Parabole des talents

L’autre jour lors d’une rencontre entre chrétiens, nous avons été amenés à échanger nos vues sur la parabole dite des talents (Mat Chapitre 25, versets 14-31) Et curieusement, il y a eu deux sortes de réactions très opposées. Le premier groupe, le plus nombreux, se disait choqué par le sort infligé au serviteur qui n’avait reçu qu’un seul talent, et qui par peur l’avait enfoui dans la terre. Ce serviteur estimait qu’il avait affaire à un patron dur, qui moissonnait là où il n’avait pas semé. Et dans la parabole, le patron reprenant mot à mot, les termes employés par ce serviteur paresseux, le faisait jeter dans la géhenne. Les partisans de ce groupe estimaient que la punition manquait non seulement de miséricorde mais même de simple justice, car ce serviteur n’avait commis aucune faute. Il avait eu le souci louable de ne pas perdre ce fichu talent. D’accord, il n’avait pas pris le risque de le placer dans une banque où il aurait pu rapporter un intérêt aventureux ; mais aujourd’hui où les banques incitent leurs salariés à être des traders, on peut comprendre les réticences de ce malheureux. Difficile dans ces conditions d’adhérer à cette histoire.

Le second groupe au contraire, se réjouissait de relever la stricte justice du patron qui félicitait ses serviteurs d’avoir fait fructifier les talents reçus et qui appréciait leur travail en adéquation parfaite avec le nombre de talents reçus. Il était demandé plus à celui qui avait reçu plus. Ce qui est très satisfaisant, étant entendu que les talents peuvent être de nature très variée : ce qui peut être l’argent certes mais encore le don de la parole, de la musique, de l’enseignement, de l’écoute, du service, de l’écriture etc… etc...

Devant ces positions très opposées, il m’a paru intéressant de réfléchir à la question, d’autant plus que le lendemain, je suis tombée sur une oraison ainsi formulée : « Seigneur, ouvre nos cœurs à l’intelligence de Ta Parole » c’est exactement ce dont j’avais besoin ! Je suis donc partie à la recherche de commentaires sur ce texte, et il s’est rapidement avéré qu’il fallait mettre l’accent non sur les serviteurs, comme nous l’avions fait, mais sur le patron.

Et voila, ce que ça a donné. Le patron c’est Dieu. Nous étions tous d’accord sur ce point. Mais c’est un patron qui ne ressemble pas du tout aux patrons de ce monde. « Vous m’appelez Maître et Seigneur » a dit Jésus à ses apôtres « et vous faites bien car je le suis » Et paradoxalement il venait de s’agenouiller devant eux pour leur laver les pieds, travail normalement dévolu aux esclaves… C’est une image parlante, non ?
Dans la parabole, ce Patron pas ordinaire est parti en voyage, en confiant ses biens à ses serviteurs. Autrement dit, Il n’est pas sur terre et nous fait confiance. Oui mais pourquoi et pour quoi faire ? Ce Patron autrement dit Dieu est un Père, fou d’amour pour tous les humains qu’il considère comme ses enfants, et il souhaite pouvoir les accueillir dans son Royaume. C’est son unique dessein. C’est dit et redit d’un bout à l’autre de la Bible.
Il a même, non sans risque, envoyé son Fils sur terre, pour que cette bonne nouvelle soit bien entendue, et il charge également chaque baptisé, de la faire connaître aux autres, en faisant fructifier les talents reçus, si petits soient-ils. Que faut-il faire ? Lui ressembler en pratiquant l’amour vis-à-vis de lui ou vis-à-vis des autres ce qui, pour lui est kif kif.

Celui qui refuse mordicus d’entrer dans cette vue se met lui-même en dehors du royaume. Même Dieu, malgré sa toute puissance ne peut pas l’obliger à aimer. Et voila tout est dit !
Je ne sais pas si je suis devenue plus intelligente au bout de cette réflexion, mais il me semble que je goûte mieux cette parabole ; et c’est heureux puisqu’il est question, à la fin de notre vie de participer à un banquet. Je me sens en meilleur appétit.
Un très grand merci à Toi Seigneur, pour ton merveilleux dessein, et merci aussi à tous ceux qui m’ont aidée à savourer ce texte, sans oublier Saint Paul qui dans la lettre aux Ephésiens(Chapitre 2, versets 19-22) dit tout cela en des termes chaleureux et somptueux : « Vous les baptisés, vous n’êtes plus des étrangers, des gens de passage, vous êtes des citoyens du peuple Saint, membres de la famille de Dieu... »
Pas moinsse !
Après ça on ne peut plus se prendre pour des petites queues de poires incapables de faire quelque chose de bon. Plus d’excuse pour ne rien faire...

Ainsi je me sens plus motivée pour essayer de dire oui, à Ton projet Seigneur.
Amen, qu’il en soit ainsi.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/11/2014