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Numéro(s) recherché(s): Apostolicam Actuositatem 9-14

Apostolicam Actuositatem9Les divers champs d'apostolat

Introduction

Les laïcs exercent leur apostolat multiforme tant dans l'Eglise que dans le monde. Dans l'un et l'autre cas leur sont ouverts divers champs d'action apostolique. Nous nous proposons de rappeler ici les principaux d'entre eux: les communautés ecclésiales, la famille, les jeunes, les milieux sociaux, les secteurs nationaux et internationaux. Comme de nos jours les femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, il est très important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de l'apostolat de l'Eglise.
Apostolicam Actuositatem10Les communautés ecclésiales

Participant à la fonction du Christ Prêtre, Prophète et Roi, les laïcs ont leur part active dans la vie et l'action de l'Eglise. Dans les communautés ecclésiales, leur action est si nécessaire que sans elle l'apostolat des Pasteurs ne peut, la plupart du temps, obtenir son plein effet. A l'image des hommes et des femmes qui aidaient Paul dans l'annonce de l'Evangile (cf. Act. XVIII, 18.26; Rom. XVI, 3) les laïcs qui ont vraiment l'esprit apostolique viennent, en effet, en aide à leurs frères, et réconfortent aussi bien les pasteurs que les autres membres du peuple fidèle (cf. I Cor. XVI, 17-18). Nourris par leur participation active à la vie liturgique de leur communauté, ils s'emploient avec zèle à ses oeuvres apostoliques; ils acheminent vers l'Eglise des hommes qui en étaient peut-être fort éloignés; ils collaborent avec ardeur à la diffusion de la parole de Dieu, particulièrement par les catéchismes; en apportant leur compétence ils rendent plus efficace le ministère auprès des âmes de même que l'administration des biens de l'Eglise.

La paroisse offre un exemple remarquable d'apostolat communautaire, car elle rassemble dans l'unité tout ce qui se trouve en elle de diversités humaines et elle les insère dans l'universalité de l'Eglise (1). Que les laïcs prennent l'habitude de travailler dans la paroisse en étroite union avec leurs prêtres (2), d'apporter à la communauté de l'Eglise leurs propres problèmes, ceux du monde, et les questions touchant le salut des hommes pour les examiner et les résoudre en tenant compte de l'avis de tous. Selon leurs possibilités, ils apporteront leurs concours à toute entreprise apostolique et missionnaire de leur famille ecclésiale.

Les laïcs développeront sans cesse le sens du diocèse, dont la paroisse est comme une cellule; ils seront toujours prompts à l'invitation de leur pasteur à participer aux initiatives du diocèse. De plus, pour répondre aux nécessités des villes et des régions rurales (3), ils ne borneront pas leur coopération aux limites de la paroisse ou du diocèse, mais ils s'efforceront de l'élargir au plan interparoissial, interdiocésain, national et international: d'autant plus que l'accroissement constant des migrations de population, la multiplication des liens mutuels, la facilité des communications ne permettent plus à une partie de la société de demeurer repliée sur elle-même. Les laïcs se préoccuperont donc des exigences du peuple de Dieu répandu sur toute la terre. Ils feront leurs en particulier les oeuvres missionnaires en leur apportant une aide matérielle voire même un concours personnel: c'est pour les chrétiens un devoir et un honneur que de restituer à Dieu une partie des biens qu'ils reçoivent de Lui.
(1) Cf. s. Pie X, lettre apost. Creationis duarum novarum paroeciarum, ler juin 1905: AAS 38 (1905) pp. 65-67; Pie XII, Alloc. aux paroissiens de S. Saba, 11 janv. 1953: Discours et radio-messages de S.S. Pie XII. 14 (1952- 1953), pp. 449-454; Jean XXIII. Alloc. au clergé et aux fidèles du diocèse suburbicaire d'Albano, à Castelgondolfo, 26 août 1962: AAS 54 (1962). pp. 656-660.
(2) Cf. Léon XIII, Alloc. 28 janv. 1894: Acta, 14 (1894), pp. 424-25.
(3) Cf. Pie XII, Alloc. aux Curés, etc., 6 fév. 1951: Discours et radiomessages de S.S. Pie XII, 12 (1950- 1951), pp. 437-443; 8 mars 1952: ibid., 14 (1952~1953), pp. 5-10; 27 mars 1953: ibid., 15 (1953-1954), pp. 27-35; 28 fév. 1954: ibid., pp. 585-590.
Apostolicam Actuositatem11La famille

Le Créateur a fait de la communauté conjugale l'origine et le fondement de la société humaine. Par sa grâce, Il en a fait aussi un mystère d'une grande portée dans le Christ et dans l'Eglise (cf. Eph. V, 32). Aussi l'apostolat des époux et des familles a-t-il une singulière importance pour l'Eglise comme pour la société civile.

Les époux chrétiens sont l'un pour l'autre, pour leurs enfants et les autres membres de leur famille, les coopérateurs de la grâce et les témoins de la foi. Ils sont les premiers à transmettre la foi à leurs enfants et à en être auprès d'eux les éducateurs. Ils les forment par la parole et l'exemple à une vie chrétienne et apostolique; ils les aident avec sagesse dans le choix de leur vocation et favorisent de leur mieux une vocation sacrée s'ils la découvrent en eux.

