7e dimanche de Pâques

1. Nous venons d’entendre la prière de Jésus pour l’unité de ses disciples. Toutes les religions du monde invitent à la prière. Elles la font adresser à des êtres hors de notre monde : Dieu, les saints, les esprits. Elle est très présente dans la Bible. Les 150 psaumes, dits de David, disent son importance pour le croyant israélite. Il y exprime sa louange à l’Eternel, mais aussi bien plus souvent ses appels à l’aide. C’est que l’homme est plus enclin à réclamer qu’à louer. Dès l’âge de 12 ans, Jésus la pratiqua selon les rites de la loi mosaïque, se rendit au Temple pour y enseigner, y pria comme il le fit dans les synagogues rencontrées sur son parcours.

2. Mais ce soir-là, sa prière prit une autre dimension. Il pria pour ses disciples ! Prier pour autrui, l’histoire biblique n’en cite qu’en deux moments. Abraham priera le Seigneur d’épargner Sodome mais, n’y ayant pas trouvé dix justes, il ne sera pas exaucé. Le prophète Jérémie s’entend enjoindre de ne pas prier pour le peuple tant ce dernier lui est infidèle. Le psalmiste du psaume 5 le justifie ainsi () : « Tu détestes tous les malfaisants… Dieu, fais-les expier. » Celui du psaume 57 (), omis du bréviaire, comme le 82 () et le 108 (), tant ils étaient contraires à la loi évangélique, écrit : « Le juste se réjouira en voyant la vengeance. » A l’extrême opposé de ce que les disciples entendront : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. »

3. Il nous faut méditer sur cette dimension de la prière demandée par Jésus. La prière pour autrui nous fait sortir de notre “pour soi”, de notre maison, pour aller à la rencontre de ceux qui en ont davantage besoin. Elle est le premier pas de notre accompagnement du Christ sur le chemin intitulé : « Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés. » Prier pour qui est dans l’épreuve, dans la peine, c’est se rapprocher de lui, entrer dans son vécu par la porte de la compassion qui est une forme de la charité, une participation au portement de sa croix, un non au chacun pour soi. C’est un ressenti que nous devons porter en nous bien plus qu’une froide intention universelle. Nous prions volontiers pour nos défunts qui ne sont plus et oublions ceux qui sont encore à nos côtés. On a vu dans cette prière celle de l’unité des chrétiens. En prenant la condition humaine, Jésus a fait corps avec toute l’humanité, pas seulement avec les chrétiens, mais avec tout homme. Paul écrit à son disciple Timothée qu’il appelait “mon véritable enfant dans la foi” : « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes. » Bien sûr, ma prière ne changera pas pour autant les choses pour autant que souhaité, n’obtiendra pas la guérison de mon proche, ni la paix entre les nations. Mais quelque chose changera en moi.

4. Faisons nôtre cette prière d’un auteur anonyme. « Seigneur, quand j’aurai faim, donnez-moi quelqu’un à nourrir. Quand j’aurai froid, quelqu’un à vêtir. Quand je serai dans la tristesse, donnez-moi quelqu’un à relever. Quand j’aurai besoin de tendresse, qu’on fasse appel à la mienne. Que votre volonté soit ma nourriture et votre grâce ma force, votre amour mon repos. Que toute ma vie soit une offrande, jusqu’au jour où il vous plaira de la prendre auprès de vous. »

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 12/05/2024