Face au terrorisme, quelques repères

Le terrorisme est une forme de violence qui n’est pas nouvelle. Mais les attentats du 11 septembre 2001 invitent à reprendre la réflexion à son sujet, non sans rappeler que, par le nombre des victimes et la charge symbolique des destructions des Twin Towers, ces attentats sortent du cadre de ce qu’on appelle d’ordinaire terrorisme . On a parlé d’hyperterrorisme, voire de guerre.

On ne proposera pas ici une analyse de l’événement 11 septembre et de ses conséquences. Simplement quelques éléments de réflexion pour aider à clarifier les idées et situer les enjeux des débats éthiques et politiques autour de tels événements. Après une tentative de définition du mot « terrorisme », nous rappellerons les principes éthiques sur lesquels se fonde une condamnation radicale de cette forme d’action avant d’évoquer quelques questions liées à la résistance au terrorisme.

Nécessité d’une définition objective

La définition du mot terrorisme fait problème. Il est tellement chargé négativement que son usage même entre dans l’affrontement des propagandes : chacun est porté à qualifier de terroristes les actes de violence perpétrés par des acteurs qu’il veut désigner à la réprobation publique, et à éviter le mot dès lors qu’il s’agit d’actes commis par un groupe pour lequel il éprouve sympathie ou indulgence. Exemple classique, souvent cité : pour l’occupant nazi, les résistants étaient des terroristes. Dans le Nicaragua des années 1980, les combattants de la Contra étaient des terroristes aux yeux du gouvernement sandiniste, mais des combattants de la liberté pour l’administration Reagan. Et quand change le contexte politique, on voit fluctuer le vocabulaire : les combattants tchétchènes, présentés depuis longtemps comme des terroristes par le gouvernement de Moscou, étaient plutôt considérés comme des résistants par l’opinion publique européenne ; mais, depuis le 11 septembre, les autorités russes parviennent à faire adopter plus aisément leur propre vocabulaire.

Pourtant, ce n’est pas parce que l’usage du mot est détourné à des fins de propagande partisane qu’il faut renoncer à en chercher une définition susceptible de faire consensus pour des observateurs impartiaux, libres de toute préoccupation de condamnation ou d’apologie. Il y a des formes de violence politique qui - hors de toute considération pour les motivations subjectives de ceux qui y recourent - doivent être qualifiées de terroristes, et d’autres - parfois tout aussi violentes, voire davantage - pour lesquelles le mot ne convient pas. La question, pour caractériser une violence comme terroriste n’est pas de savoir ce que visent les acteurs mais comment ils agissent pour atteindre leurs objectifs. Ou encore, pour reprendre une vieille distinction, toujours pertinente, la question du terrorisme ne relève pas du jus ad bellum mais du jus in bello.

Parmi toutes les formes de violence à objectifs politiques, qu’est-ce donc qui caractérise le terrorisme ?

Ecartons d’abord une réponse qui voudrait partir du statut des acteurs de ces violences : serait terroriste toute violence politique exercée par des acteurs autres que les états officiellement reconnus (guérillas, groupes révolutionnaires, milices, etc.). C’est une fausse piste, car il faudrait que la différence entre violence légale (celle des états reconnus) et violence illégale soit claire. Or elle ne l’est pas toujours. Beaucoup de guerres civiles ont précisément pour enjeu de déterminer qui sera légal et qui ne le sera pas. L’histoire offre maint exemple de terroristes devenus chefs d’Etat : l’évolution de Menahem BEGIN est exemplaire, de même que celle de Yasser ARAFAT.

Il ne serait pas logique d’introduire une référence au statut juridique des acteurs pour trancher un problème qui porte sur la définition d’une forme d’action : ce serait supposer a priori qu’aucun état légalement reconnu ne peut pratiquer une violence qui puisse être définie comme terroriste. Or on sait bien que de nombreux gouvernements qui ont un siège à l’ONU terrorisent leur propre population, afin de dissuader toute opposition : pratiquées systématiquement, les tortures, disparitions, exécutions sans jugement, internements psychiatriques relèvent d’une stratégie qu’on peut qualifier de terroriste. Privilégier la distinction états/groupes non étatiques, ce serait réintroduire, dans la définition du terrorisme, les jugements de valeur qu’on doit justement éliminer pour parvenir à une définition centrée sur la nature des actes à qualifier. Ce serait un point de vue partisan que de nommer terroristes des actes violents quand leurs acteurs sont des combattants irréguliers et opérations de maintien de l’ordre les mêmes actes quand ils sont accomplis par les soldats en uniforme d’une armée régulière.

