Retable d’Issenheim
Mathias Grünewald (c.1475-80-1528). Retable d’Issenheim, 1512-1516. Huile sur bois, Colmar, musée Unterlinden.

Peint au début du XVIe siècle, le retable d’Issenheim nous rappelle cette année particulièrement que c’est pour nous que Jésus choisit de vivre sa Passion.
Le retable fut peint pour l’hôpital du couvent des Antonins, à Issenheim. En quoi cette image de déréliction, cruelle et délirante pouvait réconforter les malades ?
A Issenheim, on soignait le mal des Ardents, appelé aussi feu de Saint Antoine. Terrible maladie transmise par la farine de seigle, provoquant une lente agonie, fièvre délirante, pourrissement des chairs, déformations et noircissement des membres, affections de la peau comme lacérée d’épines.
Devant l’épidémie et son cortège de souffrances et de peurs, nos ancêtres étaient tentés par les mêmes questions que nous : Dieu se vengerait-il de nos péchés ? Nous enverrait-il la maladie comme autant de serpents brûlants ?
Les frères antonins répondirent à cette question - la plus terrible qui soit - par la commande de ce retable. Observons le Christ.

Ni la flagellation ni la crucifixion ne peuvent expliquer la façon dont il est représenté, ses pieds et ses mains, déformés, noircis et pourrissant déjà, sa peau comme criblée d’épines. Le Christ contemplé par les victimes du feu de St Antoine souffrait du même mal qu’eux. C’était leurs souffrances qu’il portait (Isaïe 53), entouré de ses proches, démunis comme ceux qui voient mourir celui qu’ils aiment, suppliant en vain, mangés de larmes au point de défaillir.

Comment meurt un crucifié ? Les blessures qu’il a pu recevoir ne le font pas mourir. Il meurt asphyxié, incapable d’aspirer l’air nécessaire à ses poumons. Nous dirions aujourd’hui qu’il meurt en détresse respiratoire, ce symptôme que nous redoutons tous, au cœur de l’épidémie de Coronavirus.
Ce sont nos souffrances qu’il portait.
Hors du temps, Jean le Baptiste désigne Jésus du doigt, accompagné d’un petit agneau versant son sang dans un calice. Il sait que ce qui se passe est vertigineusement grand. Il sait et témoigne que Dieu lui-même se fait victime de la même souffrance des hommes, et que c’est là sa tragique puissance.
Le crucifié n’est pas un simple mourant. Il est l’Agneau de Dieu, Verbe éternel, Fils divin. Plus que jamais sur la croix, il porte son nom d’Emmanuel : « Dieu avec nous. »
Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.
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