2e dimanche de Carême

1. Peu de temps auparavant, Jésus avait posé à ses disciples la question : « Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme ? » Pierre avait répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Ce récit, écrit longtemps après Pâques, ne dit pas tout ce qu’on disait de lui. Jésus devint un objet de scandale pour tous ceux qui lui reprochaient de changer la religion des ancêtres, de se mettre au-dessus du sabbat. On le traita de possédé du diable. Cela, Jésus n’avait pas besoin de le demander, il le savait. Il savait aussi qu’on ne le laisserait pas faire Il fut d’ailleurs condamné pour un motif sans appel : le blasphème. Jésus le savait et ce jour-là il en avait averti ses Apôtres : « Le Fils de l’homme doit souffrir beaucoup, rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être mis à mort. » On condamne toujours à mort aujourd’hui dans plusieurs pays, pour blasphème.

2. Ce qui devait arriver, arriva et laissa les disciples dans le plus grand désarroi. Ils l’abandonnent aux mains des gardiens du Temple venus l’arrêter. Pierre, par peur de subir le même sort, ira jusqu’à le renier : « Non, je ne connais pas cet homme. » Il fallut la résurrection pour les voir revenir autour de lui. En relisant ce qu’ils avaient vécu avec lui, ils durent se rappeler qu’il leur en avait parlé. Qu’il leur avait montré qu’il ne contrevenait ni à Moïse et à sa Loi, ni aux prophètes et à Elie, le plus illustre d’entre eux. Il leur dit que ce qui devait arriver, arrivera mais que ce ne sera pas la fin. Ils s’en souvinrent plus tard, après la résurrection, et mirent par écrit ce message d’espérance qu’il leur avait délivré.

3. Un message d’espérance toujours pour tous ceux qui, par la suite, lui accorderont leur confiance. En prenant à leur tour le risque de se voir incompris, rejeté. Paul ne passa par aucune ville sans devoir la quitter sous la menace d’une arrestation. Mais il a fait de la Croix le signe victorieux sur la haine. De la haine, le monde s’en étrangle. Avec les cordes des pouvoirs politiques, des sentiments racistes, des persécutions religieuses. Actuellement les chrétiens constituent le groupe religieux le plus persécuté dans le monde. Selon une ONG, plus de 365 millions de chrétiens sont persécutés dans le monde dans 76 pays. En 2023 seulement, 5 600 chrétiens ont été tués (1/7), 4 000 emprisonnés dont 50 % en Inde, 4 000 kidnappés, la plupart au Nigeria, et 14 000 églises ont été brûlées. Tout dernièrement le président du Nicaragua a déclaré la guerre à l’Église catholique, la traitant de dictature. Il ne se passe pas un jour sans qu’il ne fasse emprisonner ou expulser évêques, prêtres, religieux interdire ses ONG, fermer ses écoles. Un évêque a pourtant préféré l’emprisonnement et tout ce qu’il comporte pour témoigner plutôt que l’expulsion.

4. Nous avons, nous-aussi besoin, de raviver notre espérance lorsque des épreuves viennent saper notre sérénité. Notre santé, nos relations les uns avec les autres, les événements de la vie, les abus en tous genres, l’image de l’Église, les conflits mondiaux et leurs victimes en sont le terreau et nous tirent vers le bas. Il apparaît bien que notre impuissance aille grandissante. Notre attachement au Christ peut-il, non pas nous les faire oublier, mais nous les faire regarder comme lui les regardait ? Voici comment a réagi la victime d’un accident qui se voyait en train de perdre l’usage définitif d’un membre. « Hospitalisé, je me suis d’abord rendu compte que je n’étais pas seul, que nombre de personnes proches ou lointaines se trouvaient dans des situations incomparablement plus désespérantes et que je n’étais entré que par la petite porte dans le cortège de tous les souffrants. J’ai appris ce que voulait dire la solidarité dans l’épreuve. J’ai appris que je devrais avoir honte de me plaindre, et qu’au lieu de cela, je me devais d’écouter, d’encourager, de me montrer proche. Ce ne sont pas tant les paroles qui comptent mais le cœur qu’on y met. Qu’en agissant ainsi, je disais un peu de l’espérance que le Christ nous a montrée. »

Seigneur, tu nous invites à quitter la plaine de nos inquiétudes, de nos découragements, pour monter avec Toi à la rencontre de ce Père pour nous entendre dire que nous sommes, nous aussi, avec Lui et en Lui, ses enfants bien-aimés.


Méditation

Sur cette colline, dont ils firent une montagne,
Tu leur as montré, Seigneur, la face cachée
De la splendeur que, de ton Père, tu tenais.
Et ils ne voulurent plus de leurs campagnes.

Ils ne savaient pas que, transfiguré ce jour,
Tu serais défiguré dans une arrière-cour.
Ils ne savaient pas que deux pauvres larrons
Te seraient donnés pour seuls compagnons.

Toi tu savais qu’il fallait subir
La dureté du cœur de l’homme
Pour lui montrer jusqu’où l’amour
Devait aller pour l’en guérir.

Seigneur, que tes chemins sont difficiles à suivre
Nous aurions aimé moins de meurtrissures.
Mais tu as voulu nous montrer le comment vivre
Lorsque viendront les épreuves qui défigurent.

Faire silence et laisser les mots se taire,
Lever les yeux et l’âme en prière
Vers celui qui, les bras écartés,
Mourut le cœur d’amour tout navré.

Une faute d'orthographe, une erreur, un problème ?   
 
Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 25/02/2024