Sciences, clercs et religieux pendant La révolution industrielle (v. 1750 - 1900)

Le présent compendium contient les noms des clercs ou des membres d’un ordre religieux dont la contribution historique au développement de la culture scientifique semble solidement avérée. Il ne prétend pas être exhaustif, et les informations rassemblées ci-dessous manquent parfois de précision du simple fait de leur concision. Certains des personnages mentionnés ont parfois négligé la théologie au profit des sciences, tandis que d’autres ont parfois fait le choix inverse, et que d’autres encore ont trouvé leur bonheur en parvenant à établir un certain équilibre entre toutes les dimensions de leur vocation.
La notice ci-dessous mentionne rarement ce qu’il en a été pour chacun, et ne cherche à juger personne. Le choix des noms retenus ici, qui se veut aussi objectif que possible, comporte malgré tout inévitablement une part de subjectivité et d’ignorance de la part de l’auteur.
 Ces articles sont publiés avec la permission de l’association Foi-et-Culture-Scientifique du diocèse d’Evry. Revue Connaitre- N° 39 - juillet 2013

1. Sciences physico–mathématiques

Au milieu du XVIIIe siècle, de nouvelles directions de recherche apparaissent en physique et notamment en électricité. Parmi les noms attachés à ces recherches figure celui d’Ewald Jurgen von Kleist, doyen de la cathédrale de Camin en Poméranie (v. 1700–1748) qui découvre, quelques mois avant le laïc hollandais Musschenbroek, en 1745, ce que nous appelons aujourd’hui un condensateur.

La chaine de l’abbé Nollet

En 1746, l’abbé Nollet (1700–1770) montre que l’électricité peut servir de moyen de communication très rapide. Pour cela, il demande à quelque deux cents moines de se relier les uns aux autres par des barres métalliques sur une longueur totale de l’ordre du kilomètre, puis les électrocute tous (sans heureusement les tuer !) de manière quasi simultanée... Indépendamment de cet épisode quelque peu surréaliste, Nollet est aussi le premier à imaginer que l’électricité pourrait être utilisée dans un but thérapeutique – sans obtenir toutefois de succès concluant.

Le religieux prémontré tchèque Divis Prokop (1658–1765) construit entre 1750 et 1754 l’un des premiers paratonnerres, indépendamment de Benjamin Franklin dont les travaux novateurs sur le sujet se situent entre 1750 et 1752. Malgré les efforts de personnages comme Franklin ou Prokop, le principe du paratonnerre (contesté par Nollet) mettra du temps à être accepté par la population européenne, y compris par certains hommes d’Église. Les italiens Paolo Frisi (1728–1784), Giovanni Battista Beccaria (1716–1781), Giuseppe Toaldo (1719–1797) et l’allemand Maximus von Imhof (1758– 1817) comptent parmi ses meilleurs vulgarisateurs.

Le pasteur allemand Christoph Bohnenberger (1732–1807) construit plusieurs machines électrostatiques. Son fils Friedrich Bohnenberger (1765– 1831), pasteur lui aussi, invente un électroscope et, en 1817, la première machine mettant en évidence l’effet gyroscopique.
Mentionnons aussi qu’à la même époque, Luigi Galvani (1737–1798) et André–Marie Ampère (1775–1836), qui contribuent de manière éminente aux progrès de la compréhension des phénomènes électriques, sont deux laïcs membres du tiers-ordre franciscain.

