Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement.

Lc 15,20

Dans la Bible, je suis particulièrement touché par chaque passage qui mentionne la miséricorde du Seigneur ; ce n’est donc pas une seule page. Dans Exode 34, les psaumes 85,102,144, le chapitre 15 de St Luc, et en St Jean chapitre 8, j’ai plus que nécessaire pour étayer ma vision de Dieu, renforcer ma confiance, et ma certitude d’être aimé.

C’est une évolution lente, un mûrissement, qui dure depuis plusieurs années.

La première découverte, le premier émerveillement, a été d’apprendre que pour les Hébreux, qui ont peu de termes abstraits, la miséricorde est nommée par un terme anatomique, la matrice, l’organe maternel où toute vie s’origine au plus profond.

Cela m’a fait comprendre que Dieu est « Père et Mère », totalement et essentiellement source de vie ; et que tous les textes bibliques mettant en scène un Dieu vengeur, jaloux, impitoyable,... étaient des anthropomorphismes (qui justifient ce qu’a dit je ne sais plus qui : « Dieu a créé l’homme à son image, mais l’homme le lui a bien rendu, il a décrit Dieu à son image ») à exclure complètement de ma vision de Dieu, sans pourtant aller jusqu’à nier la justice de Dieu. Il éxècre le mal et le péché, mais il aime le pécheur, tous les pécheurs. Sa miséricorde, son pardon, qui d’une certaine façon me replacent dans la matrice, me donnent, et nous donnent à tous, une nouvelle chance de vie.

C’est ce qui arrive à la femme adultère, « Je ne te condamne pas, va, et ne pèche plus » (cité de mémoire). La justice prend acte du péché, sans prendre le pas sur la miséricorde. Et elle n’est d’ailleurs pas la seule à qui Jésus a dit « ne pèche plus » ou « tes péchés te sont remis ». Pierre, le renégat, a expérimenté cette miséricorde qui remet en selle : pardonné, choisi et missionné pour fortifier la foi des autres !

Mais cette miséricorde, cet amour qui est l’essence même de Dieu, est excellement mis en scène dans la parabole des deux fils (qui est donc ma page - la plus - préférée de la Bible). Quand le prodigue est en route vers la maison paternelle, « du plus loin qu’il l’aperçoit, son père court au devant de lui pour le prendre dans ses bras, l’embrasser » (encore cité de mémoire). Pour moi, cela signifie que Dieu est TOUJOURS en route vers moi pour me prendre dans ses bras et me répéter qu’il m’aime !

Cela me touche très profondément, jusqu’à penser que lorsque je reçois le sacrement de réconciliation je me jette dans les bras de mon Père (Oui, je me lèverai, et j’irai vers mon Père... Gloire à Dieu notre Père qui nous aime et qui nous attend !). Dans cette étreinte quel est celui qui le plus heureux ? Moi, certainement ; mais peut-être plus encore Dieu : « Mon fils était mort et il est revenu à la vie ! » J’en suis é-mer-veil-lé (et le mot est trop faible pour ce que je ressens).

Cette certitude que Dieu n’est que miséricorde, essentiellement amour avant d’être justice, me fait penser que l’enfer est une possibilité réelle pour celui ou ceux qui refuseraient la main tendue (« Seigneur, sauve-moi ! Il lui prit la main, et lui dit Homme de peu de foi... ») Mais qui serait assez endurci ou aveuglé pour refuser, consciemment, en toute connaissance de cause, l’amour offert ? Je ne crois pas que ce soit possible.

Si bien que j’imagine que je pourrais me retrouver sur un strapontin (façon de parler) entre Hitler et Saddam Hussein, pécheur comme eux, aimé et pardonné comme eux, heureux comme eux. Mais en même temps, je ne vois pas ce que je fais des textes des évangiles où il est question du « feu éternel » et des « gauchistes » condamnés de Mt 25 pour n’avoir pas reconnu le Christ dans les plus pauvres... ou que penser des visions (!) de mystiques qui ont « vu » et décrit l’enfer (même au 20e siècle, à Medjugorje). Ceux à qui j’ai parlé de mes futures fréquentations au ciel, n’ont pas osé me dire que je déraille un peu. Mais je pourrais le comprendre, c’est un peu de la folie et du scandale évoqués par St Paul.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Louis FROMY s.m.a.

Missionnaire en Côte d’Ivoire, journaliste, animateur missionnaire en France.

Dans cette rubrique
Publié: 01/09/2022