Noël rapé ou gagné

Si tu ne penses d’abord qu’à lorgner les vitrines
pour savoir ce que tu vas acheter pour tes gosses,
alors Noël c’est râpé.

Si tu succombes au désir de tes mômes
qui veulent une voiture de police,
une mitraillette en plastique et la panoplie complète du para,
alors Noël c’est râpé.

Si tu as déjà acheté le petit Jésus en sucre
et ses parents en chocolat sans oublier
un seul de ces bestiaux en caramel de la crèche,
alors Noël c’est râpé.

Si tu commences à dresser la liste des gens à inviter
en prenant soin d’exclure les chiants, les emmerdeurs,
ceux et celles qui vont troubler la fête tranquille,
alors Noël c’est râpé.

Si tu ne prends pas le temps de méditer durant cet Avent
le merveilleux mystère de la nuit de Noël,
la pauvreté de l’enfant Jésus,
le dénuement absolu des immigrés qui sont ses parents,
alors Noël c’est râpé.

Mais si tu lorgnes déjà le jeune couple de chômeurs de ton immeuble
qui, sans toi, fêterait cette nuit-là
dans un peu plus de détresse et de solitude,
alors Noël c’est gagné.

Si tu n’attends pas pour dire à l’ancienne qui vit seule,
un mois à l’avance qu’elle sera ton invitée
pour qu’elle savoure d’avance durant un mois
ces quelques heures où elle sera reine,
alors Noël c’est gagné.

Si tu prends la peine de réfléchir
à ce mystère d’amour et de pauvreté
qui, au cours des âges, a été défloré,
foulé au pied et travesti en fête égoïste,
fête de beuverie et de gueuleton,
alors Noël c’est gagné.

Si tu continues dans l’année qui vient
à vivre ce mystère en pensant que le partage
c’est pas seulement l’affaire d’une nuit,
alors Noël illuminera toute ton année.

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Guy GILBERT

Prêtre, éducateur spécialisé, connu comme "le prêtre des loubards".

Publié: 01/12/2020