La déclaration d’intention

Pour leur entretien en vue du mariage, Paul et Élodie ont rédigé leur déclaration d’intention et préparé la célébration. Ils ont personnalisé leur projet en faisant référence aux exigences du mariage chrétien : liberté, fidélité, indissolubilité et fécondité. À ma question « Pourquoi ne dites-vous rien de l’expérience spirituelle, de la relation à Dieu ? », ils se regardent : « Il faut vous dire que nous ne sommes pas d’accord, tous les deux, sur ce point. »

Le ton est donné : un dialogue va se poursuivre bien plus longtemps que prévu. Pour Paul, la relation à Dieu est plutôt familière. Il Le sent proche de ce qu’il vit. En particulier, son amour pour Élodie évoque en lui quelque chose de l’amour du Christ pour eux deux. Il ressent Dieu plus en partenaire de son amour qu’en "surveillant tout puissant". Et quand il lui arrive de s’arrêter dans une église, il éprouve de la sérénité.

Élodie écoute Paul attentivement. Ses yeux se chargent progressivement de larmes, qui coulent dès qu’elle prend la parole. Très émue, elle dit : « Je suis allée au catéchisme. J’ai pratiqué très longtemps quand j’étais au collège, je participais à l’aumônerie. Je me demande si j’avais la foi en ce temps là… Aujourd’hui, je crois que je ne l’ai plus. » Elle essaie de trouver des mots pour dire qu’elle ne ressent rien de la présence de Dieu. Elle sait beaucoup de choses de la foi, elle a les mots pour en parler… mais ils sont vides. Ils ne résonnent pas. Et elle ajoute : « Je suis heureuse comme cela. Je ne cherche pas Dieu, je n’en ai nullement besoin. »

Mon étonnement est grand : c’est pourtant elle qui a préparé avec beaucoup de soin la célébration. Le livret d’accompagnement prouve qu’elle sait faire. Des chants lui sont revenus : « Tu nous invites à la fête. » Elle a fait tout cela pour faire plaisir à Paul mais avec beaucoup de sincérité, elle avoue : « Je ne désirais pas me marier religieusement. »

Ses larmes, son émotion, ses propos disent une réelle souffrance.
Elle voudrait ressentir quelque chose de Dieu. C’est le vide !
Elle voudrait être profondément à l’unisson avec Paul. C’est la distance !
Si des couples, à propos de leur mariage à l’église, peuvent répéter sans se poser de questions, les mots de la foi, il n’en est pas de même pour Élodie.

Cet entretien révèle une souffrance, une quête de Dieu très difficile. La fête de leur amour les conduit à vivre le jeu de leur différence. Élodie et Paul font l’approche de la connaissance la plus intime, celle de leur conscience, "le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre" (concile Vatican II).

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/05/2017