Esprit Saint, qui es-tu ?

Cette question me hante depuis des années. Je ne vais pas essayer d’expliquer ce qu’est l’Esprit Saint. Je n’ai pas cette prétention et serais prise pour une aliénée si je le pensais ou le disais. Ce que je veux, c’est répondre à une question d’Isa : "Dis, Arlette, comment toi, comprends-tu ce qu’est l’Esprit Saint ?"

Isa sait que je ne suis pas une théologienne. Elle m’a posé cette question comme elle m’en pose des dizaines. Elle veut savoir ce que, moi, je pense de la question. Pendant qu’elle parlait, une lueur s’est faite en mon esprit. Je lui ai tout banalement répondu ceci :

"Tu vois, Isa, notre conception de l’image de Dieu, nous les laïcs, est fausse. Quand nous parlons de Dieu le Père, de Dieu le Fils et du Saint-Esprit, immédiatement l’image que l’on a implantée dans notre esprit depuis notre plus jeune âge refait surface.

"Quand je dis Dieu le Père, inconsciemment, je vois surgir dans mon esprit l’image d’un doux vieillard à barbe blanche se penchant avec une grande douceur vers nous en nous tendant la main ou je vois un vieillard courroucé tonnant contre nous, humbles mortels, qui l’avons offensé et l’offensons tous les jours. Effectivement, ce n’est pas cela Dieu le Père !

"Quand je pense à Dieu le Fils, je vois Jésus. Or, ce n’est pas du tout cela. Dieu le Fils s’est incarné, c’est à dire qu’il a pris une forme humaine, mais Dieu le Fils était avant l’arrivée de Jésus sur terre. Jésus est Dieu le Fils incarné. Dieu le Fils était comme Dieu le Père : de tout temps. Il est, il était, il sera de toute éternité. Ce n’est donc pas cela Dieu le Fils.

Quand je songe à l’Esprit Saint, immédiatement une colombe vole devant mes yeux ou des langues de feu surgissent sur la tête des apôtres. Or, ce n’est pas cela l’Esprit Saint !

Alors si mon image de Dieu le Père est fausse, si celle de Dieu le Fils est fausse et si celle du Saint Esprit est fausse, que reste-t-il de ma conception humaine de l’image de Dieu ?

Rien. Oui, rien parce que Dieu étant un esprit, je ne peux l’imaginer.

Cependant, la Bible, dès le tout début, nous dit que : "Au commencement du monde, l’Esprit de Dieu planait sur les eaux" et les orthodoxes en parlent comme d’un souffle qui rend libre. Et ils expliquent que ce souffle, ce vent, est un Dieu que l’on ne peut pas comprendre, mais que l’on peut seulement chanter et adorer. Un hymne byzantin, après la communion, dit que "l’Esprit divin est la vraie lumière".

Il y a une expression que j’ai lue il y a quelque temps et que j’aime méditer. Il est dit de l’Esprit Saint qu’il est le silence à l’intérieur de la Parole..., le "silence à l’intérieur de la Parole". Et je me souviens que l’auteur déclarait que l’on est réellement libre dans l’Esprit Saint, quand on se découvre aimé de Dieu, aimé d’amour fou... et capable d’accueillir Dieu comme Dieu nous accueille.

D’ailleurs, il n’y a pas une grande différence entre la façon de penser des catholiques et celle des protestants. Je me rappelle avoir lu qu’un pasteur protestant, le pasteur Maeder, animateur à Strasbourg d’une communauté charismatique luthérienne, disait que l’Esprit Saint lui avait permis, à travers les groupes de prière charismatique de vivre très fortement la vie communautaire et fraternelle, la puissance de l’amour de Dieu et de l’Eglise, et le sens de l’unité entre chrétiens. Il disait que pour lui l’Esprit Saint est avant tout le consolateur, celui qui vivifie, sanctifie et guérit.

Les juifs ont un immense respect pour l’Esprit Saint car ils considèrent que c’est lui, l’Esprit Saint, qui inspira les prophètes et unit leur peuple, le peuple d’Israël. D’ailleurs, l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu est mentionné à plus de 60 reprises dans la Bible. Pour eux, l’Esprit Saint se manifeste, non plus dans un acte mais dans la durée.

L’Esprit est évoqué une trentaine de fois dans le Coran en particulier lorsqu’il s’agit de Jésus que l’islam reconnaît comme un prophète. Les musulmans disent que l’Esprit assiste Dieu et dans la sourate 32, il est dit que Dieu a insufflé à l’homme "son esprit de vie".

Jean-Paul II, dans sa "Prière pour l’année de l’Esprit Saint", ne tarit pas de noms pour parler de lui. C’est ainsi qu’il l’appelle "l’hôte très doux de nos cœurs ; l’Esprit de Vérité ; l’Esprit créateur ; l’Esprit de communion, âme et soutien de l’Eglise ; l’Esprit consolateur, source inépuisable de joie et de paix ; l’Esprit de sagesse ; l’Esprit de vie et enfin l’Esprit d’Amour avec le Père tout-puissant et le Fils Unique à qui louange, honneur et gloire doivent être rendus dans les siècles des siècles".

Je dialogue souvent avec l’Esprit Saint car, pour moi, il représente le "guide à l’intérieur de la prière". Il est mon conseiller en toutes choses. Je ne fais rien sans avoir recours à son esprit de sagesse, de conseil. Mes stagiaires le savent bien. L’une d’elles m’a dit récemment : "J’ai quitté votre Centre depuis plus de dix ans mais, aujourd’hui, j’ai besoin de vos conseils. Vous parliez tellement souvent de l’Esprit Saint que je suis sûre qu’il saura vous conseiller. Alors, je viens vous exposer mon problème et vous me direz sa réponse."

Je ne savais pas que je parlais si souvent de l’Esprit Saint à mes stagiaires... mais, tant mieux si, ce faisant, j’ai pu les aider. Je vais maintenant cesser ce bavardage car je veux réfléchir sur mon interprétation de l’Esprit Saint... la creuser un peu plus... car mon esprit bouillonne de mille idées.

Pour toi, pour ce soir, assez bavardé. Va dormir Isa. Bonne nuit.

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M.J. Arlette ORIAN

Ancienne directrice d’une école de secrétariat à l’île Maurice

Publié: 01/09/2021