le premier moteur électrique de Jedlik

L’italien Francesco Zantedeschi (1797–1873) publie en 1829 et 1830 deux mémoires anticipant les expériences de Faraday de 1831 sur la production de courant électrique par un champ magnétique en mouvement. Il est aussi le premier à construire un spectromètre solaire.
Le prêtre irlandais Nicholas Callan (1799–1864) découvre en 1836 la bobine à induction. Le moine hongrois Jedlik Anyos (1800–1895) invente la dynamo à une date indéterminée située avant 1861, donc plusieurs années avant Siemens.
L’étude des phénomènes électromagnétiques n’est pas la seule discipline nouvelle du XVIIIe siècle. Le prêtre anglican John Michell (1724–1793), inventeur de la balance de torsion, est le premier à suggérer que les mouvements du sol impliqués dans un tremblement de terre se propagent sous forme d’ondes à partir d’une rupture dans l’écorce terrestre. Il est aussi le premier à imaginer un objet céleste assez lourd pour empêcher tout échappement de lumière, ce que l’on appelle aujourd’hui un « trou noir ».L’anglais Nevil Maskelyne (1732–1811), anglican, réussit à mesurer la densité de la Terre avec un fil à plomb en 1774.
L’abbé français Charles Bossut (1730–1780) étudie l’hydrodynamique, particulièrement la résistance que l’eau oppose au mouvement des navires. Le prêtre anglican Samuel Vince (1749–1821) publie ses observations concernant l’influence de la friction sur le déplacement des corps dans un fluide, qui serviront un siècle plus tard au développement de l’aviation. L’italien Giovanni-Battista Venturi (1746–1822) conçoit l’effet d’hydrodynamique qui porte désormais son nom.
Autre discipline nouvelle, la cristallographie naît à partir des travaux de l’abbé René-Just Haüy (1743–1822) dont l’autorité fait école autour d’un groupe de spécialistes dont font partie les abbés Tonnelier, Clouet et Tondi. Haüy a été un temps membre de la Compagnie de Jésus, puis l’a quittée mais sans jamais renoncer à son engagement à la prêtrise. Il est aussi connu des historiens grâce à son frère Valentin Haüy à qui l’on doit la fondation d’un institut pour aveugles.
En Italie, l’observatoire astronomique Ximeniano de Florence diversifie ses recherches sous la direction du religieux piariste Giovanni Antonelli (1818–1871), et s’oriente vers la sismologie avec Filippo Cecchi (1822– 1887). Participent à la recherche en sismologie italienne les religieux Timoteo Bertelli (1826–1905), Camillo Melzi d’Eril (1851–1929) et le vulcanologue Giuseppe Mercalli (1850–1910). L’italien Francesco Denza (1834–1894) se spécialise en météorologie.
Parallèlement à toutes ces nouveautés, certaines recherches de la même période font aussi progresser les branches plus classiques au sein des mathématiques et de la science physique. Giovanni Fagnano (1715–1797) et Lorenzo Mascheroni (1750–1800) poursuivent l’effort mathématique italien. Leur compatriote Francesco Faa di Bruno (1825–1888) s’investit beaucoup dans des activités de bienfaisance, au détriment de son temps disponible pour la recherche scientifique. Il est béatifié en 1988. Le prêtre catholique tchèque Bernard Bolzano (1781–1848) approfondit la notion d’infini et élabore avec Weierstrass le théorème qui porte leur nom. Georges Salmon (1819–1904), noté pour ses travaux en géométrie algébrique, est ministre de l’Église irlandaise (protestante). En France, l’abbé Louis Stanislas Aoust (1814–1885) se spécialise en analyse géométrique. Le mexicain Jose Antonio Alzate (1738–1799) envoie divers mémoires à l’Académie des Sciences de Paris traitant notamment d’astronomie et de métallurgie. Le théatin italien Giuseppe Piazzi (1746–1826) découvre Cérès, planète naine du système solaire. L’astronomie italienne peut aussi s’enorgueillir des noms de Barnaba Oriani (1752–1833), Francesco de Vico (1805–1848), Angelo Secchi (1818–1878), Alessandro Serpieri (1823–1885) et Giovanni Boccardi (1859–1936). Angelo Secchi, notamment, contribue aux premiers développements de l’astronomie spectroscopique et de la classification des étoiles. L’américain George Mary Searle (1839–1918) découvre six nouvelles galaxies, puis entre dans la société des paulistes.

Contribution des jésuites

Roger Boscovich (1711–1787), croate (né de père serbe et de mère italienne) apporte plusieurs contributions remarquables en mathématiques et en physique fondamentale. Entre bien d’autres choses (on lui doit cent cinquante et une publications, dont environ la moitié en sciences), Boscovich lance l’idée d’une théorie des champs unifiés décrivant (à titre d’hypothèse) les forces s’exerçant entre des atomes, dont il suppose également l’existence. Le musicien Jean-Benjamin de la Borde (1711–1794) invente en 1759 une sorte de clavecin électrique. François Moigno (1804–1884), qui quitte la Compagnie de Jésus en 1843 sans renoncer à sa vocation de prêtre, fonde en 1852 la revue de vulgarisation scientifique Cosmos, rebaptisée en 1862 la Revue des Mondes. Cette revue fait connaître au public francophone des inventions diverses issues de toute l’Europe et des États-Unis. Michel Jullien (1827–1911) et Théophile Pépin (1826–1904), ainsi que le prêtre orthodoxe russe Ivan Pervushin (1827–1900) contribuent à la théorie des nombres. En astronomie, le tchèque Christian Mayer (1719–1783) progresse dans l’observation des étoiles doubles. Johann Hagen (1847–1930) publie en 1899 un Atlas Stellarum Variabilirum.

