Parole du Seigneur

Seigneur, il est d’usage dans nos eucharisties, chaque fois que nous lisons le propre du jour à l’ambon, de terminer cette lecture, en annonçant : « Parole du Seigneur. » Et le prêtre qui lit l’évangile conclut en élevant le missel par : « Acclamons la Parole de Dieu. »

J’aime bien ce rappel qui doit nous inciter à prendre au sérieux, c’est-à-dire à mettre en pratique, ce que nous venons d’entendre. Mais j’avoue que certaines fois ce n’est pas évident d’adhérer à ce qui vient d’être lu. Dernièrement on a eu droit au passage du second livre de Samuel () où il est question d’un recensement de la population, ordonné par David qui a une bouffée d’orgueil et souhaite savoir à combien se monte le nombre de ses sujets.

Dès qu’il obtient le chiffre demandé, il confesse son erreur et demande pardon à Dieu. Jusque là tout va bien. D’après ce qu’on sait de David, il fait des fautes parfois carabinées (je pense à son attitude vis-à-vis d’Urias l’époux de Bethsabée) mais à chaque fois qu’il s’en rend compte, il se reconnaît gravement pécheur et souhaite se réconcilier avec Dieu
Cette fois il va être averti par Gad, le prophète attaché à sa personne, que Dieu lui donne le choix entre trois punitions : la famine pendant 3 ans, la poursuite de ses ennemis pendant 3 mois ou la peste dans son royaume pendant 3 jours.

Peu importe le choix de David, ce qui me gêne dans ce récit, c’est l’attitude de Dieu. Cela ne lui ressemble pas du tout ou plutôt ça ne ressemble pas du tout à l’idée que je me fais de mon Père des cieux. Si c’est pour me faire comprendre que Dieu est bien au-dessus de toutes mes petites idées, et qu’il est incompréhensible pour une créature forcément très limitée, c’est parfait. Mais ça me met mal à l’aise, et l’affirmation qu’il s’agit bien de la Parole de Dieu a du mal à passer.

Grâce à des explications données par des personnes compétentes, je sais bien qu’il s’agit d’un texte très ancien et qu’il est relativement assez facile de lui donner un sens, non seulement acceptable, mais encore très fort.

Mais à première lecture, avoue Seigneur, qu’il est dérangeant ! Et Toi Jésus, Tu as montré que Tu pouvais être agacé de nous voir si obtus, j’en veux pour preuve le passage de Marc () où Tu interroges tes disciples, qui se soucient d’un nombre de pains insuffisant pour leur prochain repas, alors que Tu leur as parlé du levain pernicieux des pharisiens…

« Vraiment » leur demandes-Tu en substance « vous ne comprenez pas ce que je viens de vous dire ? » Et de multiplier les questions. On compte au moins sept points d’interrogation dans un texte de trois ou quatre lignes. Et non, malgré les deux multiplications de pains auxquelles ils ont assisté et même participé, ils n’en saisissent pas le sens profond. Ils en restent au premier stade, qui est d’être très satisfait d’avoir pour Maître un homme qui a le pouvoir de nourrir gratis, quand le besoin se fait sentir… Alors, Seigneur, j’ai envie de te dire que si tes disciples qui ont vécu avec Toi pendant deux ou trois ans, qui ont été formés par Toi pendant tout ce laps de temps, sont aussi balourds, je dois pouvoir compter sur Ta patience et ton indulgence envers moi qui n’ai pas eu cette chance de Te voir.

Eh oui, il me faut du temps, et souvent l’aide d’autrui, pour essayer de comprendre Ta Parole. Et opportunément, me vient à l’esprit une de tes exclamations : « Heureux ceux qui ont cru, sans avoir vu ! » Cela me rassure. Il faut que Tu en prennes ton parti ; je vais sans doute continuer à Te questionner. Tu le sais, ça m’aide à m’approcher de Toi à condition naturellement d’être dans une disposition d’esprit qui m’ouvre à l’intelligence de ce que Tu veux me faire comprendre. Est-ce que j’y arrive ?

Encore un point d’interrogation, mais cette fois-ci, c’est à Toi de répondre Seigneur !

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/02/2017