La terreur, stratégie indirecte

Pour définir le terrorisme par la nature même des actes commis, on peut s’appuyer sur l’étymologie du mot. Est terroriste tout acte de violence qui a pour premier objectif d’inspirer une peur intense, afin de récolter les bénéfices politiques de cette peur. C’est pourquoi la forme la plus classique du terrorisme est l’attentat dit indiscriminé, celui qui frappe au hasard dans une population, sans viser personne en particulier. Car si la violence frappe au hasard, chacun se sent menacé. L’expression terrorisme aveugle est en somme un pléonasme.

Le terrorisme s’inscrit dans ce qu’on appelle les stratégies indirectes. Alors qu’une stratégie directe prend pour cibles des personnes précises celles qui représentent un obstacle à éliminer pour atteindre les objectifs que l’on poursuit (notamment, dans une guerre, les soldats de l’armée adverse, ou les usines d’armement, etc.) - la violence terroriste est indirecte en ce sens qu’elle ne vise pas à atteindre ses buts en éliminant telle ou telle catégorie de personnes, mais en influant sur la volonté politique de l’adversaire : le terroriste suppose - souvent à tort, mais c’est une autre question - que la population, terrorisée par ses attentats, exercera sur ses dirigeants une pression politique telle qu’ils céderont à ses exigences en échange d’une suspension de cette terreur.

On peut donc proposer de définir les actes terroristes comme des actes de violence qui visent à influer sur le comportement de l’ennemi, non pas directement en affaiblissant ou éliminant ses forces (comme dans la guerre), mais en atteignant sa volonté de résistance, notamment en répandant dans sa population la peur que ses actes ne se réitèrent (attentats indiscriminés, détournements d’avion, etc.) ou le désir qu’un terme y soit mis (chantage par détention d’otages).

Pour maximiser les effets indirects d’une peur, à partir d’actes de violence aux effets directs finalement très réduits (les victimes des actes terroristes sont peu nombreuses, par comparaison avec celles des guerres), il faut qu’un grand nombre se sente menacé. Pour cela, il faut que la violence frappe au hasard, de telle manière que chacun puisse craindre d’être la prochaine victime. Il faut aussi laisser planer la menace de réitération : un acte terroriste dont les auteurs proclameraient que c’est le dernier n’aurait aucun effet. On voit bien sur ce point la différence radicale avec l’acte de violence directe, qui a sa fin en lui-même, indépendamment de toute perspective de réitération.

Le jugement éthique : non, sans appel

Au lendemain d’attentats terroristes, les médias sont remplis de déclarations où reviennent des adjectifs comme injustifiable, criminel, abominable, etc. Certains ironisent sur ces réactions indignées, notant qu’elles paraissent trop stéréotypées pour être sincères. Ils ont tort : même stéréotypées, même prises dans la guerre de propagande évoquée plus haut, ces réactions ont le mérite de souligner que le jugement moral porté sur de tels actes fait déjà partie du combat contre le terrorisme. Plus les terroristes veulent convaincre que leur violence n’est qu’une forme de violence comme les autres (une banale contre-violence), plus il importe de réaffirmer que ce n’est justement pas une violence comme les autres.

Situer d’emblée les attentats terroristes sur le registre de l’immoral absolu, c’est gagner une première bataille contre le terrorisme. Sinon, pourquoi les auteurs d’attentats prendraient-ils tant de soin pour se justifier, non seulement politiquement, mais aussi moralement ? Ils invoquent la justesse de leur cause, le sacrifice qu’ils font de leur vie (thème du martyr) au service de nobles valeurs : justice, liberté, défense des pauvres et des opprimés, etc.

Sur quoi fonder une condamnation spéciale de la violence terroriste ? Pour répondre à cette question, il convient de se référer à la vieille distinction entre jus ad bellum et jus in bello pour souligner qu’on est bien sur le terrain du deuxième. A partir du moment où le terrorisme est défini comme une forme de violence spécifique, la question n’est plus de savoir si l’acteur violent a de bonnes raisons de recourir à la violence, mais s’il a le droit - quelles que soient ses raisons - de recourir à cette forme-là de violence. Ce serait donc s’égarer sur une piste sans issue, pour juger moralement des actes terroristes, que de commencer à examiner si les causes défendues par les terroristes sont justes ou injustes. En effet, à supposer même que certaines de ces causes puissent paraître justes (libérer son peuple d’une occupation illégitime, par exemple), cela ne réglerait pas la question, puisque, comme on vient de le voir, ce qui spécifie le terrorisme est de l’ordre des moyens : la violence aveugle, l’attentat indiscriminé, la prise en otage de gens choisis au hasard. Or, sur ce point, le jugement éthique est clair : sauf à admettre que la fin justifie les moyens, il n’est jamais permis de s’en prendre délibérément aux non-combattants, c’est-à-dire aux personnes qui - quelle que puisse être leur éventuelle culpabilité dans la situation d’injustice ou d’agression - ne sont pas des agents directs de l’agression injuste contre ce qui mérite d’être défendu. On a reconnu là le classique principe de discrimination entre combattants et non-combattants, élaboré au sein de la théologie morale chrétienne et sécularisé dans le droit international moderne. Dans l’expression violence aveugle, c’est le mot aveugle qui signe ce que le terrorisme a de particulièrement inacceptable.

