée de réseaux terroristes souterrains prêts à accomplir des actes barbares d’une violence extrême. La recherche d’actions destructrices spectaculaires dont la puissance des images sera relayée par les télévisions du monde entier et par le réseau mondial Internet, est la face visible d’une stratégie diabolique de la terreur, qui n’a d’autre but que de plonger les hommes dans la peur et de les détourner ainsi de leur vocation à vivre en frères, dans le respect des particularités de chacun et le désir de s’enrichir de la culture des autres.
C’est dire le défi du dialogue interculturel pour l’Église qui - je le soulignais dans une récente intervention au Siège de l’UNESCO à Paris - a la mission singulière de réunir en son sein des hommes de toutes les nations. « L’originalité d’une culture, bien loin de s’identifier à sa fermeture sur elle-même, implique son ouverture à l’universel. Le pluralisme culturel dans l’Église n’est pas la juxtaposition de mondes antagonistes, mais la complémentarité de richesses multiformes. » [11] De fait, c’est parce que les cultures sont porteuses d’humanité et, par là, sont ouvertes à l’universel que le dialogue est non seulement possible entre elles, mais demande à être promu pour un mutuel enrichissement entre les peuples. Combien d’exemples, notamment dans le domaine de l’art, en sont le témoignage : tel ce directeur d’Orchestre Coréen, Myung-Whun Chung, un asiatique qui excelle dans l’interprétation des plus grands compositeurs de la musique classique allemande, italienne ou française. C’est bien que la culture d’un peuple possède en elle-même, dès lors qu’elle est authentique, quelque chose d’universel dans sa singularité.
L’homme se grandit à vouloir découvrir chez son semblable une autre manière de voir, de sentir, d’appréhender le monde, son prochain et Dieu lui-même. C’est du moins ma conviction profonde, celle qui oriente ma vie au service du Saint-Siège depuis déjà un quart de siècle, lorsque le 27 juin 1980 le Saint-Père me demandait de quitter l’Institut Catholique de Paris dont j’étais Recteur, pour devenir Président du Secrétariat pour les Non-croyants. Je devenais, deux ans plus tard, le premier Président du Conseil Pontifical de la Culture, et je le suis encore pour ma plus grande joie. Ce n’est pas trahir un secret des rencontres entre Cardinaux que de vous dire que le thème de la rencontre de la foi et des cultures est central dans nos échanges. Car, de fait, c’est l’un des thèmes développés par le Concile Vatican II réuni par le Bienheureux pape Jean XXIII pour un aggiornamento de l’Église et un nouvel élan dans l’œuvre de l’évangélisation au cœur des cultures où vivent les hommes de notre temps. Et c’est pourquoi l’Église du Concile s’est présentée en son mystère d’amour pour « illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église » (Lumen gentium, 3) et manifester « son étroite solidarité avec l’ensemble de la famille humaine » (Gaudium et spes, 1).
L’Europe des peuples et des cultures
12. Que recouvre l’idée de l’Europe ? Si la question se pose, c’est qu’elle ne trouve pas de réponse convaincante par sa délimitation dans un espace géographique. Il s’agit en réalité d’un concept « culturel », riche de deux millénaires d’histoire, né d’un processus qui s’origine fondamentalement dans l’annonce de la foi chrétienne. Certes, l’Europe est actuellement un ensemble de nations laïques, mais toutes ont un fondement chrétien même si elles semblent - ou du moins leurs dirigeants - aujourd’hui l’oublier, voire le nier, au moins le passer sous silence - aphasie, amnésie, ce qui est du reste un phénomène très récent.
Tout au long de deux millénaires, la foi chrétienne s’est transmise sur tout le territoire européen et a tissé un vaste filet d’églises et monastères, d’universités et bibliothèques, d’établissements scolaires et d’institutions de santé. Elle a pénétré les cultures, modelant les hommes et les Nations. Elle a agi dans les activités humaines comme un levain dans la pâte. Elle a progressivement fécondé les multiples cultures et l’immense diversité des peuples, et a constitué comme un ciment, un socle d’unité, en invitant les hommes à communier à des valeurs communes provenant de l’Évangile. En réalité, même dans la période où l’Europe est apparue comme une grande entité indiscutable, elle s’est toujours distinguée par la richesse et la diversité de ses peuples et de ses nations. Elle possédait pour cela un élément unificateur, la foi chrétienne, demeurée indivise pendant plus de sept siècles. [12]
La blessure des grandes guerres et du communisme léniniste
13. Cet héritage est entre nos mains. Tout en regardant le passé bimillénaire de l’Europe, nous ne pouvons oublier notre histoire plus récente, et le traumatisme de la seconde guerre mondiale. Cette tragédie a marqué une rupture, ou tout du moins une blessure profonde dans la conscience européenne. Parmi les conséquences, la création de deux blocs antagonistes n’a pas été sans répercussions sur l’avenir de l’Europe : après les horreurs de la guerre, puis celles des goulags, l’Europe arbitrairement divisée en deux a connu deux évolutions radicalement différentes, sinon opposées, du moins en apparence. C’était le diagnostic sévère du Pape Jean-Paul II s’adressant au VIè Symposium des Évêques d’Europe, le 11 octobre 1985 : « À l’Ouest, la personne a été sacrifiée au bien-être, à l’Est elle a été sacrifiée à la structure. Mais ces positions se révèlent dépourvues de perspective convaincante de civilisation... Aujourd’hui, on vit et on lutte surtout pour le pouvoir et le bien-être, non pour des idéaux. » [13]
Nous le savons, ce n’est pas le phénomène de la mondialisation et ses relents d’impérialisme économique - sinon plus -, qui guériront une Europe trop souvent inconsciente des blessures qui la saignent et l’affaiblissent. Les nationalismes comme l’individualisme, le marxisme-léninisme communisme athée comme le libéralisme agnostique sont négateurs de la dignité de la personne humaine, et ils emprisonnent les âmes dans des idéologies aux horizons intra-mondains et réducteurs.
