Un passage d’Évangile qui donne à sourire
Il y a peu de temps, j’ai participé à une eucharistie où le célébrant, après avoir lu le texte de Matthieu (), nous a dit en souriant, qu’il avait vu plusieurs participants dont le visage s’éclairait à la lecture de ce passage.
Il y est question de l’attitude indignée des autorités religieuses de ton temps, Seigneur, un peu après ta révolte devant les marchands du Temple qui ont fait de cette maison de prière une maison de voleurs et où tu as tout fait voler en éclats... « Mais par quelle autorité fais-tu cela ? » demandent-ils. A mon avis, dans leur mentalité, leur question est tout à fait pertinente. Pour eux, voilà un quidam, sans aucun diplôme, sans formation, sans aucune accréditation, qui remet en cause de fond en comble, et même avec une certaine violence, le bien fondé de toutes les règles religieuses qui ont été adoptées, au long des siècles, par le peuple élu. Au point de vue religieux c’est inacceptable et au point de vue politique, c’est dangereux, car cela risque de remettre en question le modus vivendi accepté par les autorités romaines d’occupation qui ont accordé aux Juifs la liberté de pratiquer la religion de leur choix, à condition naturellement, de ne pas faire de vagues. Il y a de quoi s’inquiéter, c’est sûr !
Et on connaît la suite. Tu t’en tires par une pirouette, Seigneur, et au 21e siècle ça nous fait plaisir de voir comment Tu peux, avec brio et humour, dominer une situation embarrassante.
« Répondez à ma question », leur dis-Tu, « et je répondrai à la vôtre. Quel est votre avis sur Jean Baptiste ? » Avec prudence, pour ne pas se mettre à dos tout le bas peuple qui tient Jean Baptiste pour un prophète, ils font marche arrière : « Nous ne pouvons rien en dire. » Et Toi de rétorquer : « Et bien moi non plus, je ne peux pas répondre à votre question. » Et vous en restez là. Ils se sont fait flouer. Inutile de perdre du temps avec des interlocuteurs de mauvaise foi... C’est la sagesse même.
Cela m’a donc fait sourire, dans un premier temps, mais ensuite, je me suis demandé quelle pouvait être Ta position, avec moi qui n’arrête pas de Te poser des questions au sujet de tel ou tel de tes enseignements ou de tel ou tel de tes gestes.
De quel droit pouvais-je Te demander des comptes ? Et j’ai envié les braves gens, tes contemporains que tu as rencontrés qui t’ont fait confiance ainsi qu’à Jean Baptiste, sans barguigner, en toute simplicité. Une fois, de plus, je constate que si j’avais vécu en Palestine à ton époque, Seigneur, j’aurais eu du mal, avec mon esprit critique, à être du bon côté de la barrière. Quelle chance j’ai, d’être née 2000 ans après !
II faut croire que Tu me connaissais et que Tu avais furieusement envie d’entrer en relation avec moi. Tu as attendu tout ce temps avant que j’arrive au monde. Tu es vraiment patient, Seigneur !
Mais reconnais quand même que si je n’arrête pas de t’interroger, ce n’est pas, mais alors pas du tout, avec le désir de Te mettre en boîte, mais avant tout pour mieux Te connaître, essayer de mieux Te comprendre pour mieux T’aimer.
Et ça change tout, Tu ne crois pas, Seigneur ?
Laïque mariste († 2011).
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