La conversion de saint Paul
William Blake (Londres 1757-1827) c. 1800-1805. Dessin aquarellé, 41 x 36 cm. The Huntington Art Museum
Esprit religieux et mystique, créateur d’un univers fantastique dérivé de la Bible et de traditions païennes, William Blake est un artiste des plus étonnants. Malgré son syncrétisme évident, son œuvre religieuse se révèle pourtant parfois riche de sens chrétien.
Blake met en scène la conversion de Saul dans un climat fantastique peuplé de formes étranges aux teintes jaunes ou bleutées, desquelles émergent les figures de Saul sur son cheval et de Jésus lui apparaissant.
Les Actes des Apôtres précisent que Saul était animé « d’une rage meurtrière » envers les disciples du Christ. Pour l’exprimer, les artistes eurent souvent recours à l’univers militaire. Les formes bleu sombre hérissées de piques sont des soldats armés de lances. Projetés à terre comme ceux qui gardaient le sépulcre, ils sont impuissants face à l’apparition divine.
Le cheval, absent du texte, mais courant dans l’iconographie car il permet d’amplifier le mouvement de chute de Saul, est ici étonnamment calme, comme agenouillé. Ce n’est pas l’animal fougueux et affolé peint par tant d’artistes. Il ressemble plutôt à l’ânesse de Balaam, au livre des Nombres, qui se coucha devant l’ange du Seigneur, qu’elle avait reconnu avant son maître. ()
Car il s’agit bien de cela : faire reconnaître à Saul qui est vraiment ce « Jésus qu’il persécute ». Enveloppé d’une « clarté venant du ciel », celui-ci apparaît au cœur d’une nuée d’anges toute en lignes arabesques. Son corps épouse ces lignes serpentines. Seul son visage et ses bras sont dessinés précisément, car ils expriment la parole que Jésus adresse à Saul. D’une main, il le désigne, sans dureté. De l’autre, il lui ouvre un chemin, il l’envoie, vers la ville, bien sûr, mais surtout vers le monde entier. Ses yeux plongent dans ceux de Saul, bouche bée. Cet échange de regards semble ne pas pouvoir s’interrompre. Dans l’Ancienne Alliance, voir Dieu entraînait la mort. Ici, dans la Nouvelle Alliance scellée dans le Christ, le contempler est source de vie. Pendant trois jours, Saul, aveugle, connaîtra quelque chose de la nuit du tombeau. Dans le baptême, il ressuscitera pour une vie nouvelle consacrée à l’Evangile qu’il avait d’abord combattu.
En un instant, Paul a compris l’essentiel : pour être disciple du Christ, il faut plonger son regard dans le sien, toujours, souvent, pour y puiser force et réconfort. Il faut s’ouvrir à sa grâce de tout son être, jusqu’à celle de la croix qu’il dessine de ses bras ouverts comme les ailes d’un oiseau retrouvant sa liberté.
Prêtre du diocèse de Cambrai, responsable de la Commission d’art sacré.
- Résurrection (Issenheim)
- La lumière du Monde
- Le Bon Pasteur
- La compassion du Père
- Le baptême de Jésus
- Le Buisson Ardent
- Apparition du Christ aux apôtres
- Retable d’Issenheim
- Moïse présentant les tables de la loi, de Philippe de Champaigne (vers 1648).
- La conversion de saint Paul
- Le centurion de Capharnaüm, de Paolo Véronèse
- Jésus devant Pilate (1566-1567) - Tintoret
- Les Saintes Femmes au tombeau
- La femme adultère (Jn 8, 1-11) - Lorenzo Lotto (1480-1556)
- Salvator Mundi (c. 1516-18) - Joos Van Cleve (c. 1485- 1540-41)
- La Sainte Famille à l’oisillon, de Murillo (vers 1650)
- Le Père ressuscite Jésus (Ac 13, 26-33)
- L’Ascension
- Etienne
- La guérison de l’aveugle né
- Sacré Cœur crucifié (1894) - Maurice Denis (1870-1943)
- La libération des apôtres
- Jésus et Nicodème
- Le couronnement de la Vierge Marie
- La pêche miraculeuse
- Le lavement des pieds - Marko Yvan Rupnik
- Les Saintes Femmes au Tombeau
- Résurrection - Arcabas (1926-2018)
- Le Bon Berger
- La vendange mystique