Destination : Le Caire

Louis, compagnon du devoir en tant que menuisier-charpentier, a déjà entamé son tour de France selon les pratiques habituelles des Compagnons. Mais pour lui, c’est au-delà des frontières qu’il veut aller travailler et mettre son savoir au service de beaucoup et aussi recevoir des autres ; vivre ailleurs. Il a réalisé son projet audacieux, soutenu par les siens même s’ils ont exprimé quelques inquiétudes et se sont risqués à multiplier les recommandations avant son départ.

Après avoir traversé l’Italie, la Bosnie, la Slovénie, la Croatie, la Bulgarie, la Turquie et l’île de Chypre, mi-septembre, il vient d’arriver au Caire. Un voyage de 4 500 kilomètres parcourus à pied depuis le 1er avril ! Parti sans argent, sans téléphone, au fil de ses multiples étapes, il a dû rencontrer bien des personnes pour l’hospitalité et les repas. Dans les quatorze mails adressés à ses parents, il fait part de ses découvertes : « Je me suis fait héberger dans des hôtels, des familles, des églises. Aujourd’hui je vous écris depuis une mosquée. Je fais tous les jours de nouvelles rencontres, la faim et la soif obligent. C’est à la fois ma malédiction et ma bénédiction. Sans me mettre ainsi dans le besoin, je n’aurais pas eu ce courage d’aller vers tous ces gens. »

La brièveté de ses quatorze mails ne lui permet pas de détailler tout ce qu’il vit. Toutefois, on perçoit son acharnement pour arriver jusqu’au but qu’il s’était fixé, au travers quelques propos significatifs : « Je prends énormément de plaisir, je rencontre beaucoup de gens et j’en prends plein la vue… Sur un col des Alpes je suis tombé, j’ai cassé un de mes bâtons et j’ai perdu une gourde mais je rencontre plein de personnes généreuses qui m’ont offert un nouveau matériel. » Alors qu’il est proche d’Istanbul, il écrit : « Mon matériel commence à être fatigué, les nouvelles semelles ne m’amèneront pas beaucoup plus loin qu’Istanbul je pense. Je ne m’inquiète pas trop car je trouverai un moyen de refaire une réparation ou alors quelqu’un me donnera une autre paire. Sur ma route, je rencontre des personnes qui font beaucoup pour moi. » Il parle de pays qui portent des stigmates de la guerre sur la façade des maisons. Il évoque aussi quelques tracas policiers à certaines frontières.

Le 22 septembre, la famille reçoit enfin le mail attendu : « J’ai le bonheur de vous annoncer mon arrivée dans la ville du Caire. Le 14 septembre, j’ai posé mon sac sur la place Tahrir, il était 19h30. Maintenant, je reprends une vie normale et je me prépare pour mon apprentissage de l’arabe. » Très certainement la "vie normale" dont il parle ne peut que susciter étonnement et admiration.

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Michel AMALRIC

Prêtre du diocèse d’Albi, chargé de la communication.

Publié: 01/11/2022