En sciences de la terre, l’évêque français Louis Rendu (1789–1859) publie une Théorie des Glaciers de la Savoie ; l’italien Antonio Stoppani (1824–1891) étudie la géologie du nord de l’Italie ; le prêtre anglican Thomas George Bonney (1833–1923) étudie la géologie des Alpes et de la Grande Bretagne. Le prêtre catholique Joseph-Clovis Kemner-Laflamme (1849–1910) effectue un travail similaire au Québec.
Les progrès scientifiques s’accompagnent d’un développement technologique qui ne cesse de s’accélérer et auquel les clercs participent également de manière très diversifiée. Le prêtre anglican Edmund Cartwright (1743–1823) met au point un métier à tisser mécanique entre 1785 et 1787. William Gregor (1761–1817), anglican lui aussi, découvre le titane en 1791. Le chanoine belge Jean-Jacques Dony (1759–1819) (Dony est chanoine sans avoir été ordonné prêtre) met au point un procédé de production du zinc entre 1805 et 1810. Le clergyman écossais Alexander Forsyth (1769–1843) invente (mais s’agit–il d’un véritable « progrès » ?) le système de percussion pour les armes à feu. Les travaux du prêtre anglican Abraham Bennett (1749–1799) contribuent à mettre le laïc Alessandro Volta sur la voie de la découverte du principe de la pile électrique. L’abbé italien Giuseppe Zamboni 1776–1846) invente en 1812 la première pile sèche dont le voltage peut atteindre plus de 2000 volts et dont la décharge est si faible qu’il croit avoir inventé une source d’énergie perpétuelle.
En 1816, le clerc de l’Église Écossaise Robert Stirling (1790–1878) invente le moteur à vapeur au rendement particulièrement efficace qui porte son nom. En 1820, le prêtre anglican William Cecil (1792–1882) fait fonctionner un nouveau modèle de moteur à hydrogène (l’invention du moteur à hydrogène proprement dite remontant aux travaux du laïc suisse François-Isaac de Rivaz en 1807). En 1827, le pasteur d’origine écossaise Patrick Bell (1799–1869) met au point la première machine mécanique pour la cueillette agricole. Le prêtre catholique allemand Lorentz Hengler (1806–1858) invente en 1832 un pendule horizontal. Le britannique Joseph Bancroft Reade (1801–1870) découvre l’intérêt de l’usage de l’acide gallique en photographie, et le slovène Janez Puhar (1814–1864) invente en 1842 la photographie sur verre. En 1854, le religieux piariste italien Eugenio Barsanti (1821–1864) invente avec la collaboration de l’ingénieur Felice Matteuci l’un des premiers, voire le premier moteur à explosion.

Le pantelegraphe de Caselli

En 1864, l’abbé Giovanni Caselli (1815–1891) invente le « pantélégraphe », sorte d’ancêtre du télécopieur moderne (le premier modèle de télécopieur étant dû à Alexander Bain une trentaine d’années auparavant). En 1865, la Compagnie de Jésus fonde à Manille un institut météorologique qui met au point les premières techniques de prédiction des cyclones. Les noms de Frédéric Faura et José-María Algué (1856–1930) sont particulièrement attachés à ce travail qui permet de sauver de nombreuses vies humaines au fil des ans, notamment parmi les marins philippins. En 1872, le prêtre anglican Ramus invente le redan, sorte d’échancrure dans la coque d’un bateau améliorant son hydrodynamisme à grande vitesse. Le capucin Julien de Mamers (1849–1929) conçoit et met en service un gazogène à acétylène qu’il appelle le « capucin ». En 1895, le cistercien Marcel Audiffren invente un ancêtre du réfrigérateur. Cet appareil est commercialisé aux États-Unis par la compagnie General Electric de 1911 à 1928. Le capucin français Candide de Magland invente en 1888 un stylographe (suite au renversement maladroit d’une fiole d’encre), puis une lessiveuse automatique à vapeur que son confrère Isidore d’Arbin perfectionne par l’adjonction d’une pompe brevetée, et enfin un « amortisseur acope », sorte d’ancêtre des semelles amortissantes qui vaut à son inventeur une médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris.

