La totale liberté du Fils de Dieu et un moyen indolore pour payer ses impôts

Seigneur, l’autre jour nous avons lu un passage de Matthieu () qui m’a passablement intriguée, et je sais que je ne suis pas la seule.

Après avoir annoncé une nouvelle fois ta passion prochaine, ce qui naturellement a attristé tes apôtres, vous arrivez à Capharnaüm, où des collecteurs d’impôts s’adressent à Pierre, considéré par conséquent comme le responsable de votre groupe, pour vérifier si tu payes bien les deux drachmes dues par chaque Juif, pour le temple. Et Pierre de répondre aussitôt par l’affirmative ; ce qui est exact ou pas, le texte est muet à ce sujet.

Et tu vas profiter de cet incident, pour faire remarquer à Pierre, qu’en tant que fils de Dieu, tu n’es pas assujetti à cet impôt. Toi, tu es libre : ce sont les sujets qui doivent payer les redevances, pas les monarques. Mais tu ajoutes aussitôt que pour éviter d’être une occasion de chute ou de scandale, tu es prêt à le payer, cet impôt ; mais comment ?

Et c’est là que ta solution me paraît bizarre : Tu ordonnes à Pierre d’aller pêcher dans le lac, et de saisir, dans le premier poisson qui se laissera prendre, une pièce de quatre drachmes, qu’il trouvera dans la bouche de cet animal aquatique ; ainsi il pourra payer la redevance réclamée pour toi et pour lui-même ! Et les onze autres apôtres alors ? Ils ont déjà payé ? Ils en sont dispensés, pourquoi ? Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ? Je reste perplexe, jusqu’à ce que je trouve un commentaire dans les bouquins du père Dominique d’En Calcat auxquels j’ai recours chaque fois que je suis embarrassée, commentaire qui non seulement m’éclaire mais me remplit d’aise.

Frère Dominique reprend ta phrase où Tu affirmes que Tu es libre de toute redevance en ta qualité de Fils de Dieu, Maître de l’Univers.

Et il en profite pour affirmer que tu es libre aussi de te payer une petite fantaisie, pleine d’humour, en envoyant ce brave Pierre, pêcheur de son métier, attraper un poisson avaleur de monnaie. Un petit miracle pour rien, pas sérieux, un miracle pour rire... !

C’est tout au moins comme ça qu’il analyse cette scène pas ordinaire. Et il m’a finalement convaincue que cette explication charmante pouvait être dans le vrai.

Pour une fois que tu t’amuses, Seigneur, sans méchanceté aucune, aux dépens de Pierre qui nous est présenté comme ayant tendance parfois à répondre un peu trop vite aux questions embarrassantes, je ne vais pas faire la fine bouche.

Va pour les plaisanteries ! Cela me fait plutôt plaisir, et je crois bien que je t’aime mieux comme ça. Ce côté humain décontracté te rend éminemment plus sympathique, plus proche de nous, plus attrayant.

Alors je ne sais pas comment Pierre a réagi quand Tu lui as ordonné cette partie de pêche pour le moins curieuse, mais sûr, en ce qui me concerne je serais ravie si je pouvais m’acquitter de mes impôts de cette façon plaisante. À toi de voir Seigneur !

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/03/2016