Ce fut toujours le devoir des époux, mais c'est aujourd'hui l'aspect le plus important de leur apostolat, de manifester et de prouver par toute leur vie l'indissolubilité et la sainteté du lien matrimonial; d'affirmer avec vigueur le droit et le devoir assignés aux parents et aux tuteurs d'élever chrétiennement leurs enfants; de défendre la dignité et l'autonomie légitime de la famille. Ils doivent donc collaborer, eux et tous les fidèles, avec les hommes de bonne volonté, pour que ces droits soient parfaitement sauvegardés dans la législation civile; pour qu'il soit tenu compte, dans le gouvernement du pays, des exigences des familles concernant l'habitation, l'éducation des enfants, les conditions de travail, la sécurité sociale et les impôts et que dans les migrations la vie commune de 1a famille soit parfaitement respectée (1).

Cette mission d'être la cellule première et vitale de la société la famille elle-même l'a reçue de Dieu. Elle la remplira si par la piété de ses membres et la prière faite à Dieu en commun elle se présente comme un sanctuaire de l'Eglise à la maison; si toute la famille s'insère dans le culte liturgique de l'Eglise; si enfin elle pratique une hospitalité active et devient promotrice de la justice et de bons services à l'égard de tous les frères qui sont dans le besoin.

Parmi les diverses oeuvres d'apostolat familial, citons en particulier: adopter des enfants abandonnés, accueillir aimablement les étrangers, aider à la bonne marche des écoles, conseiller et aider les adolescents, aider les fiancés à se mieux préparer au mariage, donner son concours au catéchisme, soutenir époux et familles dans leurs difficultés matérielles ou morales, procurer aux vieillards non seulement l'indispensable mais les justes fruits du progrès économique.

Toujours et partout mais spécialement dans!es régions où commencent à se répandre les premières semences de l'Evangile, dans celles où l'Eglise en est à ses débuts, dans celles aussi où elle se heurte à de graves obstacles, les familles chrétiennes rendent au Christ un très précieux témoignage face au monde en s'attachant par toute leur vie à l'Evangile et en présentant l'exemple d'un foyer chrétien (2).

Afin d'atteindre plus facilement les buts de leur apostolat il peut être opportun pour les familles de se constituer en associations (3).
(1) Cf. Pie XI, encycl. Casti Connubii: AAS 22 (1930), p. 554; Pie XII, message radiodiffusé, ler juin 1941: AAS 33 (1941), p. 203; ID., Aux délégués du Congrès de l'Union Internationale des Associations pour la protection des droits de la famille, 20 sept. 1949: AAS 41 (1949), p. 552; ID., Aux pères de famille de France en pèlerinage à Rome, 18 sept. 1951: AAS 43 (1951), p. 731; ID., Message radiodiffusé de Noël 1952: AAS 45 (1953), p. 41; Jean XXIII, encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961: AAS 53 (1961), pp. 429, 439.
(2) Cf. Pie XII. encycl. Evangelii Praecones, 2 juin 1951: AAS 43 (1951). p. 514.
(3) Cf. Pie XII. Aux délégués du Congrès de l'Union internationale des associations pour la protection des droits de la famille, 20 sept. 1949: AAS 41 (1949). pp. 552.
Apostolicam Actuositatem12Les jeunes

Les jeunes représentent dans la société moderne une force de grande importance (1). Les circonstances de leur vie, leurs habitudes d'esprit, les rapports avec leurs propres familles se sont complètement transformés. Ils accèdent souvent très rapidement à une nouvelle condition sociale et économique. Alors que grandit de jour en jour leur importance sociale et même politique, ils apparaissent assez peu préparés à porter convenablement le poids de ces charges nouvelles.

Cet accroissement de leur importance sociale exige d'eux une plus grande activité apostolique, et leur caractère naturel les y dispose. Lorsque mûrit la conscience de leur propre personnalité, poussés par leur ardeur naturelle et leur activité débordante, ils prennent leur propre responsabilité et désirent être parties prenantes dans la vie sociale et culturelle; si cet élan est pénétré de l'esprit du Christ, animé par le sens de l'obéissance et l'amour envers l'Eglise, on peut en espérer des fruits très riches. Les jeunes doivent devenir les premiers apôtres des jeunes, en contact direct avec eux, exerçant l'apostolat par eux-mêmes et entre eux., compte tenu du milieu social où ils vivent (2).

Les adultes auront soin d'engager avec les jeunes des dialogues amicaux qui permettent aux uns et aux autres, en dépassant la différence d'âge, de se connaître mutuellement et de se communiquer leurs propres richesses. C'est par l'exemple d'abord, et, à l'occasion, par un avis judicieux et une aide efficace que les adultes pourront stimuler les jeunes à l'apostolat. De leur côté les jeunes sauront garder le respect et la confiance à l'égard des adultes et, dans leur désir naturel de renouvellement, ils sauront apprécier comme elles le méritent les traditions estimables.

