À propos des textes proposés pour la fête des Saints Innocents

Aujourd’hui me dit mon petit missel, nous fêtons les Saints Innocents, et l’oraison proposée par les liturgistes commence par me mettre en désarroi et du désarroi je passe à la colère. Elle est ainsi rédigée : « Puisque ce jour Seigneur les Saints Innocents ont annoncé Ta gloire, non point par la parole mais par leur seule mort... »
Mais comment pourrais-Tu être glorifié, Seigneur, par le massacre de toutes ces petites victimes ? Je me demande où tes liturgistes avaient la tête, quand ils ont osé écrire de pareilles inepties.

La lecture de la première lettre de Saint Jean qui parle de la purification de mes péchés par le sang de Jésus-Christ, et le passage d’évangile de Saint Mathieu qui rapporte la colère d’Hérode et son ordre de tuer tous les enfants mâles de moins de deux ans à Bethléem et dans les environs ne m’apaisent pas.
Mais fort heureusement tes liturgistes ont associé à ces textes pénibles le psaume 123 où il est dit : « SANS LE SEIGNEUR QUI ÉTAIT POUR NOUS, quand des hommes nous assaillirent pour nous avaler tout vivant, ... le filet s’est rompu, nous avons échappé, notre âme comme un oiseau à échappé à l’oiseleur. »

Une fois de plus Seigneur, je reconnais tes merveilles. C’est sûr, toutes ces petites victimes innocentes sont heureuses éternellement auprès de Toi. Le psaume me le rappelle opportunément, avec même beaucoup de poésie.
N’empêche Seigneur, j’aurais souhaité que l’oraison incriminée soit écrite en termes moins provoquant, moins abruptes, avec un peu de délicatesse en tenant compte de la douleur immense de tous ces parents éplorés. La souffrance sur terre ça existe et c’est quelquefois bien lourd à supporter. Tu en sais quelque chose Seigneur ! La mort a été définitivement vaincu par ta Résurrection, j’en suis persuadée, mais tant qu’on est sur terre il y a souvent, pour ne pas dire toujours, des moments très durs à traverser.
Tes liturgistes me paraissent en faire bon marché, à mon avis, ils vont un peu vite en besogne en sautant allègrement à pieds joints sur le happy end final, ils ont la tête dans les étoiles peut être mais ils oublient leurs pieds.

Tu ne crois pas Seigneur ? À tout le moins, ça m’aurait épargné une colère finalement injustifiée.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/12/2012