L’âne de la fuite en Egypte

La fuite en Egypte : icône copte contemporaine de Jacqueline Ascott, Maadi (près du Caire).
Presbytère de la basilique de l’Embarcadère de la Sainte-Famille.

L’évangéliste Matthieu, pour nous présenter Jésus comme le nouveau Moïse et le nouvel Israël, imagine pour l’enfant et ses parents un passage en Égypte ().

Ce qui n’était, dans le prologue de l’évangéliste judéo-chrétien, que simple évocation s’inspirant fortement du midrash du petit Moïse, deviendra, dans certains évangiles apocryphes (notamment, au VIe siècle, l’évangile du Pseudo-Matthieu), une véritable saga ponctuée de miracles : l’enfant Jésus obtient ainsi d’un palmier qu’il s’incline aux pieds de Marie pour lui permettre de cueillir ses fruits avant de l’inviter à se redresser ; quant à l’âne dont il n’est pas question dans le texte de Matthieu, il trottine, dans ces récits légendaires, non seulement avec les bœufs et autres bêtes de somme qui portent les bagages de la Sainte Famille, mais encore en l’aimable compagnie de lions et de léopards.

Chez les chrétiens d’Égypte, ce que les Occidentaux ont désigné comme "la fuite en Égypte" est qualifié plutôt d’"entrée du Christ en Égypte" et a pris - on le comprend ! - une grande place dans la spiritualité, l’iconographie et la liturgie coptes. Cet épisode met fin, en effet, à la malédiction qui semblait peser sur l’Egypte depuis le livre de l’Exode. Les coptes le fêtent le 2 juin.

Dessin de Christian Louveau
© Port St-Nicolas

Le sacristain, qui s’émerveille devant la beauté des icônes coptes, a plus de mal à s’émouvoir devant l’itinéraire présenté comme étant celui de la Sainte Famille et, quand il s’essaie à la peinture d’icône, se laisse aller à une vision plus prosaïque de la "fuite en Égypte"...

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Philippe LOUVEAU

Prêtre du diocèse de Créteil, ancien équipier de PSN.
Curé doyen de la paroisse Saint-Georges à Villeneuve-Saint-Georges.

Publié: 01/12/2023