Pour créer une Europe de la liberté, il nous faut libérer l’homme de l’illusion d’un futur meilleur qui naîtrait comme par enchantement des progrès des sciences et de la médecine, et d’une économie de marché qui rendrait toujours plus riche en dehors de toute référence religieuse et éthique. Cette utopie qui endort les consciences, entraîne les hommes sur des chemins qui ne mènent nulle part, sinon à la désillusion tragique et aux violences qu’elle entraîne [14].
Libérer l’homme
14. Mais comment libérer l’homme ? Pour Robert Schuman, l’Europe doit retrouver son âme, c’est à dire le principe qui la fait vivre et lui donne d’être elle-même, avec sa propre identité et la mission qui est la sienne à l’aube du troisième millénaire. Le rationalisme qui prétend libérer l’homme de l’obscurantisme, suscite en réalité ses propres mythes pour sa survie. Le temps n’est plus aux grandes idéologies qui, de Feuerbach à Sartre, ont sécrété un athéisme virulent contre l’Église. Elles ont laissé place, nous le constatons, à une sorte de « mythisation des valeurs » sur lesquelles les politiciens entendent fonder la société de demain. C’est l’analyse pénétrante du Cardinal Ratzinger, dans une intervention sur « Politique et morale » insérée dans son ouvrage Un tournant pour l’Europe. Diagnostics et pronostics sur la situation de l’Église et du monde. Le futur pape Benoît XVI constate la chute des grandes idéologies, mais observe que les mythes politiques n’ont pas disparu : ils se cachent derrière ce qu’il appelle « une mythisation des valeurs ». Il entend par là dénoncer l’usage unilatéral de valeurs qui sont en elles-même authentiques, mais que l’on voudrait imposer à la conscience commune comme des absolus, postulats et normes indiscutables du vivre-ensemble. Ces trois valeurs « continuellement, mythiquement unilatéralisées » sont le progrès, la science et la liberté. Et les deux péchés de l’Europe à l’époque moderne sont le rationalisme et le totalitarisme de la raison technique et la destruction de la conscience morale. [15]
Certes, l’Église n’est pas contre le progrès, la science ni la liberté : elle n’a cessé, depuis deux millénaires, de favoriser à travers universités, hôpitaux et institutions sociales, le déploiement des connaissances, la démocratisation du savoir et l’approfondissement des sciences, le progrès de la justice et l’accroissement de la solidarité, le développement des peuples et la défense de la dignité de la personne humaine. Pour l’Église, il n’est de progrès, de liberté et de science que pour le bien de l’homme. Pour l’Église, en démocratie politique, service du bien commun, la seule norme indiscutable est la personne humaine : Dieu l’a voulue pour elle-même à son image et à sa ressemblance, et lui a conféré une dignité incomparable et intangible en s’unissant à elle par son Incarnation en Jésus Christ, le Fils éternel du Père qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie au matin de l’Annonciation, à Nazareth. Libérer l’homme, c’est le rétablir dans sa dignité d’homme, et lui donner de pouvoir se situer dans sa propre vocation : c’est le libérer des sortilèges de la modernité qui en fait la victime du progrès économique à tout crin, de scientifiques agissant sans normes éthiques, de marchands d’illusions à la recherche du profit à tout prix qui l’enserrent dans les filets de l’hédonisme, les liens de la drogue, l’esclavage des sens,. Ce n’est pas de la religion que l’homme doit se libérer, mais du mythe d’une société sans référence à Dieu, qui serait l’idéal d’une humanité sans âme et sans propre identité. Libérer l’homme, c’est le soustraire au positivisme érigé en philosophie d’État, c’est lui donner de construire une société d’amour, de justice et de paix, une Europe où une laïcité réelle, au rebours du laïcisme, permette la reconnaissance du pluralisme religieux et respecte la pleine existence publique des religions et leur réelle participation aux débats de sociétés, à leurs enjeux, et à leur solution humaine.
