5e dim. de Pâques (28/4) : Pistes pour l’homélie

Dans une 1re réaction spontanée ne trouvez-vous pas que cet Evangile est plutôt rébarbatif et dur à entendre. St Jean semble catégorique : pour réussir sa vie il faut être bon sarment sinon… on est coupé !
Pourquoi tout à coup dans l’Evangile une telle sévérité qui ne semble pas du tout coller avec le comportement habituel de Jésus, lui qui est toujours prêt à pardonner ? Jésus commencerait-il à faire la morale, mettant d’un côté ce qui est bon et valable et de l’autre le sec, le raté qu’on abandonne sans pitié ?
Où pouvons-nous trouver ici l‘image d’un Dieu bon et miséricordieux ?

Pour comprendre il est nécessaire de replacer le récit dans son contexte. Il se situe peu avant les événements de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus.
Celui-ci s’adresse à ses amis. Avant de les quitter il leur confie ce qui lui tient le plus à cœur, en quelque sorte son testament.
Il voudrait offrir à tous le secret de son bonheur, ce qui l’a motivé lors de ses multiples rencontres au gré de ses pérégrinations en Palestine.
« Sur quoi » ou « sur qui » était-il branché pour rester aussi libre, aussi proche des pauvres et des exclus, plein de respect pour les autres ? Sur son Père ! L’amour qui coule en lui, c’est la sève de l’amour du Père. Pour nous expliquer cette Bonne Nouvelle, Jean prend l’image de la vigne abondamment cultivée dans son pays.

La Bonne Nouvelle c’est que Jésus n’est pas la vigne à lui tout seul. La vigne du Père, c’est lui avec nous ! Il est le cep, le tronc par où coule la sève qui nous fait vivre, nous les sarments. Quand nous choisissons d’être sur la vigne, alors notre vie commence à ressembler à la sienne et nous portons du fruit. Ce fruit c’est d’aimer à sa manière à lui, de faire les mêmes choix que lui.
Par contre si nous ne laissons pas passer la sève en nous, nous nous desséchons. Ce n’est pas Dieu qui gendarme ou qui juge, non, nous nous desséchons tout seuls. Car une plante n’est heureuse que si elle porte du fruit. Ne dit-on pas de quelqu’un qui vit replié sur lui-même et sur ses problèmes qu’il s’aigrit, qu’il se dessèche ? Et le sarment qui se dessèche, on le ramasse, on le brûle. Le texte ne précise pas s’il s’agit de Dieu ou de quelqu’un d’autre.
Cette apparente dureté nous choque peut-être ! Mais ne croyez-vous pas que les 2 sortes de sarments nous habitent ? Nous sommes à la fois le bon et le mauvais sarment. Dieu ne nous juge pas mais souligne l’importance de faire de sa vie une belle grappe juteuse et sucrée. Nous sommes responsables de nos grappes et nous restons libres d’aimer, de nous laisser aimer. Libres d’accepter que la sève de l’Evangile passe en nous et par nous pour le bien des autres, pour leur offrir une vie plus humaine et plus belle. Le Père ne fait que constater les choix que nous faisons concrètement.
Un autre détail me semble aussi important lorsque l’Evangile nous dit que Dieu se promène dans sa vigne et il la taille, il l’émonde. Pour ne pas mal interpréter le texte, rappelons-nous que « tailler » ne veut pas dire détruire. Tailler, c’est guider la vie pour que la sève arrive mieux aux bons sarments, pour que les grappes soient plus juteuses et aient meilleur goût.
Il est facile de faire un rapprochement avec le rôle des parents qui doivent aussi parfois mettre des limites à leurs enfants. Et les parents le savent qu’il n’est pas simple de dire « non ». Même si la taille peut faire mal, elle est nécessaire. Après un certain temps la vie reprend de plus belle et les fruits n’en sont que meilleurs. Le véritable amour doit pouvoir dire « non », poser des balises et des repères.

Puissions-nous, ici maintenant mais aussi chaque jour, goûter la douce présence de Dieu dans sa vigne et faire confiance au vigneron. Il ne manquera pas de nous aider à devenir un sarment qui porte des fruits, sans pour autant prendre les décisions à notre place. Car son bonheur, c’est de faire de nous des amis, des disciples épanouis et aimants.

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Georges LAMOTTE

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.

Publié: 28/03/2024