La Foi, don gratuit de Dieu ?

Méditation devant la Crèche

Quand est-ce que Jésus a su qu’Il était Dieu, Fils de Dieu ?
Pour un homme, ça ne coulait pas de source.
A la fin de sa vie, il dira à Philippe, sans aucune ambiguïté : "Qui me voit, voit le Père". C’est dans St. Jean au chapitre XIV versets 8 et 9. La formule est très courte, et elle respire une tranquille assurance.

Mais à la crèche, il est certain que ce bébé ne le savait pas ; douze mois après, il y a de fortes chances pour qu’Il ne le sache toujours pas. Pas plus qu’à 36 mois et même à 2 ans sans doute. On sait seulement qu’à 12 ans, Il avait conscience qu’Il était Fils de Dieu et avait une mission à remplir. Comment fallait-il qu’Il s’y prenne ? Il n’avait pas l’air de le savoir parfaitement et après une première tentative (analysée par ses parents comme une fugue incompréhensible et angoissante, mais peut-être utile pour leur rappeler la singularité de sa conception), après cette première tentative, dis-je, l’Ecriture nous dit qu’Il a repris son statut d’enfant mineur en restant soumis à Marie et à Joseph, ce qui était son devoir d’état. Son cousin Jean Baptiste, quelques années, plus tard, ne donnera pas d’autres conseils à ceux qui s’adressent à lui et qui souhaitent, après l’avoir entendu, changer de vie, se convertir pour préparer la venue de Celui qui doit venir. Remplissez convenablement votre devoir d’état, leur dira-il en substance, c’est suffisant pour plaire à Dieu.

Alors à quelle date Jésus a-t-il su pleinement, clairement comment remplir la mission à lui confiée par son Père ? Il semble qu’Il y ait réfléchi pendant près de trente ans. Marie, lui a-telle raconté l’histoire de l’Annonciation, de la Visitation, de son baptême, du massacre des innocents, ... ? A-t-Il eu une ou plusieurs révélations, s’agit-il d’un cheminement progressif, discret, prolongé ou les deux à la fois ? Impossible de répondre avec précision à toutes ces questions. Les Ecritures sont totalement muettes à ce sujet.

Ce qui est certain, c’est que pendant son enfance, son adolescence et même son passage à l’âge adulte, rares, très rares sont les personnes qui ont été averties de sa véritable identité. Jean Baptiste nous dit-on a tressailli de joie dans le ventre de sa mère, quand Marie, enceinte de quelques jours, s’est rendue chez sa vieille cousine Elisabeth ; Mais ensuite, lors des fêtes de famille s’il a rencontré Jésus enfant, adolescent ou même adulte, il ne s’est douté de rien. Il l’avouera plus tard à Béthanie au bord du Jourdain lors du baptême de Jésus : « il ne le connaissait pas ».
Quand deux mille ans après, moi je contemple la crèche, je sais moi que ce nourrisson, ce faible petit d’homme, vagissant, tétant, dormant, pleurant, se salissant est Dieu, même si Lui ne le sait pas. C’est ahurissant non ?
Moi, je le conçois et Lui ne le savait pas.
On comprend qu’il y ait beaucoup, beaucoup d’incroyants. C’est difficilement très difficilement concevable cet abaissement de Dieu.
Je crois bien qu’il n’y a aucune autre religion où une divinité aurait eu cette idée abracadabrante… venir sur terre.
Et à contrario, si on se prosterne devant ce bébé, on est obligé d’admettre que la Foi est un don gratuit de Dieu, car humainement parlant, il n’y a rien dans cette crèche qui puisse nous aider à concevoir ce mystère. C’est proprement incroyable.

Quand Jésus parlera et agira avec une sagesse époustouflante, quand Il opérera des miracles et surtout quand Il ressuscitera, ce sera plus facile de croire à sa divinité mais là, devant la crèche, rien absolument rien, ne m’incite à l’admettre. Et si je crois devoir adorer ce bébé, je dois convenir que la Foi est un don totalement gratuit de Dieu, ce dont j’ai souvent du mal à être convaincue ayant tendance à estimer que si j’ai la Foi, même si ma Foi est moins grosse qu’un petit pois, c’est grâce à mon entourage familial, amical, ecclésial et même grâce à mes efforts personnels de volonté. Mais là, devant la crèche, je reconnais le don gratuit de Dieu. C’est ce que disent les liturgistes dans une oraison qui me va comme un gant : « Dieu que nul œil ne peut voir, Tu as dissipé les ténèbres du monde, en lui envoyant la lumière ; tourne vers nous ton visage de paix et nos louanges proclameront l’incroyable largesse que Tu nous fais dans la naissance de ton Fils unique ». C’est certain, ils ont été drôlement bien inspirés !

"Heureux ceux qui ont cru, sans avoir vu" as-Tu dit, Seigneur.

Il me semble, moi, qu’il est plus facile de croire aujourd’hui qu’en l’an 30 … Mais si Tu le dis, je Te fais confiance et tant mieux pour tous ceux dont je fais partie, qui n’ont pas vu et qui essayent tant bien que mal de croire. Merci pour ce beau cadeau Seigneur. Il est vrai que Noël est le temps des cadeaux.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/12/2012