Calais… enfin le bout du tunnel ?

Une réflexion de Denis Vinckier, vice-président des Semaines sociales de France, conseiller régional des Hauts-de-France (écrite le 14 septembre 2016).

Plusieurs déclarations et prises de position ces derniers jours, permettent de le penser.

D’abord le ministre de l’intérieur qui confirme « le démantèlement de la jungle », le président de la Région des Hauts de France qui lui emboîte le pas en allant discuter avec les Anglais, Emmanuel Macron qui affirme que les migrants sont une richesse et une opportunité économique et enfin François Bayrou qui rappelle les communes de France à leur devoir de subsidiarité : « Il est absolument anormal que les responsables de la vie civique, locale – les maires – ne soient pas associés à la question de l’accueil des migrants. Que l’État s’arroge ce droit est complètement anormal. Je défends le droit des élus locaux à proposer des solutions alternatives à ce que l’État décide assez souvent avec des œillères. »

Avec cette séquence inédite et salutaire, faite d’un ensemble à la fois de déclarations responsables et cohérentes les unes par rapports aux autres, on semble entrevoir presque un bout de tunnel pour Calais, sa région, et l’idée que nous nous faisons de la mondialisation, plutôt heureuse, au milieu de bien des malheurs du monde. En confirmant la poursuite des opérations après le démantèlement de la zone sud au début du mois de mars dernier, Bernard Cazeneuve confirme que tout cela doit bien entendu se faire par étapes, en commençant par créer davantage de places d’hébergement en France pour désengorger Calais. Un point incontournable de la mission confiée, en juillet 2014, à Jérôme Vignon et Jean Aribaud, ancien préfet, ayant donné lieu, en juin 2015, au rapport : Le pas d’après… et la mise en place d’une véritable stratégie pour un Etat qui doit maintenir l’Etat de droit pour les Calaisiens.

Pour celles et ceux qui ont fait de cette question un défi à relever, c’est aussi une question européenne qui prend un tour aigu, présentant un caractère exceptionnel mais qui n’est pas humainement insurmontable à moyen terme. Jérôme Vignon avait pu nous donner de solides clés pour comprendre cette situation. Depuis environ 15 ans, le chiffre des personnes réfugiées ou déplacées est à la hausse, pour atteindre 43 millions en 2015. La mondialisation a parallèlement accru la formation, les transports, la communication, la visibilité des écarts de richesses. Et donc ce ne sont pas seulement les guerres et, à terme, le climat et l’environnement qui expliquent ces évolutions. Les migrations constituent des éléments constants de croissance, de développement, de mondialisation, mais aussi d’interculturalité et d’apprentissage des langues. Les flux, les volumes s’accroissent. Des changements dans les migrations s’opèrent. Raison de plus pour les regarder de près et s’atteler à la tâche rude.

Ce qui bouge en ce moment à Calais va peut-être par ailleurs permettre, avec le recul, de penser la conception géographique et historique de la situation de Calais. Les acteurs de tous ordres ont commencé mais vont aussi pouvoir amplifier une réflexion urbanistique d’ampleur et durable pour Calais et le Calaisis. Il y a enfin de quoi mettre en lumière des métiers d’avenir. La médiation culturelle qui s’exerce à Calais reste…à valoriser ! On le voit bien mais c’est utile de le rappeler, face aux populismes qui instrumentalisent les problèmes pour en tirer profit, il est des réponses courageuses qui disent beaucoup d’une espérance en l’homme. Et comme si aucune fatalité ne devait être un obstacle, voilà que des deux côtés de la Manche, en plein Brexit, on se prend à rêver (de manière réaliste) qu’un métro puisse relier Calais et Ashford, de manière à fluidifier l’économie entre le Kent et les Hauts-de-France. Le volontarisme a de l’avenir !

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Denis VINCKIER

Vice-président des Semaines sociales de France.

Publié: 01/10/2016