Le Coran parle-t-il de Jésus ? Et si oui, en quels termes ?

Les voyages, que son métier de caravanier occasionnait, ont mis Mohammed en contact avec des tribus juives et chrétiennes. Il était manifestement au courant des Écritures saintes, et plus encore de la littérature rabbinique et des écrits apocryphes. Le récit coranique le confirme abondamment.

On n’est donc pas surpris de trouver dans le Coran une quarantaine de références à Jésus, souvent associé à sa mère. Il y a même plus de mentions de Marie dans le Coran que dans l’Évangile !

Ce qui est plus étonnant, pour un lecteur chrétien, est de voir en quels termes élogieux on y parle de Jésus, de sa naissance virginale, de ses miracles, de son exaltation auprès de Dieu. "Envoyé de Dieu", "Prophète", "Oint", "Serviteur de Dieu", Jésus est même qualifié de "Verbe" et "Esprit" de Dieu ! Autant dire que Jésus a, pour le Coran, un statut et destin incomparables.

Mais cette "suréminence du Christ", que le Coran établit parmi tous les envoyés de Dieu avant Mohammed, a sa logique. Jésus y est tellement perçu du côté de Dieu qu’il ne peut pas avoir subi les supplices que les chrétiens disent qu’il a subis, qu’il ne peut pas être mort sur une croix. Si quelqu’un a été crucifié, comme le disent les Évangiles, ce ne peut pas être Jésus, mais un sosie, affirme le Coran (4, 156). Loin d’avoir subi la Passion, Jésus a été élevé directement dans la gloire de Dieu.

Notons-le : cette répugnance qu’a l’islam, aujourd’hui encore, à admettre la réalité de la crucifixion de Jésus en dit long sur le caractère inouï et proprement scandaleux que revêt la première prédication chrétienne au regard des autres croyants : "Alors que les juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les peuples païens." (1 Co 1,22-23).

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André KÉRYGME

Curé de Port Saint Nicolas

Publié: 01/05/2010