Nouvelles d’Israël - Édition de novembre


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Une nouvelle justice
Jésus a dévoilé un peu plus son message. Son succès populaire est proportionnel à la colère des scribes. Jésus le Nazaréen serait-il en passe d’éclipser son parent, Jean le Baptiste, qui s’est incliné devant lui lors de leur première rencontre ? La foule qui s’est rassemblée hier, à la limite du désert, les récits qui sillonnent la Galilée, jusqu’à l’inquiétude des scribes et, dit-on, celle d’Hérode Antipas, le tétrarque de Galilée, le laissent penser. Dans la journée d’hier il s’est adressé à une masse compacte et attentive. Ses paroles ont surpris par leur clarté. Message limpide auquel se montre sensible le peuple déjà alerté par le nombre des guérisons réalisées par ses soins. Elles ont aussi jeté le trouble chez certains pharisiens ou sadducéens. Les Nouvelles d’Israël étaient présentes et ont pu recueillir l’intégralité des propos tenus par celui qui se présente comme le Fils de l’homme, doté du pouvoir de remettre les péchés sur la terre. Le rassemblement d’hier apparaît comme la suite logique d’une réputation qui ne cesse de croître. Depuis plusieurs semaines, déjà, une cohorte se presse dans les pas de Jésus, autour de sa maison de Capharnaüm, ou dans les synagogues environnantes lorsqu’il commente les textes sacrés. Venus de toute la Galilée, mais aussi de Judée, de Jérusalem, de l’Idumée, de la Transjordanie, des environs de Tyr et de Sidon, ils étaient déjà une multitude à se masser sur les bords du lac de Tibériade, lorsque, récemment, il prit place sur une barque, à quelques mètres du rivage, pour délivrer son message.
Royaume des cieux

Ils étaient encore plus nombreux, hier, à s’agglutiner le long des flancs doucement pentus d’une colline proche de Capharnaüm. Jésus y avait passé la nuit avec ses amis, un petit groupe composé de Simon, de son frère André, de Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Simon le Zélote, Jacques fils d’Alphée, Judas, fils de Jacques et Judas Iscariote. La foule le guettait. Après s’être rapproché d’elle, Jésus et les siens se sont arrêtés sur un promontoire. Sa voix était audible jusqu’aux derniers rangs de l’assistance. Tous attendaient son discours, mais plus encore qu’il guérisse leurs souffrances.
Ses mots ont étonné la foule. Ils ne s’embarrassent pas des formules opaques des scribes. Leur contenu a provoqué des vagues de commentaires - acquiescement ou indignation.
"N’allez pas croire que je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir", a-t-il lâché, avant d’ajouter, plus tard : "Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux." Avec cette autorité qu’on lui connaît, peu sensible aux grincements de dents de ceux du Temple, Jésus a directement interpellé la masse humaine étendue à ses pieds :
"Heureux ceux qui ont une âme de pauvre car le royaume des cieux est à eux. Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux les affamés et les assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux êtes-vous quand on vous

insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi." Déterminé, il a plaidé pour la discrétion de l’aumône, pour le secret de la prière, pour une nouvelle justice, qui n’hésite pas, beaucoup l’ont noté, à malmener les usages en vigueur.
Si tu te souviens...

On a pu l’entendre dire, à propos de l’offrande au Temple : "Si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande." Il a également stigmatisé la course au profit : "Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent." Un des moments les plus intenses de ce discours a été celui où il a proposé une prière, voisine de celles en usage, telle que celle du Kadish, mais novatrice dans son fond. Après s’être adressée au Père, elle s’intéresse aux besoins des enfants : "Notre père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs. Et ne nous soumets pas à la tentation ; mais délivre-nous du mauvais."
Cet enseignement tranche avec celui de Jean, ont noté leurs auditoires ; le Baptiste s’est placé hors du monde des hommes et insiste sur l’impératif de la conversion, du baptême rédempteur ; Jésus remet les péchés, se mélange au peuple et annonce : "Le royaume de Dieu est là."