2. Sciences de la vie

La période 1750–1900 est également fertile en découvertes relevant des sciences de la vie. Le tournant scientifique le plus significatif dans ce domaine est dû à Charles Darwin (1809–1882) qui publie en 1859 son Évolution des Espèces. William Paley (1743–1805), archidiacre de Carlisle, a beaucoup influencé Darwin à travers son ouvrage Théologie Naturelle publié en 1802 et enseigné à Cambridge quand Darwin était étudiant. Parmi les personnes ayant contribué à donner à Darwin le goût des études de sciences naturelles figure également le prêtre anglican, géologue et botaniste John Henslow (1796–1861). Darwin lui-même avait pensé un moment dans sa jeunesse à embrasser la carrière ecclésiastique, avant d’être finalement porté vers l’athéisme à la fin de sa vie. L’un de ses cousins seconds et correspondants, William Darwin Fox (1805–1880) était un prêtre anglican, plus passionné semble-t-il par la recherche des fossiles de dinosaures dont il avait une riche collection que par le travail paroissial. La maturation des idées de Charles Darwin sur l’évolution des espèces fut quant à elle facilitée par les études démographiques du prêtre anglican Thomas Robert Malthus (1766–1833). Le magistère catholique romain demeurera, hélas, largement hermétique aux idées de Darwin pendant près d’un siècle malgré les intuitions précoces du laïc Maupertuis ou celles, moins précises, du jésuite chilien Juan Molina (1740–1829), botaniste ayant prêté une attention particulière à l’unité du monde vivant ; malgré aussi, après Darwin, les travaux du prêtre anglican Thomas Roscoe Rede Stebbing (1835–1926), spécialiste des amphipodes et grand défenseur des idées de Darwin, ceux du religieux de la Sainte Croix John-Augustine Zahn (1851–1921), ceux du chanoine catholique belge Henry de Dordolot (1855–1929) et malgré encore les écrits relativement plus tardifs du paléontologue jésuite Teilhard de Chardin (1881–1955)
Durant la période s’étendant de 1750 à 1900, les observations et recherches des clercs en sciences naturelles suivent des chemins très variés que nous présentons ci-dessous selon un ordre purement chronologique. L’italien Giovanni-Antonio Battara (1714–1789) étudie la mycologie. L’évêque luthérien Johan Ernst Gunnerus (1718–1773) étudie la flore norvégienne. L’anglais Gilbert White (1720–1793) s’efforce d’étudier la flore et la faune en préservant leur état vivant ; il est surnommé par certains le « premier écologiste d’Angleterre ». Le jésuite Francisco Cetti (1726–1778) inventorie la faune de la Sardaigne. Son confrère Pierre-Martial Cibot (1727–1784) décrit à ses lecteurs européens les techniques originales de l’arboriculture chinoise. Franz-Xaver Freiherr von Wulfen (1728–1805), jésuite lui aussi, fait de nombreuses découvertes botaniques, particulièrement dans les Alpes. Fulgenzio Vitman (1728–1806) fonde le jardin botanique de Brera, à Milan.
Le prêtre italien Lazzaro Spallanzani (1729–1799), adepte d’une méthodologie expérimentale bien plus rigoureuse que celle de ses prédécesseurs, démontre l’inexistence de la « génération spontanée » (concept jusqu’alors très répandu) dans le monde vivant. Il réalise aussi les premières expériences de fécondation « artificielle » en laboratoire dans le monde animal et les premières expériences de transplantation réussies de l’histoire de la biologie.

