Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.

Mt 25,40

« Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez les bénis de mon Père, ...
Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger,...
Alors les justes lui répondront, disant : Seigneur, quand nous est il arrivé de te voir affamé,...
En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Ce que j’aime dans ce texte, c’est qu’il s’agit de don gratuit, sans désir ou espoir de retour, même pas le « salut ». C’est un appel à l’amour de nos sœurs et frères humains pour eux-mêmes et non « pour Dieu ». Il y aurait “troc”, du donnant-donnant, si c’était fait « pour Dieu ».

Maitre Eckhart (dominicain, mystique, vivant vers 1300) commentant (« Car je souhaiterais d’être moi-même anathème, séparé du Christ, pour mes frères,... ») nous dit qu’alors saint Paul « était dans la pleine perfection », car « Le plus grand et le premier renoncement pour l’homme, c’est de renoncer à Dieu pour l’amour de Dieu. Or saint Paul a renoncé à Dieu pour l’amour de Dieu ; il a renoncé à tout ce qu’il pouvait prendre de Dieu et à tout ce que Dieu pouvait lui donner et à tout ce qu’il pouvait recevoir de Dieu ». [1]

C’est dans cet appel à un amour gratuit, transmis par des générations de témoins, à l’occasion de mon amour naissant pour Marie-Odile avec qui j’allais partager 40 ans de vie commune, que l’Esprit a transformé un peu de mon cœur de pierre en cœur de chair.

[1Sermon 12. Deutsche Werke.

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Gérard MENNESSIER

Ancien directeur de recherche au CNRS.
† 2016

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Publié: 01/11/2023