Les enfants ont également une activité apostolique qui leur est propre. A la mesure de leurs possibilités, ils sont les témoins vivants du Christ au milieu de leurs camarades.
(1) Cf. S. Pie X, Alloc. à l'Association Catholique de la jeunesse française: piété, science, action, 25 sept. 1904: AAS 37 (1904-1905), pp. 296-300.
(2) Cf. Pie XII, Lettre Dans quelques semaines, à l'Archevêque de Montréal: Sur les Congrès organisés par les jeunes ouvriers chrétiens du Canada, 24 mai 1947: AAS 39 (1947}. p. 257; message radiodiffusé à la J.O.C.. Bruxelles, 3 sept. 1950: AAS 42 (1950), pp. 640-641.
Apostolicam Actuositatem13Le milieu social

L'apostolat dans le milieu social s'efforce de pénétrer d'esprit chrétien la mentalité et les moeurs, les lois et les structures de la communauté où chacun vit. Il est tellement le travail propre et la charge des laïcs que personne ne peut l'assumer à leur place comme il faut. Sur ce terrain, les 1aïcs peuvent mener l'apostolat du semblable envers le semblable. Là, ils complètent le témoignage de la vie par celui de la parole (1). C'est là qu'ils sont le plus aptes à aider leurs frères, dans leur milieu de travail, de profession, d'étude, d'habitation, de loisir, de collectivité locale.

Les laïcs accomplissent cette mission de l'Eglise dans le monde avant tout par cet accord de leur vie avec la foi qui fait d'eux la lumière du monde, et par cette honnêteté en toute activité capable d'éveiller en chaque homme l'amour du vrai et du bien, et de l'inciter à aller un jour au Christ et à l'Eglise. Ils disposent insensiblement tous les coeurs à l'action de la grâce du salut par cette vie de charité fraternelle qui leur fait partager les conditions de vie et de travail, les souffrances et les aspirations de leurs frères. Enfin, par cette pleine conscience de leur responsabilité propre dans la vie de la société, ils s'efforcent d'accomplir leurs devoirs familiaux, sociaux et professionnels avec une telle générosité chrétienne que leur manière d'agir pénètre peu à peu leur milieu de vie et de travail.

Cet apostolat s'adresse à tous les hommes, aussi nombreux qu'ils soient, et n'a le droit d'exclure aucun bien spirituel ou temporel qu'il est possible de leur procurer. Mais les apôtres authentiques ne se contentent pas de cette seule action: ils ont le souci d'annoncer aussi le Christ par la parole à ceux qui les entourent. Beaucoup d'hommes en effet ne peuvent recevoir l'Évangile et reconnaître le Christ que par les laïcs qu'ils côtoient.
(1) Cf. Pie XI, encycl. Quadragesimo Anno, 15 mai 1931: AAS 23 (1931), pp. 225-226.
Apostolicam Actuositatem14Les plans national et international

Immense est le champ d'apostolat, sur le plan national et international, où les laïcs surtout sont les intendants de la Sagesse chrétienne. Dans le dévouement envers la nation, dans le fidèle accomplissement de leurs devoirs civiques, les catholiques se sentiront tenus de promouvoir le vrai bien commun; c'est ainsi qu'ils peuvent amener le pouvoir civil à tenir compte de leur opinion afin qu'il s'exerce dans la justice et que les lois soient conformes aux exigences morales et au bien commun. Que les catholiques compétents en matière politique, affermis comme il convient dans la foi et la doctrine chrétienne, ne refusent pas la gestion des affaires publiques, car ils peuvent par une bonne administration travailler au bien commun et en même temps préparer la route à l'Évangile.

Les catholiques s'attacheront à collaborer avec tous les hommes de bonne volonté pour promouvoir tout ce qui est vrai, juste, saint, digne d'être aimé (voir Phil. IV, 8). Ils entreront en dialogue avec eux, allant à eux avec intelligence et délicatesse, et rechercheront comment améliorer les institutions sociales et publiques selon l'esprit de l'Evangile.

Parmi les signes de notre temps, il faut noter particulièrement ce sens toujours croissant et inéluctable de la solidarité de tous les peuples que l'apostolat des laïcs doit développer et transformer en un désir sincère et effectif de fraternité. Enfin, les laïcs doivent prendre conscience de l'existence du secteur international, des questions et des solutions doctrinales ou pratiques qui s'y font jour en particulier en ce qui concerne les peuples qui font effort vers le progrès (1).

Tous ceux qui travaillent dans des nations étrangères, ou leur apportent leur aide, se rappelleront que les relations entre peuples doivent être un véritable échange fraternel dans lequel les deux parties donnent et reçoivent à la fois. Ceux qui voyagent à l'étranger, pour raison d'affaires ou de loisir, doivent se rappeler qu'ils sont également partout les messagers itinérants du Christ et qu'ils ont à se conduire comme tels.
(1) Cf. Jean XXIII, encycl. Mater et Magistra, 15 mai 1961: AAS 53 ( 1961 ), pp. 448-450.
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Publié: 30/11/1959