Les mains

Née sourde et aveugle, Marie, âgée de 14 ans, est incapable de communiquer avec le reste du monde. Totalement démuni devant sa fille, aux allures d’enfant sauvage, son père la confie à un asile. Il faudra la ténacité et la patience d’une jeune religieuse pour la sortir de son enfermement en lui apprenant le langage des signes. La sœur ne se découragera pas même si, pendant des mois et des mois, Marie sera rebelle à cet apprentissage. Après avoir répété de multiples fois le même geste, avec ses mains, elle va comprendre que le frottement des deux index signifie le couteau. Grâce à la découverte d’autres gestes, une ouverture possible au monde commence. Telle est la trame du film Marie Heurtin, évoquant une histoire vécue en France à la fin du 19e siècle.

Après avoir vu ce film je réalisais l’importance des mains chez l’homme. Selon un anthropologue, elles sont “l’organe du possible”. Le nombre de gros plans sur les mains est éloquent. Il révèle le potentiel de l’homme qui, par elles, peut agir sur le monde et sortir ainsi de l’animalité.

Cette réflexion me renvoie à un texte que l’on attribue à une grand mère de 90 ans : « Arrête-toi et réfléchis un peu au sujet des mains que tu as, comment elles t’ont si bien servi depuis ta naissance.
Mes mains, ridées, desséchées et affaiblies ont été les outils que j’ai toujours utilisés pour étreindre la vie.
Elles ont porté la nourriture à ma bouche.
Enfant, ma mère m’a appris à les joindre pour prier.
Elles ont attaché mes souliers et mes bottes.
Elles ont touché mon mari et essuyé mes larmes quand il est parti à la guerre.
Elles ont été sales, coupées, rugueuses et enflées, maladroites même quand j’ai tenté de tenir mon premier enfant.
Décorées avec ma bague de mariage, elles ont montré au monde que j’aimais quelqu’un d’unique et de spécial.
Elles ont écrit mes lettres à ton grand-père et ont tremblé quand je l’ai enterré.
Elles ont tenu mes enfants, ensuite mes petits-enfants, consolé les voisins et frémi de rage quand je ne comprenais pas.
Aujourd’hui, comme rien ne marche vraiment plus comme avant pour moi, ces mains continuent de me soutenir et je les joins encore pour prier.
Ces mains portent la marque de ce que j’ai fait et la marque des accidents de ma vie.

Mais le plus important est que ce seront ces mêmes mains que Dieu attrapera pour m’amener avec lui dans son Paradis. »

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/06/2023