Dire cela, ce n’est pas porter un jugement positif sur les autres formes de violence, qui doivent faire l’objet d’un jugement a priori négatif, sauf dans les cas très précis définis par la réflexion éthique. C’est simplement rappeler que l’on peut admettre, en ultime recours, certaines formes de violence, mais jamais la violence aveugle. Ainsi, on peut juger légitime la guerre menée au Sud-Soudan par des groupes armés contre les troupes du gouvernement islamiste de Khartoum qui écrasent leur peuple ; mais en aucun cas, on ne pourrait légitimer l’action de ceux qui, même poussés par le désespoir, iraient jeter une bombe dans un marché de Khartoum.

Comprendre sans excuser

On ne lutte efficacement contre un adversaire que si on s’efforce d’en connaître l’identité, les motivations, les attitudes (psychologiques, sociales, politiques) et surtout les objectifs. Il faut donc comprendre le terrorisme.

Cette exigence se heurte parfois à une forte objection : pour bien des gens, comprendre c’est déjà excuser. Trop s’intéresser aux motivations des terroristes, à leurs itinéraires personnels, ce serait déjà leur trouver des circonstances atténuantes. Certes, il peut arriver qu’une enquête sur les acteurs terroristes mette au jour des faits qu’un tribunal considérera comme des circonstances atténuantes : faiblesse psychique, manipulation par une autorité supérieure, histoire personnelle d’échecs affectifs, désespoir entretenu par une oppression durable et sans espoir de libération, etc. Cela n’a rien de scandaleux : la justice pénale vise à évaluer la responsabilité personnelle des criminels, que les crimes soient politiques ou de droit commun. Mettre en lumière d’éventuelles circonstances atténuantes, ce n’est ni complaisance ni faiblesse envers le terrorisme ; c’est une banale exigence de justice.

La question est plus controversée quand il ne s’agit plus seulement de comprendre les motivations des individus, mais de s’interroger sur les causes profondes de l’émergence d’un terrorisme : causes politiques, culturelles, sociales, économiques, etc. Car personne ne naît terroriste ; on le devient. Si le terrorisme n’est pas dans le patrimoine génétique, il faut donc bien chercher à comprendre pourquoi des hommes et des femmes deviennent terroristes dans tel contexte et pas dans d’autres, surtout quand c’est en nombre important.

Après le 11 septembre, on a lu des articles stigmatisant d’avance toute réflexion sur les causes de l’événement : chercher à comprendre les raisons pour lesquelles les Etats-Unis ont été visés par Al-Qaida, c’était, disait-on, excuser subrepticement les auteurs du crime. En fait, les auteurs de tels articles craignaient que le débat ne se déplace vers un objet que les Américains ne souhaitent pas regarder en face : au lieu d’entretenir le très large consensus qui s’est créé aisément sur la condamnation morale d’actes aussi abominables, on allait se mettre à parier de choses beaucoup moins consensuelles, concernant notamment la politique étrangère des Etats-Unis sur certains dossiers chauds (Israël-Palestine, Irak), l’image de puissance dominatrice qu’en ont beaucoup de peuples à travers le monde, leur attitude de cavalier seul sur un certain nombre de dossiers (protocole de Kyoto, mines antipersonnel, Tribunal Pénal International), etc. Bref, au lieu de condamner les coupables, on allait accabler la victime.

L’argument ne tient pas. Cherchent-ils à excuser Hitler et son entreprise évidemment criminelle ceux qui, explorant le contexte politique, économique, culturel de la montée du nazisme, veulent comprendre comment ce parti a conquis le pouvoir et s’y est maintenu ? Mettre en évidence le rôle du Traité de Versailles, de la crise économique de 1929, de la stratégie à courte vue de certaines forces politiques et sociales allemandes, est-ce innocenter Hitler de ses crimes ? Evidemment non. Il en va de même pour le terrorisme : il est non seulement licite mais moralement nécessaire d’ouvrir une recherche et un débat sur tous les facteurs (de natures très diverses : économie, politique, culture, religion, sociologie, etc.) qui aident à comprendre pourquoi l’islamisme radical se développe précisément en notre époque, pourquoi on trouve dans certaines catégories de population des volontaires pour commettre des attentats suicide, pourquoi une partie du monde éprouve des sentiments d’hostilité envers les Etats-Unis ou, plus largement, envers l’Occident perçu comme chrétien, etc.

