Prière au Dieu très haut
Seigneur, je viens de lire un passage de saint Jean () sur lequel j’aimerais m’appesantir, car ta formule est assez abrupte. Tu t’adresses à des Juifs qui ont sans doute été attirés par Toi et Tu leur dis que Toi, Tu es d’en haut et qu’eux sont d’en bas, ce qui s’adresse sans nul doute à tous les humains.
J’espère que c’est une simple constatation et pas un reproche. Il me paraît impensable que Tu nous en fasses grief ! Parce qu’enfin qui est ce qui nous a façonnés avec un peu d’argile si ce n’est pas Toi ? Or l’argile c’est facilement malléable, mais, pas spécialement solide. Il me semble que quand Tu crées, Tu fais preuve d’imagination. Tu dis, et c’est fait, une fois pour toutes. Il n’y a qu’à l’homme à qui Tu as donné vie en soufflant ton Esprit, que Tu as donné possibilité d’évoluer en mieux, de se perfectionner ? C’est à prendre en compte, Non ?
Mais, revenons à ce constat, nous sommes d’en bas ; a priori, ça a un petit côté rassurant. Tu ne dois pas trop t’étonner de nous voir si terre à terre, en un mot si glaiseux. Note cependant que ton fils sur terre, nous a trouvés, à certains moments, très lourds à entraîner. « Combien de temps, vais-je devoir vous supporter ? » a-t-Il soupiré. « Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? » « Vraiment, vous ne comprenez pas ? » a-t-Il demandé ?
Mais comme Toi, Tu es d’en haut, comme tout papa aimant, Tu souhaites qu’au moins nous essayions vaille que vaille, de nous élever, Te contentant si nos essais sont peu ou pas du tout convaincants, que nous reconnaissions notre état de pécheur. Ton amour est si grand que nous Te sommes indispensables, et que Tu souhaites nous accueillir auprès de Toi, les bras ouverts.
Seulement je t’assure, Seigneur, si Toi, Tu ne te lasseras jamais d’être miséricordieux, je peux Te dire que se reconnaître pécheur a quelque chose de lassant, peut-être même de déséquilibrant. J’en connais certains pour qui la déprime n’est pas loin (ce qui sans doute est une forme d’orgueil !).
Que Tu souhaites qu’on ne se fasse pas trop d’illusion sur notre être profond, c’est normal puisque c’est exact. Mais Tu nous veux libres. Tu n’aurais que faire de robots conditionnés à chanter à jamais tes louanges. En arrivant sur terre comme chaque humain, j’ai pouvoir, possibilité de Te dire ‘oui’, ou de Te dire ‘non’. Car Tu nous offres de nous associer à Ton œuvre de création. Et ça se comprend parfaitement. Même sur terre, les bons entrepreneurs, pour avoir une entreprise performante, ont intérêt à associer tous les participants, cadres, surveillants, ouvriers, à la gérance de cette œuvre, alors Toi naturellement, Tu as programmé cette collaboration qui réclame notre accord.
Les anges, aussi, m’a-t-on appris, ont eu ce choix de dire non et un certain nombre que nous appelons démons en ont usé et se montrent si vindicatifs, dans leur révolte qu’ils n’ont de cesse, pour le moment, de nous entraîner à leur suite. Et le récit de la genèse qui est symbolique mais cependant très clair, nous montre Eve et Adam assez facilement induits en erreur par le mauvais, ce menteur qui sait se montrer si attractif. Pauvres de nous !
Puis-je Te demander, Seigneur, qu’en exerçant encore et encore ta miséricorde infinie, Tu ajoutes une petite ou même une bonne dose de force, de grâce, de lumière, pour qu’on Te sente proche de nous, rassurant, souriant, même devant notre recherche si vacillante. C’est ce que j’appelle tes petits clins d’œil qui ont le pouvoir de me mettre en joie. Pour les plus fragiles d’entre nous que Tu connais, ça me paraît non seulement souhaitable mais indispensable, même si quelques-uns, un peu plus forts, peuvent s’en passer et rester parfois de longues années dans le noir absolu (je pense notamment à Thérèse de Lisieux et à d’autres). En ce qui me concerne, Tu sais que je me place, avec pas mal de raisons et même de bonnes raisons, dans la première catégorie.
Alors, s’il Te plaît, aide-moi et aide aussi tous ceux (et ils sont les plus nombreux) qui tâtonnent pour Te rejoindre.
Laïque mariste († 2011).
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