À l’exemple de Marie, savoir méditer dans son coeur

Dans le livre de l’Exode (Chapitre 19, versets 1-2-9, 16-20) Le moins qu’on puisse dire Seigneur, c’est que ton apparition avec Moïse sur la montagne est plutôt effrayante : grosse nuée, fumée, tonnerre, éclair, son de trompette assourdissant, il est noté que tout le peuple tremblait de peur. C’est une image que j’ai du mal à intégrer dans mon amour pour Toi. Tu es le maître du monde, créateur du ciel et de la terre, récitons-nous dans le credo, mais cela me renvoie aux puissants de la terre que je ressens assez comme des écraseurs et non comme des sauveurs. Dans les temps primitifs, il semble bien que les hommes considéraient que les êtres de l’au delà, qui les dépassaient, étaient des dieux assez maléfiques. L’épisode d’Abraham prêt à égorger son fils unique en est un exemple assez saisissant. Et beaucoup de passages de l’ancien Testament insistent sur ta grandeur. Il y en a quand même d’autres, dans Osée notamment qui relatent Ta tendresse : « Une mère pourrait-elle oublier son enfant ? Même si elle le pouvait, Moi... »

La difficulté pour chacun, c’est que Tu es, à la fois le maître du monde et un père fou d’amour pour ses gosses. Et suivant les époques, et même suivant les besoins de chacun, on a tendance à privilégier une de tes faces Seigneur au détriment de l’autre. Ce qui est une erreur. Personnellement, j’aurais tendance à m’appuyer sur le coté papa amoureux de son rejeton, d’où l’intérêt pour moi de prier avec les psaumes qui insistent souvent sur ta puissance. Cela me permet de rétablir un peu la balance. Il faut donc du temps, beaucoup de temps pour m’imprégner de Ta réalité !

Et j’en viens à me demander comment Marie à pu admettre que ce bébé qui tétait goulûment son sein, qui rotait, bavait, se salissait et dormait une bonne partie de son temps, pouvait être également son maître et son Seigneur ? Il y a bien des indications dans les Ecritures mais ce qui me parait fondamental, c’est la petite phrase où il est mentionné que Marie méditait tout cela dans son cœur. Et elle a du méditer, je ne sais combien de fois car mettre au monde et élever le fils de Dieu, n’est pas à la portée de tout un chacun. La méditation implique un certain temps de réflexion, pour ne pas dire un très long temps de recherche, de questionnement, de remise en cause ; ça ne coule pas de source ; il faut s’y mettre, s’y remettre avec persévérance et même avec obstination.

Une fois de plus aussi, j’admire le lien entre ce passage de l’Exode sus mentionné et celui de Matthieu (Chapitre 13, versets 10-17) où il est question de la parabole du semeur. Ces deux textes sont proposés le même jour dans mon missel. Et là aussi il est question de temps donné à Dieu, pour pouvoir goûter sa parole. Seuls les apôtres qui suivent Jésus pas à pas depuis deux ou trois ans, bénéficient d’un éclairage qui leur permet d’entrer dans son enseignement, alors que les auditeurs d’un jour restent sans comprendre, à croire qu’ils n’ont pas d’oreilles.

Bref, j’en conclus qu’il faut du temps pour s’approcher de Toi Seigneur. Tu es, le tout autre, on ne peut pas tout comprendre du premier coup…

Mais, vive Dieu ! il me semble que comme Marie, je viens de méditer tout cela dans mon cœur. Je ne sais pas si le terme méditer, qui me fait un peu peur est bien approprié ; mais ce qui est certain, c’est que ça m’a pris du temps.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/12/2014