La première fécondation artificielle

Le chanoine José-Celestino Mutis (1732–1808) collectionne les plantes de Colombie et fonde le jardin botanique de Bogota. Le prêtre anglican John Lightfoot (1735–1788) contribue à la taxonomie des coquillages. L’abbé italien Ambrogio Soldani (1736–1808) étudie les micro-fossiles. Antonio-José de Cavanilles (1745–1805) et le cardinal Casimiro Gomez de Ortega (1740–1818) comptent parmi les taxonomistes espagnols les plus actifs du XVIIIe siècle. Ils répertorient de nombreuses espèces nouvelles venues du monde entier, notamment du Mexique et d’Océanie. À titre anecdotique, c’est Cavanilles qui donne au dahlia (plante venue du Mexique) le nom que nous lui connaissons aujourd’hui (en l’honneur d’un collaborateur suédois nommé Andreas Dahl). Cavanilles figure en outre parmi les précurseurs du concept de « développement durable » utilisé en écologie moderne. Dans le même temps, le franciscain brésilien José Mariano da Conceiçao Vellozo (1742–1811) étudie les plantes du Brésil. Son œuvre principale, Florae Fluminensis, en recense plus de mille. L’abbé français François Rozier (1734–1793) publie, entre autres, plusieurs mémoires d’agronomie. Le polonais Jan-Krzysztof Kluk (1739–1796) recense la faune et la flore de son pays. Le jésuite Franz Paula von Schrank (1747–1835) publie une œuvre considérable en sciences naturelles et dirige le jardin botanique de Munich. Le pasteur Christian Konrad Sprengel (1750–1816) élabore une théorie de la fertilisation des plantes aujourd’hui acceptée pour l’essentiel. Pierre-Joseph Bonaterre (1752–1804) découvre vingt-cinq espèces de poissons. Pierre-André Latreille (1762–1833) contribue fortement au développement de l’entomologie. Le pasteur danois Hans Christian Lyngbye (1782–1837) étudie la phycologie (étude des algues), tout comme l’évêque suédois Carl Adolph Agardh (1785–1859). Franz von Paula Hladnik (1773–1844) découvre de nouvelles espèces botaniques dans la province de Carniola (Slovénie). Le frère carme Leandro de Sacramento (1778–1829) assure en 1824 la fonction de premier directeur du jardin botanique de Rio de Janeiro dont il développe la vocation scientifique. Dámaso-Antonio Larrañaga (1798–1825) décrit certains oiseaux d’Uruguay. Le pasteur luthérien Lars Levi Laestadius (1800–1861) étudie la botanique en Suède et en pays Samit (Laponie). Le Norvégien Michael Sars (1805–1869) s’intéresse à l’ichtyologie (étude des poissons).
Johann Dzierzon (1811–1906), de la province de Silésie (aujourd’hui en Pologne), découvre la parthénogenèse des abeilles (dont les mâles naissent d’œufs non fécondés). Le français Jean-Baptiste Voirnot (1844–1900) promeut des méthodes d’apiculture modernisées et invente le modèle de ruche qui porte désormais son nom. Le moine autrichien Gregor Mendel (1822–1884) établit les bases de la génétique. Le monde des scientifiques ne prend conscience de l’importance de ses travaux qu’après sa mort.
L’italien Francesco Castracane degli Antelminelli (1817–1899), pionnier de la photographie effectuée au travers d’un microscope, découvre trois nouveaux genres et deux cent vingt-cinq espèces botaniques. Le belge Jean-Baptiste Carnoy (1836–1899) fonde à Louvain une équipe de recherche en biologie cellulaire. Léon Provancher (1820–1892) explore la richesse biologique (plantes, insectes, mollusques) du Québec. Victor-Alphonse Huard (1853–1929) contribue à la diffusion de son œuvre. Leur compatriote Louis-Ovide Brunet (1826–1876) est aussi un important pionnier de la botanique canadienne. L’archevêque hongrois Lajos Haynald (1816–1891) soutient les arts et les sciences par son activité de mécène. Il est lui-même botaniste, et la collection qu’il dirige comprend environ cent mille échantillons. Le franciscain autrichien Vinzenz Gredler (1823–1912) entreprend l’inventaire de la faune du Tyrol. Le lazariste et naturaliste Armand David (1826–1900) parcourt la Chine à la recherche de nouvelles espèces végétales et animales ; il fait connaître en Europe l’existence du panda. Son exemple est suivi en botanique par plusieurs prêtres des Missions Étrangères de Paris travaillant dans le sud-ouest de la Chine, notamment Jean-Marie Delavay (1834–1895), Guillaume Farges (1844–1912) et Jean-André Soulié (1858–1905) qui identifient plusieurs espèces de rhododendrons. Leur confrère linguiste et ethnologue Léopold Cadière (1869–1955), établi au Vietnam, fonde un jardin botanique à Cuâ-tùng. Le britannique Alfred Norman (1831–1918), prêtre anglican, décrit et collectionne la faune marine au large de l’Angleterre. Son compatriote William Colenso (1811–1899), évêque protestant, découvre de nombreuses espèces botaniques en Nouvelle Zélande. Le prêtre épiscopalien Moses Ashley Curtis (1808–1872) devient l’expert en mycologie le plus réputé de son temps aux États-Unis. Auguste Langlois (1832–1900), prêtre catholique américain d’origine française, recense quant à lui la flore et notamment les champignons de la Louisiane. Sa collection dépasse vingt mille échantillons. L’italien Giacomo Bresadola (1847–1929) est lui aussi spécialiste des champignons. Les prêtres catholiques Julian Tenison Woods (1832–1889) et Benedetto Schortechini (1845–1886) explorent la richesse géologique et biologique de l’Australie. Le jésuite Ernesto João Schmitz, (1845–1922) fait de même à Madère. Hermann Landois (1835–1905), zoologue, fonde le zoo de Münster.

En 1892, le missionnaire spiritain Clément Rodier (1829–1904) invente en Algérie la clémentine, fruit ressemblant à la mandarine mais dépourvu de pépins.

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François BARRIQUAND

Prêtre du diocèse de Créteil, scientifique et sinologue.

Publié: 01/02/2014