Marie, aide-nous à résister à la tentation
Seigneur, comme chaque année en début de carême, on a lu les textes de Matthieu () que l’on appelle la tentation de Jésus au désert. Luc en fait mention également sous une forme abrégée. C’est un texte très riche qui mérite qu’on s’y arrête longuement. Et c’est pendant cet arrêt (peut être devrais-je dire, cette méditation, mais j’hésite à employer ce mot qui me paraît trop fort pour qualifier mes élucubrations), c’est pendant cet arrêt, dis-je, que je me suis demandé si Marie avait été tentée et s’il en était fait mention dans le Nouveau Testament. J’ai relevé quatre passages où, me semble-t-il, on peut y voir une allusion.
D’abord, lors de l’Annonciation, où là, elle triomphe sans encombre des hésitations qu’elle aurait pu formuler à bon escient, devant ta demande, Seigneur, hésitations que j’ai notées dans un de mes premiers écrits : devenir fille-mère, attendre un bébé sans être mariée, c’est bien joli, mais que va dire maman ? Qu’est ce que Joseph, mon fiancé, va penser ? Comment mon village va réagir ? Elle aurait pu s’en soucier. Mais non, elle Te fait confiance, complètement confiance, même si tes explications sur ta procédure à suivre ne sont pas particulièrement éclairantes : « Le Saint-Esprit te couvrira de son ombre. »
J’avoue que Marie, à ce moment de sa vie, m’a sidérée et que je suis toujours pleine d’admiration pour sa réponse : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se fasse selon ta parole. » Pas l’ombre d’un doute ! On pourrait dire qu’elle n’a même pas été tentée. Le Malin, qui ne devait pas être loin, en a été pour ses frais.
Dans les trois autres passages retenus, Marie n’a pas été aussi rapide. Lors de la présentation au Temple avec la rencontre de Syméon et d’Anne, le texte note que, devant le témoignage de Syméon, qui reconnaît, devant ce nourrisson, le sauveur d’Israël, Marie et Joseph ont été étonnés. Mais deux mille ans après cet événement, quand on connaît la suite de l’histoire, c’est évidemment plus facile de ne pas être étonné.
La tentation de Marie, dans cet épisode a été très légère, me semble-t-il. Elle a simplement un peu oublié, peut-être, la filiation complète de son rejeton ; ce qui s’explique car rien ne le distinguait d’un bébé normal, simplement humain…
Dans les deux autres épisodes, qui se terminent de façon radicalement opposée d’ailleurs, ce rappel nécessaire est plus direct. Le premier se passe à Jérusalem dans le Temple, quand Marie et Joseph, après trois jours et trois nuits d’angoisse, retrouvent Jésus au milieu des autorités religieuses de l’époque. Et là, c’est ce gamin de douze ans qui s’étonne de l’émoi de ses parents officiels et qui leur rappelle qu’il se doit aux affaires de son Père. L’avertissement est spontané, presque ingénu de la part de Jésus, mais pas évident sans doute pour Marie. Cependant elle l’accepte. Quand elle ne comprend pas, elle médite dans son cœur nous dit le texte. Elle a dû méditer bien souvent ; car élever un enfant pose toujours de nombreux problèmes aux parents ordinaires. Mais ils ont la possibilité, la ressource d’interroger d’autres parents, voire de s’adresser éventuellement à des spécialistes, mais Marie est la seule mère à avoir eu la charge d’élever le Fils de Dieu…
Elle s’est sûrement fait du mauvais sang, et c’est relaté dans le dernier épisode retenu, où elle s’est laissé convaincre par ses proches, d’aller à la recherche de Jésus qui a commencé son travail de missionnaire et qui ce faisant s’attire des ennuis avec les bien-pensants et les autorités religieuses.
Là son fils est intransigeant, voire radical. « Ma seule famille est composée par les personnes qui écoutent les recommandations de mon Père et qui les mettent en pratique. » Point à la ligne ; les liens du sang ne font pas le poids en regard de cette position. Marie a-t-elle été choquée, peinée ? On n’en sait rien. Ce qui est sûr, c’est que contrairement à ce qui s’est passé à Jérusalem, c’est elle qui s’est inclinée. Elle a été tentée mais elle n’a pas succombé. Je pense que ça n’a pas dû être facile, car humainement parlant, c’est elle qui avait raison. Les “ennuis” de son fils sont allés en s’aggravant.
A-t-elle été tentée par le doute, au pied de la Croix ? Je ne le pense pas. Elle devait être submergée, envahie entièrement par la souffrance, et dans ces cas-là, je le sais par expérience, on est laminé par une seule idée en tête : que ça s’arrête, que ça s’arrête, on ne peut pas penser à autre chose ; bref elle n’a pas eu une vie doucette, Marie.
Elle est admirable et peut nous servir d’exemple.
Ô Marie, mère de Jésus, prie pour nous pauvres pécheurs qui continuellement suivons ce diable de démon, nous laissons embobiner par lui, au lieu de nous tourner vers notre Père des cieux qui veut notre bonheur. Fais-le s’il te plaît aujourd’hui, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.
Laïque mariste († 2011).
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