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Depuis un moment, la maison résonne d’éclats de voix entre Loriane et Valentin. Ce jour-là, cette chamaillerie entre frère et sœur prend un ton plus agressif. Certes ce n’est pas la première fois. Souvent, elle est signe d’un bon équilibre entre deux jeunes adolescents qui revendiquent leur place dans la fratrie en affirmant leur personnalité grandissante. Mais, cette fois, la dispute semble aller un peu trop loin ! Les parents perçoivent que cet affrontement n’est sain pour personne : ni pour eux, ni pour Loriane et Valentin, ni même pour leur petite sœur qui se demande ce qui se passe.

Le papa excédé intervient à plusieurs reprises sans être entendu. Il ne supporte plus ce qui se passe depuis un bon moment dans la salle de séjour familiale. « Allez dans votre chambre, dit-il. Prenez une feuille de papier, écrivez deux qualités que vous reconnaissez chez l’autre. » Loriane et Valentin sont étonnés. Ils auraient mieux compris une consigne du style : mettez par écrit les raisons de votre dispute orageuse. Non ! « Vous entendez bien, écrivez ce que vous reconnaissez de bien chez l’autre : deux points seulement ! »

Ils obéissent tout en se retrouvant complices face à la demande du papa et déjà leurs relations changent quelque peu. Ils s’affairent pour trouver papier et stylo et les voilà, selon leur désir, chacun dans un coin de la pièce, exécutant la consigne du père. « Maintenant, reprend-il, vous vous lisez ce que vous avez écrit. » Surprise, rires des deux protagonistes et des parents... quand tour à tour, Loriane et Valentin se disent des choses qu’ils n’avaient jamais exprimées de la sorte. Ils se reconnaissent sensibles à ce regard positif porté sur les qualités de l’autre. L’ambiance familiale retrouve tout d’un coup la sérénité. La proposition du papa a dérouté les enfants, tout en faisant taire leur dispute et en relativisant ce qui peut les opposer.

Cet événement insolite a surpris les grands-parents qui me rapportent cet événement. Leur fils les étonne, lui qui les a souvent malmenés au temps de son adolescence. Le voilà astucieux pour la résolution du conflit de ses enfants. Il affirme sa volonté de faire en sorte de débrouiller ce qui ne pouvait qu’être un affrontement stérile. Cette piste éducative peut suggérer à des parents et à des éducateurs de trouver eux aussi des moyens de dépassionner ces relations qui parfois aboutissent à des disputes, dans les familles ou les lieux de travail. Regarder l’autre et soi-même sous l’angle des richesses et des qualités entraîne une autre approche des rapports humains.

« Maintenant, conclut le papa, vous allez afficher ce que vous avez écrit dans votre chambre. À chaque fois que vous aurez envie de vous disputer, vous irez relire ce que vous avez écrit sur l’autre. »

Ne pourrions-nous pas anticiper la résolution de certains conflits en affichant, dès à présent, dans nos bureaux et nos chambres, les qualités de nos proches ou de nos collègues de travail ? Prendre le temps de les relire nous épargnerait, très certainement, bien des tracas et des querelles stériles.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/01/2008