L’onction des malades : une force pour vivre

Adaptés aux différentes circonstances de la vie, tous les Sacrements sont des signes que Dieu nous donne, pour nous dire et nous donner son amour, sa présence, sa force ; pour nous faire entrer dans son Salut et nous permettre d’en devenir témoins...
Et la maladie, plus ou moins grave, se trouve sur tout chemin de vie à un moment ou à un autre. Comme une épreuve, comme un "passage" difficile, qui parfois nous fait même penser au grand passage qui est à l’horizon de toute vie...

L’onction des malades, pour qui ?

L’introduction du rituel parle de personnes "dangereusement malades"... Beaucoup pourraient en bénéficier , notamment ceux qui sont atteints de maladies très longues et pénibles, même s’il y a bon espoir que la médecine les guérisse. Le handicap physique irréversible provoqué par un accident est aussi une épreuve spirituelle que le sacrement pourrait aider à porter. De même la perspective d’une opération à risques...
Ce n’est pas une question d’âge. Une personne jeune peut sentir la maladie s’installer dans sa chair et marquer dangereusement sa vie. Quand vient le grand âge, il peut y avoir des étapes, des seuils, où les forces et l’autonomie diminuent "dangereusement"... Dans un passé encore récent, on a certainement eu tort d’attendre pratiquement un danger de mort immédiat pour penser à ce sacrement. Ecoutons nos premiers frères :

Dès le temps des Apôtres

"Si l’un d’entre vous est dans la souffrance, qu’il prie.
Si quelqu’un est dans la joie, qu’il chante le Seigneur.
Si l’un de vous est malade,
qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Eglise la fonction d’Anciens :
ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur.
Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade :
le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon.
Reconnaissez vos péchés les uns devant les autres,
et priez les uns pour les autres afin d’être guéris,
car la supplication du juste agit avec beaucoup de puissance."

(Epitre de Saint Jacques 5,13-16)

Souffrir, être "dangereusement malade"... La foi au pied du mur !

La maladie, la maladie grave, "remet beaucoup de compteurs à zéro" : il faut réapprendre bien des choses. Les gestes les plus simples parfois. Et aussi la prière. Alors qu’on aurait tout spécialement besoin de Dieu, on ne sait plus comment lui parler.

C’est un risque pour la foi, l’espérance et la charité : la révolte est parfois proche, avec le repliement sur soi et sur ses malheurs, l’isolement dont on souffre et qu’on risque en même temps d’entretenir, le regard sur les autres plus difficilement bienveillant...

Cela peut être aussi un temps d’approfondissement, de redécouverte de la vraie valeur des choses, des personnes... On hésite évidemment à dire une chance, même si certains, à l’expérience, le disent très clairement. Par le sacrement, les malades sont appelés et aidés à vivre dans la confiance le chemin parfois très rude qu’ils ont à parcourir.

La célébration du Sacrement des malades

Voici les mots qui accompagnent l’onction sur le front et dans les mains des malades avec l’huile sainte que l’Evêque bénit au cours de la Messe Chrismale chaque année :

"Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté
vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint.
Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève."

Le Sacrement des malades, c’est le sacrement du réconfort de Dieu...

En le célébrant dans la foi, bien consciemment, on peut souvent reconnaître de façon presque palpable les grâces de ce sacrement : grâce de vérité sur ce que nous sommes en train de vivre laborieusement... et cela peut aider chacun (le malade, les siens, ceux qui viennent au nom de la Communauté chrétienne) à trouver l’attitude et les mots justes grâce de paix et de réconfort, et parfois une véritable guérison de l’angoisse devant le présent et l’avenir incertains grâce d’abandon à l’amour paternel de Dieu dans la confiance, pour pouvoir dire dans la paix "Que Ta volonté soit faite" , dans la certitude que Dieu nous veut toujours Vivants, nous appelle toujours à la Vie.

Une question pour nos Communautés chrétiennes...

La maladie, le grand âge, le handicap, isolent souvent en mettant à part de la société. Et dans nos communautés chrétiennes, quelle place faisons-nous réellement à toutes ces personnes... qui ont peu de moyens de se faire entendre ? Quels liens de communion sont maintenus ou tissés avec elles ? Tous les membres du corps sont utiles à la vie de l’ensemble...!

Le sentiment d’être à charge ou même, simplement, de ne plus intéresser personne est une des souffrances des malades. Comment montrons-nous que nous les aimons, qu’ils comptent pour nous et que nous comptons sur eux ? C’est toute l’Eglise qui doit être "sacrement", vrai signe parlant de l’amour du Dieu Sauveur, au service des malades et de tous...

Lorsque cela est possible, savons-nous leur confier une intention de prière personnelle ou concernant la mission de l’Eglise ? L’Eglise a besoin de la foi, de l’espérance et de l’amour de ses membres souffrants comme elle a besoin de la prière des contemplatifs, de l’apostolat des missionnaires, du service de ceux qui sont donnés à leurs frères.

L’Eucharistie, le Pardon, le Sacrement des malades, tous les trois sont spécialement utiles à nos frères malades... "Il est vraiment dommage que beaucoup de malades soient privés de leurs grâces par la timidité des bien-portants... L’onction des malades est sans doute le plus ignoré de tous les sacrements... Ce sacrement fait penser à la grâce de Lourdes : peu de malades reviennent guéris, la plupart découvrent l’espérance."
(Jacques Perrier, actuel Evêque de Lourdes, in "Je sais en qui je crois")

Pour continuer

 Album Fêtes et Saisons n° 461, janvier 1992 : Trois Sacrements pour les Malades
 Jean-Marie Lustiger : Le Sacrement de l’Onction des Malades, 1990, Foi Vivante
 Daniel Labille : Prières et célébrations avec les personnes malades, Mars 2001
 Revue "Prier" : petit livret pour prier et célébrer avec les malades, 2003

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Fernand PROD’HOMME p.s.s.

Prêtre du diocèse du Val de Marne.

Publié: 31/12/2002