Une Europe des peuples et des cultures
15. Chers amis, vous le savez : l’Europe est un continent culturel avant d’être géographique. Sa culture, forgée au long des siècles et alimentée aux sources de l’Évangile, lui a donné une identité commune. En réaffirmant les racines chrétiennes de l’Europe, le Pape Jean-Paul II et, à sa suite, Benoît XVI ne se réfèrent pas à un passé révolu. C’est ma conviction : l’histoire est la mémoire du futur. Tandis que nous venons de fêter le 60ème anniversaire de la Libération du totalitarisme nazi, n’oublions pas que la renaissance de l’Europe, après ces sombres heures de l’histoire qui ont vu les pires atrocités, a été rendue possible grâce à des hommes politiques, Schuman [16], Adenauer, De Gasperi, les Pères de l’Europe qui, loin de cacher leur foi au Christ, y puisaient leur inspiration et y trouvaient le ressort de leur audace créatrice, dans la conviction que les pires ennemis peuvent devenir frères, que l’amour est plus fort que la haine, que la paix peut et doit avoir le dernier mot sur toutes les déchirures les plus saignantes et les oppositions séculaires. C’est le message que le pape Benoît XVI a voulu adresser, en se référant à son prédécesseur et à son expérience personnelle, aux représentants des pays du monde entier, dans l’audience qu’il a donnée au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 12 mai dernier. Les Pères de l’Europe, ces trois chrétiens ont eu le courage de s’opposer aux totalitarismes du nazisme et du communisme-léninisme, idéologies athées, en réalité, par dessus tout, antichrétiennes. Ces pères fondateurs de l’Europe appellent aujourd’hui, à l’aube du nouveau millénaire, d’autres chrétiens à poursuivre leur œuvre pour donner une âme à l’Europe et permettre à ses racines chrétiennes de sécréter la sève d’un humanisme universel pour le bien de peuples réunis dans la liberté, la fraternité et l’égale dignité des enfants de Dieu.
C’est pour moi un privilège de partager ces convictions avec les professeurs de quatre Facultés de théologie de l’Université BABES-BOLYAI, romano-catholique, greco-catholique, orthodoxe et protestante. Vous êtes tous des disciples de Jésus-Christ, réunis dans la même foi au Seigneur. « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation » [17]
À tous, je souhaite de belles et fécondes années universitaires qui vous donnent de nourrir et d’approfondir cette conviction de foi pour la partager par toute votre vie et construire sur ces racines chrétiennes l’Europe des peuples et des cultures de demain.
[1] Pontificium Consilium de Cultura et Konrad Adenauer-Stiftung, L’Europe. Vers l’union politique et économique dans la pluralité des cultures, Cité du Vatican, 2001.
[2] JEAN-PAUL II, HOMELIE du 22 octobre 1978, in Documentation Catholique, n° 1751, 1978, p. 915-916.
[3] Cardinal Paul Poupard et Bernard Ardura, Abbayes et monastères aux racines de l’Europe, Cerf Histoire, 2004.
[4] P. Poupard, L’Église au défi des cultures. Inculturation et évangélisation, Desclée 1989.
[5] Jean-Paul II, Lettre apostolique Tertio millennio adveniente, n. 7.
[6] Cf. Ibid.
[7] Conseil Pontifical de la Culture, Pour une pastorale de la culture, 23 mai 1999, n. 3.
[8] Cardinal Paul Poupard, Foi et cultures au tournant du nouveau millénaire, CLD 2001.
[9] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Redemptor hominis, 4 mars 1979, n. 14 : « Cet homme est la route de l’Église, route qui se déploie, d’une certaine façon, à la base de toutes les routes que l’Église doit emprunter, parce que l’homme, tout homme sans aucune exception a été racheté par le Christ, parce que le Christ s’est en quelque sorte uni à l’homme, à chaque homme sans aucune exception, même si ce dernier n’en est pas conscient : “Le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l’homme”, à tout homme et à tous les hommes “... lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation”. ».
[10] JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique Redemptoris missio, n. 38.
[11] Cf. les Actes du Colloque International Un nouvel humanisme pour le troisième millénaire, organisé conjointement par le Conseil Pontifical de la Culture et le Centre Catholique International pour l’UNESCO, 3 et 4 mai 1999, Paris, p. 16.
[12] Cf. le Colloque réuni par le Conseil Pontifical de la Culture à Klingenthal du 27 au 30 mai 1993 : Christianisme et identité nationale. Une certaine idée de l’Europe. Paris, Beauchesne, Coll. Politiques et Chrétiens, 1994.
[13] In Documentation Catholique, n° 1906, 17 novembre 1985, p. 1085.
[14] Cf. Paul Poupard, Nouvelle Europe. Reconquête de la liberté et défi du libéralisme, Mame 1993.
[15] Cardinal Joseph Ratzinger, Un tournant pour l’Europe : diagnostics et pronostics sur la situation de l’Église et du monde, Flammarion, Saint Augustin 1996.
[16] Cf. Cardinal Paul Poupard, La sainteté au défi de l’histoire. Portrait de six témoins pour le IIIème millénaire, Conférences de Carême de Notre-Dame de Paris, Ch. I, « Robert Schuman, 1886-1963, Une âme pour l’Europe », Presses de la Renaissance 2003, p. 11-50.
[17] Concile Vatican II, Gaudium et spes, n° 22.
Président du Conseil pontifical de la culture.
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