Quand les musulmans assistent aux célébrations de la liturgie chrétienne

Fiche pastorale n°14 publiée dans la revueDocuments Episcopat n°6-7 (avril 1999)

1. Un constat

Presque tous les musulmans qui vivent en France ont assisté ou participé d’une façon ou d’une autre à des célébrations chrétiennes. Cette présence est très diversifiée et relativement fréquente. Il convient de distinguer divers degrés de présence :

 Les célébrations où des musulmans sont impliqués personnellement : mariage où l’un des conjoints est musulman (cf. Fiche 11) ; baptême, profession de foi, mariage d’une personne dont l’un des parents est musulman ; enterrement du conjoint chrétien, d’un parent chrétien ou d’un ami proche.
 Les célébrations dans le cadre de groupes de jeunes (Iycéens, étudiants, divers mouvements...) où sont présents des jeunes musulmans ; participation régulière à un groupe de prière, JMJ, etc.
 Les célébrations où les musulmans assistent en raison de leur dimension publique ou humanitaire : rassemblements ou processions ; cérémonies officielles (offices à la mémoire d’un chef d’Etat ou d’un notable) ; occupation par des sans-papiers d’une église où les offices habituels continuent d’être célébrés, etc.

2. Des questions

 Comment exprimer dans le cadre de cette célébration qui est une annonce du Royaume qu’aucun être humain ne lui est étranger (Cf. Nostra Aetate 3), tout en témoignant que nous célébrons la plénitude de l’Amour du Père manifesté en Jésus-Christ.
 Même si la liturgie n’est pas, de soi, destinée aux non-chrétiens, convient-il toujours de conserver le déroulement habituel de nos célébrations ? Comment, selon les cas, mieux prendre en compte leur présence ? Il s’agit peut-être moins d’apporter des changements que d’être attentif à ces musulmans. Dans quelle mesure et de quelle façon pouvons-nous inviter les musulmans à être actifs dans cette célébration ? Pourront-ils y poser un geste, dire une parole ?
 Lors d’une Eucharistie où toute l’assemblée ou un grand nombre communie, comment faire comprendre aux musulmans présents qu’ils ne doivent pas communier, sans qu’ils se sentent pour autant exclus ?

3. Des convictions

 Même si les fondements de la foi chrétienne ne sont pas reconnus par les musulmans, ils pensent que le Christ ouvre un chemin vers Dieu. Aussi les musulmans qui, pour quelque motif que ce soit, sont présents à une célébration ecclésiale, peuvent vivre cette présence religieusement en y apportant leur démarche spirituelle personnelle.
 Dans les célébrations ecclésiales, des musulmans peuvent mieux saisir comment les chrétiens prient selon leur propre tradition religieuse.
 La rencontre de deux démarches spirituelles, musulmane et chrétienne, est en elle même une préfiguration de cette foule immense des serviteurs de Dieu que nul ne peut dénombrer de " toutes nations, races, peuples et langues".

4. Des orientations

Il faut bien mesurer le degré de participation des musulmans présents.

Dans la mesure où le fait d’assister à une célébration chrétienne est un événement dans la vie religieuse des musulmans, nous avons à être attentifs, dans le déroulement de ces célébrations :

 à faire apparaître de façon plus marquée ce qui nous est commun : nous croyons en un même Dieu créateur, absolu et miséricordieux, et nous nous confions à sa volonté salvatrice. Chacun de nos actes, bon ou mauvais, est déterminant pour notre vie aujourd’hui et dans l’éternité.
 à témoigner de ce qui nous est propre dans notre relation avec Dieu : pour nous, la Parole éternelle de Dieu n’est pas un livre (Coran) mais une personne (le Seigneur Jésus) qui a voulu partager notre humanité et qui nous unit à Dieu, par sa vie, sa mort et sa résurrection. Dans le Christ nous découvrons que Dieu est Père, qu’ll pardonne et veut être en totale communion d’amour avec les hommes. Christ est tellement Fils qu’il nous a, non seulement, montré le chemin vers le Père, mais qu’ll est lui même ce chemin.

5. Pour aller plus loin

Documents :
 Carême et Ramadan, Dossier SRI, n° 6, 1988.

Livre :
 Maurice BORRMANS, Orientations pour un dialogue entre chrétiens et musulmans, Le Cerf, Paris, 1987, (chapitres 2, 3, 5), 191 p.

Revues :
 La liturgie chrétienne et les textes islamiques, par M.L. FITZGERALD, in Concilium, 112,1976, pp. 71-87, (Beauchesne éditeur, 72 rue des Saints-Pères, 75007 Paris).
 Prier avec les musulmans ?, par Joseph STAMER in Se comprendre, 96-09.

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Publié: 31/03/1999