 

Les olives de Pérée sont enfin arrivées

Les producteurs d’olives de Judée qui bloquaient le convoi caravanier pour protester contre l’importation d’olives de Pérée, ont cédé aux prêtres du Temple. Le conflit n’est pas éteint pour autant entre les cultivateurs judéens, qui produisent tant d’olives qu’ils en vendent à l’Egypte et la Syrie, et le Temple, qui considère que la qualité de l’huile locale est insatisfaisante. Pour éviter que l’huile destinée au service sacré soit souillée en route, le Temple achète les olives entières à Pérée et les presse sur place.

Crue du Tibre

Beaucoup considèrent comme un prodige les récents événements qui se sont produits à Rome. En quelques heures, la terre a tremblé, le Tibre a débordé et la foudre a frappé la ville en divers endroits. A ses conseillers, qui proposaient de consulter les livres sibyllins, Tibère a répondu qu’il valait mieux entamer des travaux destinés à diminuer le débit du fleuve de Rome.

Plan aérien de Rome qui met en évidence le tracé du Tibre
 
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Les apôtres ouvrent leurs rangs
Pierre, qui a pris la tête des disciples de Jésus le Nazaréen, a souhaité remplacer Judas, le traître. Ce dernier avait pris un ministère parmi les apôtres. Il fallait le confier à "un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection". Deux prétendants ont été présentés : Joseph, dit Barsabbas, surnommé Justus et Matthias. Après s’être adressé au Seigneur pour qu’il sonde les cœurs des deux hommes, on a procédé à un tirage au sort. Matthias a été désigné et figure désormais au rang des douze apôtres.
La communauté

Les disciples, à qui Jésus a enjoint de demeurer à Jérusalem afin d’être baptisés par le souffle sacré avant de parcourir la surface de la terre, sont revenus en la maison où il leur était apparu au cours du dernier repas. Et là, à l’étage, en compagnie des femmes, de la

mère de Jésus et de ses frères, ils se sont mis à entonner les chants de louange et les prières. Aujourd’hui, la communauté entière s’est assemblée. On a dénombré plus de cent vingt membres réunis dans l’enceinte pour décider des actions à venir. Là, Pierre, le disciple qui a accompagné le Christ jusque dans la cour du Sanhédrin mais n’a pas osé avouer qu’il le connaissait, Pierre donc s’est dressé et a pris la parole. Rappelant le rôle tragique joué par Judas dans l’arrestation du Maître, il a appris à ses frères comment cet homme avait péri. Comment il avait jeté les trente pièces d’argent, salaire de l’injustice, dans le Temple et s’était allé pendre. Comment les prêtres, qui ne pouvaient légalement verser au trésor du sanctuaire le prix du sang, avaient acheté un champ, le champ du Potier dans la vallée de Hinôm, pour y ensevelir les non Juifs. Et comment ce champ
avait été nommé le champ du Sang. Puis il en est venu à son propos véritable. Puisque ainsi l’un des douze avait trahi et s’était, par sa propre volonté, exclu de la communauté, il fallait choisir quelqu’un qui le remplaçât. Le choix devait s’effectuer parmi ceux qui avaient été présents dès l’origine, présents depuis le baptême de Jésus dans le Jourdain et jusqu’à sa crucifixion sur la colline du Crâne. Deux d’entre eux alors se sont avancés. Ils se sont proposés. Les deux sont bien connus de tous. Il s’agit de Joseph, autrement nommé Barsabbas, et par certains Justus, ainsi que de Matthias. Tous deux étaient dignes et personne n’a voulu choisir l’un et écarter l’autre. Aussi, ensemble ont-ils décidé de s’en remettre à Dieu pour désigner celui qui allait devenir apôtre auprès des autres apôtres. C’est ainsi que la communauté a tiré au sort et que Matthias a été élu.
 
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Jean-Michel DI FALCO

Evêque émérite de Gap et d’Embrun.
Fondateur du groupe de chanteurs "Les Prêtres".

Publié: 01/11/2021