Résister sans se renier

Eviter la réitération d’actes terroristes, c’est évidemment un objectif politique légitime, et même un devoir moral. Certains minimisent parfois cette exigence, faisant valoir qu’il faut donner la priorité aux efforts de longue haleine visant à éliminer ce qu’ils perçoivent comme facteurs favorisant l’émergence des terrorismes : mettre fin aux inégalités criantes entre riches et pauvres, aux occupations illégales de territoires, au traitement des problèmes selon deux poids deux mesures, etc. Ils n’ont pas tort, mais oublient que ce n’est pas sur la même échelle de temps que l’on traite les causes profondes et que l’on agit pour écarter le risque de réitération d’agressions terroristes : long terme dans un cas, très court terme dans l’autre. Il n’y a donc pas à opposer ces deux attitudes : irait-on récuser la nécessité d’une intervention chirurgicale en faisant valoir que la santé, en général, dépend surtout d’une bonne hygiène de vie et d’une alimentation saine ?

En revanche, un simple souci de cohérence invite à veiller aux conséquences des actions entreprises pour mettre les terroristes hors d’état de nuire à nouveau : il faut éviter que de telles actions, par leur nature et leurs conséquences ne constituent des obstacles aux changements qui, sur le long terme, sont indispensables pour tarir le recrutement des terroristes de demain. A cet égard, si l’on peut comprendre que les Etats-Unis, dans la foulée de la tragédie du 11 septembre, aient mené des opérations militaires visant à démanteler le réseau Al-Qaida, leur projet de guerre contre l’Irak ne risque-t-il pas d’être contre-productif (sans même parler des aspects éthiques et juridiques) et, loin d’affaiblir le terrorisme, ne risque-t-il pas de le multiplier ? On peut se poser les mêmes questions à propos de la politique du gouvernement Sharon dans les territoires palestiniens occupés.

Autre point de vigilance dans la lutte contre le terrorisme : éviter que les actions policières et judiciaires ne portent atteinte aux Droits de l’Homme. Il y a là une frontière fragile, car toute société traumatisée est tentée d’adopter le principe selon lequel la fin justifie les moyens, principe souvent avancé par les terroristes eux-mêmes. Certes, on ne peut soupçonner chaque mesure antiterroriste de mettre en danger l’Etat de droit et l’on peut admettre que des circonstances exceptionnelles appellent des mesures exceptionnelles. Mais il faut se méfier de toutes les justifications qui invoquent le caractère exceptionnel d’une situation, car les risques d’une dérive vers des pratiques contraires à l’Etat de droit sont alors élevés. Dire qu’il faut terroriser les terroristes, par exemple, c’est jouer avec le feu. L’enjeu est d’importance : il s’agit de résister au terrorisme sans devenir terroristes.

Pour justifier des mesures d’exception, contraires au respect du droit (par exemple le traitement des prisonniers à Guantanamo), on entend parfois dire que le terrorisme, c’est la guerre. Double erreur. D’abord, le terrorisme n’est pas la guerre : c’est une stratégie indirecte, à laquelle ont recours précisément ceux qui ne peuvent - ou ne veulent - pas faire la guerre. D’ailleurs, les partisans de la formule le terrorisme, c’est la guerre, seraient les premiers à refuser que l’on traite en prisonniers de guerre les terroristes arrêtés. Ensuite, cette formule laisse entendre que, dans la guerre, tout serait permis pour vaincre, ce que nie le droit de la guerre codifié dans diverses conventions et dans le règlement des armées des pays démocratiques. Il y a, on le sait, même dans la guerre, des actes que l’on doit qualifier de crimes : tortures, exécutions de prisonniers, représailles contre des populations civiles, etc. Rien n’autorise à torturer un homme, pas même le fait qu’il soit lui-même tortionnaire.

Défi pour la démocratie

Le terrorisme constitue, dit-on, un défi pour la démocratie. En fait, nos démocraties ont jusqu’ici montré que leur cohésion et leur détermination sont assez fortes pour résister, sans trahir leurs valeurs essentielles, à cette forme de violence qui vise à les déstabiliser. Mais il est vrai que l’attitude à adopter face aux actes terroristes, les arbitrages à rendre entre divers types de politiques antiterroristes renvoient à des débats importants sur les fondements d’une société démocratique : privilégier plutôt la sécurité ou plutôt la liberté, accepter des risques plus ou moins importants, aller plus ou moins loin dans les mesures d’exception, cela relève d’options véritablement politiques et éthiques. Tant qu’une démocratie en débat sereinement, on peut dire qu’elle relève avec succès le défi terroriste.

Pour aller plus loin :

 Isabelle SOMMIER, Le terrorisme, Ed. Flammarion, 2000.
 Gérard CHALIAND, Les stratégies du terrorisme, Ed. Desclée de Brouwer, 2002.

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Christian MELLON s.j.

Responsable du pôle formation du Centre de Recherche et d’Action Sociales. Secrétaire de Justice et Paix France (1997-2004).

Publié: 01/10/2004