Les métiers à hauts risques

En parcourant les Evangiles, je me suis demandé quels étaient, d’après le Seigneur les métiers à hauts risques. Certes, tous les métiers ne sont pas énumérés, mais il y en a un certain nombre que l’on peut trouver. Alors, voyons-les.

En premier, le métier (si l’on peut dire) de prêtre, de curé ou même de pape. Ne serais-tu pas un peu anticlérical Seigneur ? Si j’étais clerc, je me poserais la question avec une certaine inquiétude. Sans parler de tes démêlés sanglants avec le Sanhédrin, le tribunal ecclésiastique de l’époque, ça va du coup de griffe pour le lévite, dans la parabole du bon samaritain, jusqu’au "arrière Satan" à Pierre, futur premier pape ! Il faut croire que vouloir mener les autres n’est pas sans danger pour sa propre conduite.

Tu parles aussi des juges et tu préférerais qu’ils n’existent pas : on a besoin d’eux seulement en cas de conflit et tu souhaiterais qu’il n’y ait pas de conflits. Mais, si juger est un mal nécessaire, c’est aussi risqué pour ceux qui exercent ce métier, car eux aussi se mêlent de vouloir faire la morale aux autres.

Tu n’as rien, à priori, contre les percepteurs d’impôt : Zachée et Lévi peuvent en témoigner. Il suffit d’exercer cette activité avec honnêteté. Mais il y a c’est vrai, beaucoup de tentations à éviter et l’argent c’est bien tentant, Zachée en sait quelque chose ! Tes rapports avec les militaires ont été bons : que ce soit ce merveilleux centurion si pénétré d’humilité, si confiant dans ta puissance, et dont nous répétons les paroles chaque fois que nous nous approchons de toi lors de l’eucharistie ou ce centurion chargé de te crucifier et qui a reconnu ta filiation divine, il n’y a pas eu d’opposition, et pourtant, ils faisaient partie des troupes d’occupation ! Il est vrai que tous les militaires ont pour devise "servir", qui est un mot cher à ton coeur.

Ensuite, je trouve tous les métiers liés à l’artisanat : charpentier naturellement, bergers, vignerons, tisserands, laboureurs, qui ne paraissent pas avoir à tes yeux, de coloration particulière et que l’on peut exercer bien ou mal, selon les inclinations de son coeur.

Faut-il parler du plus vieux métier du monde et de ta tendresse pour les prostituées ? Elles vivent dans le péché, as-tu dit à l’une d’entre elles, mais les humiliations qu’elles subissent de la part des hommes qui sont bien contents de les utiliser, doivent leur permettre de s’en sortir, à condition de trouver un amour véritable.

Alors, faut-il refuser tous les postes à responsabilités et s’orienter uniquement vers les petits métiers ? Sûrement pas. Mais il faut se rappeler ce que tu as dit à Pilate : "Toute autorité vient d’en haut" et se rappeler également la parabole des talents : à celui qui a beaucoup reçu, amour des siens, intelligence, santé, diplômes, éventuellement fortune, il sera beaucoup demandé et c’est très bien ainsi.

Alors si malgré la remarque du début de cette réflexion, ce texte obtient le nihil obstat, c’est que pas mal de responsables religieux sont très ouverts, et de cela j’ai toujours été intimement persuadée.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 30/11/2001