L’Eglise orthodoxe

Kirill (Cyrille), le patriarche orthodoxe de Moscou, soutient ouvertement l’agression de l’Ukraine, alors que Bartholomée Ier, patriarche œcuménique de l’Église orthodoxe de Constantinople, la condamne.

Origine de la religion orthodoxe (= de la juste doctrine).

À l’époque de l’empereur Constantin 1er, converti au christianisme en 314, l’immense empire romain s’étendait de l’Angleterre sur tout le pourtour de la Méditerranée. Constantin choisit de résider à Constantinople (plus tard Byzance, aujourd’hui Istamboul), plus immergé dans la culture grecque que dans celle de Rome dont le prestige allait décroissant. Par contre, depuis le 5e siècle, le désaccord portant sur des questions théologiques et de pratiques religieuses, alla croissant entre les évêques d’Occident et d’Orient. La rupture officielle (schisme) est datée de 1054 sous le pontificat de Léon IX, le pape originaire d’Eguisheim (ou de Dabo).
En fait, pendant deux siècles, les relations ne furent pas rompues et des essais de conciliation entrepris. Le sac de Constantinople en 1204, lors de la quatrième croisade, pérennisa la rupture entre les Eglises d’Orient et d’Occident. Ces désaccords relevaient pour beaucoup des différences entre les cultures grecque et romaine mais aussi des rivalités politiques de l’Occident et de l’Orient.

Le credo orthodoxe.
Il est identique à celui des catholiques, sauf sur l’origine de l’Esprit Saint. Le dogme catholique soutient que l’Esprit Saint procède du Père ET du Fils, alors que, pour les orthodoxes, le Fils et le Saint-Esprit procèdent tous deux du Principe Unique, le Père. La divergence apparut au 9e siècle et l’Histoire l’a retenue sous le nom de « Querelle (= débat) du filioque ». Le culte marial est très développé mais l’Assomption, appelée Dormition, et l’Immaculée Conception ne sont pas comprises de la même manière. Pour l’orthodoxie, Marie, entachée du péché originel, restée pure toute sa vie, a été ressuscitée et emportée au Ciel.

Les sacrements.
Au nombre de sept, ils sont interprétés et appliqués différemment. Selon la foi orthodoxe, l’homme est créé libre, sans « péché originel » que le baptême effacerait comme le pensaient les premiers Pères de l’Eglise - et surtout saint Augustin -, suivis par les conciles occidentaux. Le divorce et le remariage sont autorisés. L’ordination peut être accordée à des hommes mariés, mais un prêtre ordonné ne peut plus se marier. Les évêques sont choisis parmi les moines.

Le culte orthodoxe.
La messe suit le même plan que la romaine mais la célébration en diffère en de nombreux rites (arménien, roumain, slave, grec...), par le nombre de prières, de signes de croix, d’encensements, considérés comme des bénédictions. Le moment de la consécration se passe derrière l’iconostase, paroi couverte de nombreuses icônes très vénérées par les fidèles. Pas de bancs, on y assiste debout. De longue durée, on peut entrer et sortir à tout moment. La communion est prise sous les deux espèces. Le signe de croix se fait avec les trois premiers doigts joints pour représenter le Père, le Fils et l’Esprit Saint, les deux autres repliés pour signifier la double nature du Christ. Il se porte en se signant d’abord sur l’épaule gauche, puis sur l’épaule droite (côté du cœur du Christ vu de face). Les Croisés seraient à l’origine de notre manière de le faire. La croix orthodoxe ressemble à la croix de Lorraine mais avec un bras inférieur perpendiculaire représentant le mauvais larron emporté en enfer, selon l’une des interprétations.

L’Eglise orthodoxe dans le monde est composée d’un grand nombre de communautés, la plupart nationales, sans prééminence. Pourtant, elles peuvent se rattacher à un Patriarcat plus ancien comme celui de Constantinople (3,5 millions de fidèles) ou de Moscou (90 millions de fidèles) et à d’autres ou être indépendantes (autocéphales, en augmentation) et désigner leur propre patriarche, métropolite ou archevêque. Celle de l’Ukraine vient de rompre d’avec le Patriarcat de Moscou. On compte 260 millions d’orthodoxes sur 2 milliards de chrétiens dans le monde dont 1,3 million en France.

Le pape François et Bartholomée Ier et le patriarche de Constantinople ont de très bonnes relations et partagent les mêmes points de vue sur l’œcuménisme, la paix, le développement durable et l’environnement.
La dernière traduction œcuménique de la Bible (TOB) a été réalisée en 2010 par des chrétiens des trois confessions chrétiennes.