L’Esprit Saint est-il à l’aise chez moi, a-t-il suffisamment de place ?

« L’Esprit Saint et nous avons décidé… » Oh là Seigneur, j’ai quelquefois l’impression que j’y vais un peu fort dans ma façon de m’exprimer avec Toi, que je suis peut-être trop désinvolte, mais là, dans les Actes des Apôtres () les Anciens et les apôtres ne font pas dans la dentelle. Ils y vont carrément. Tu te rends compte ? Quand ils s’expriment, quand ils écrivent aux différentes Eglises, ils déclarent qu’eux et Toi, c’est kif-kif. Ils sont en si grande communion avec Toi qu’ils ne forment qu’une seule voix. C’est renversant, non ?

Pourtant en réfléchissant, ils ont parfaitement raison ; c’est la traduction forte, mais parfaitement en concordance avec ta promesse : « Je resterai avec vous jusqu’à la fin des siècles. » C’est ce passage de ta Parole auquel on se réfère, je crois, pour expliquer et justifier ce qu’on appelle l’infaillibilité du pape, qui exaspère tant nos concitoyens mais qui finalement n’est que très rarement évoquée. Je souligne quand même le “vous”, je resterai avec vous, qui implique qu’il y a eu concertation entre eux, débat, avant la prise de décision du chef, c’est-à-dire le pape.

Seulement, cette venue de l’Esprit Saint n’est pas réservée au magistère de ton Eglise. Tous les croyants ont cette possibilité. C’est même un des sept sacrements institués dans le rituel de notre Eglise. Et là, je me sens un peu mal. Cela me parait énorme, et même déplacé. Qui suis-je pour croire que Dieu peut parler par ma bouche ? Puis-je te rappeler que tes Apôtres eux-mêmes ont mis du temps à admettre que, quand Toi Tu parlais, c’était Dieu qui parlait. Et pourtant dans ce cas, ça aurait du leur paraître évident. Mais il a fallu que Tu insistes. C’est dit et redit dans les évangiles : « Qui me voit, voit le Père… Je vous ai dit ce que le Père m’a dit de vous dire... »

Je reconnais qu’après la Pentecôte, tes Apôtres et les Anciens paraissent avoir accepté, assimilé cette vérité comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Et c’est sûr, Tu es bien présent dans ton Eglise, malgré ses multiples imperfections. Mais de là à penser que le Saint-Esprit est toujours et à tout instant présent en moi…

Je sais bien qu’à certains moments, je m’entends dire, ou j’entends dire ou faire par des chrétiens, et même par des non chrétiens, des paroles ou des actes que je n’ai aucun mal à relier à l’Esprit Saint. Il arrive aussi pendant des temps de réflexion, de recueillement, de me sentir poussée à modifier ma façon de penser ou de faire pour mieux correspondre à ce que Tu souhaiterais que je fasse.

Mais de là à écrire ce qui est dit dans les Actes des Apôtres, il y a un saut que je ne peux pas faire ; serait-ce parce que je ne crois pas que Tu demeures en moi ?

Il y a de ça, c’est certain. Il y a aussi le fait que je suis seule et que mes élucubrations ne sont pas le fruit d’un débat et sont donc plus fragiles. D’autant que ce qui occupe mon moi intérieur, c’est moi en très bonne place, pour ne pas dire dans toute la place. Il y a bien de temps en temps, quelques flashs dont je me réjouis c’est sûr, mais ils sont fugitifs, très rapides, trop rapides pour que je Te sente à l’aise chez moi.

S’il te plaît, Seigneur, aide-moi à Te faire de la place. Penses-y !

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/06/2011