Au pied de la croix

Debout, elle était là, debout près de la Croix.
Depuis trois jours et deux nuits, non trois nuits et deux jours, elle ne sait plus. Elle a entendu la foule hurlante qui criait "Barabas", alors qu’elle avait lancé "Jésus" avec quelques femmes. Mais leurs voix avaient été complètement couvertes, et c’était Barabas qui avait été libéré.
Elle a vu son fils défiguré, chancelant après la flagellation, les crachats et la couronne d’épines. Elle l’a suivi tout le long du chemin de croix, sur le Golgotha, et maintenant elle est là, près de lui, et elle l’entend qui s’épuise à retrouver son souffle.
Dans son pays, la coutume veut que les femmes en cas de malheur, se tordent les mains, se griffent le visage, s’arrachent les cheveux, hurlent et défaillent.
Mais elle est là, muette, debout en face de lui. Un glaive lui a percé le coeur. Elle ne pensait pas qu’il était possible de souffrir autant. Voir son petit torturé, ne rien pouvoir faire pour le soulager, ça fait mal, ça fait trop mal
Jésus l’a confiée à Jean et il lui a confié Jean. Jusqu’au bout Il a pensé à elle, Il a pensé aux autres, à tous ces autres présents et à venir qui l’ont crucifié. "Roi des Juifs". C’est écrit sur la tablette au dessus de sa tête. Pauvre roi, pauvres juifs et pauvre humanité qui n’a pas reconnu son Roi.

Avec ton fils, Marie, tu as souffert pour nous. Tu as été crucifiée avec lui. Que cette souffrance ne soit pas vaine. Aide-nous à réaliser que notre refus d’amour en est la cause, la seule cause. Que nous acception nous aussi de mourir, de crucifier chaque jour ce qui nous empêche d’aller vers Dieu.
Nous t’en prions.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/04/2006