Message - Édition d’avril

Un troisième homme se joint à eux. Il semble bien naïf, celui-là. Il n’est manifestement pas au courant de ce qui a agité Jérusalem. Ils lui expliquent en quelques mots que Jésus le Nazaréen, puissant prophète, est tombé entre les mains des grands prêtres, qui l’ont condamné à mort. Ils tentent de lui faire comprendre leur dépit : Jésus, pour eux, devait délivrer Israël.
À proximité d’Emmaüs, l’homme a continué sa route. Cléophas l’a arrêté et l’a invité à rester avec eux. Le soir tombait, la fraîcheur mobilisait déjà ses premières troupes. Les routes ne sont pas sûres pour un voyageur solitaire.
Ils se mirent à table. L’homme prit le pain, le bénit et le rompit avant de le leur donner. Leurs yeux, brutalement, se sont ouverts.
Ils l’avaient reconnu. Jésus s’était tenu à leurs côtés et déjà il avait disparu. Sur-le-champ ils ont rechaussé leurs sandales, lancé leur manteau sur leurs épaules, pris leur bâton de marche, et sont retournés vers Jérusalem, pour témoigner devant les onze apôtres, toujours réunis. Le dossier Jésus, que les scribes croyaient refermé à jamais, vient peut-être à peine de s’ouvrir.

C’est au soir, après que Marie Madeleine s’est rendue au tombeau vide. Les disciples se sont enclos dans leur demeure. De crainte que les Juifs n’étendent sur eux leur vindicte, ils ont fermé les portes. Tous assemblés autour de la table ils commentent la visite des femmes, la pierre roulée devant l’entrée du sépulcre et le corps absent, les deux hommes en vêtements de lumière et les paroles qu’ils ont prononcées. Tous, ils étaient là, incrédules, quand Jésus a paru et les a salués. Puis, avant qu’ils soient revenus de leur stupeur, dans le silence qui s’est fait, il leur a montré ses plaies au côté et aux mains. Alors ils ont cru, ont su que celui qui se tenait au milieu d’eux était le Maître ressuscité d’entre les morts. Ils en ont éprouvé une immense joie. A ce moment il leur a insufflé l’Esprit Saint et, avec lui, le pouvoir de remettre les fautes. Mais, quand, plus tard, Thomas les eut rejoints et qu’ils lui eurent conté la venue de Jésus parmi eux, il a douté. Obstinément il n’a pas voulu croire. Tant que je n’aurai pas vu par moi-même, a-t-il répété à plusieurs reprises, la marque des clous dans ses mains, tant que je n’aurai pas mis, par moi-même, le doigt dans ses plaies, je ne croirai pas.
Voici huit jours aujourd’hui, Thomas, à nouveau ce soir, s’est retrouvé en présence des disciples, dans la même maison close de toutes parts. Et à nouveau Jésus est apparu. Il a salué chacun d’entre eux, puis s’est tourné vers Thomas qui était demeuré en retrait. Il lui a montré ses plaies et lui a fait signe d’y porter les mains. Alors Thomas a cru. Mais Jésus lui a dit que si lui devait voir pour croire, plus heureux seraient ceux qui croiraient sans voir.
Caïphe doit s’arracher les nattes, Pilate doit sourire comme on le fait après un bon tour, Hérode Antipas doit songer à tout autre chose.
Le Sanhédrin pensait avoir réglé le problème Jésus. Mais voilà que ses disciples redressent la tête. Leur sauveur leur apparaîtrait sans cesse, au grand jour ou comme un voleur dans la nuit.
Les onze disciples de Jésus se laissent approcher malgré la peur des sbires du Temple. Ils restent ensemble presque serrés les uns contre les autres. Le message laissé par leur maître est sans doute trop immense pour que chacun ait envie de s’égailler vers ses tâches galiléennes.
À celui qui sait les mettre en confiance, ils confient le compte rendu des jours - bientôt quarante - qui se sont écoulés depuis la crucifixion du Nazaréen. Passé l’épisode du tombeau vide, ils reviennent volontiers sur l’épisode des disciples en route pour Emmaüs. Mieux encore, ils racontent avec un recueillement légitime comment Jésus leur est apparu.
Sa silhouette s’est dessinée au milieu d’eux, et la terreur a couru
Ce jour-là Thomas, dit Didyme, était absent. Il ne voulut jamais croire ce que lui racontèrent ses compagnons. Non, lui, c’est une tête solide, qui a besoin de toucher pour s’assurer que les remparts de Jérusalem sont bien de pierre. Rien n’y fit. Il hochait la tête avec une inébranlable circonspection.
Huit jours plus tard, alors qu’ils étaient de nouveau réunis, Thomas au milieu d’eux, les portes closes, les fenêtres obstruées, Jésus est revenu dans leur assemblée pour fustiger les hésitations du sceptique : "Porte ton doigt ici ; voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; et ne deviens pas

Evêque émérite de Gap et d’Embrun.
Fondateur du groupe de chanteurs "Les Prêtres".
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