La Confirmation : un sacrement qui n’a pas fini d’être un signe !

Merci à ceux et celles qui expérimentent la chance d’accompagner des jeunes et de plus en plus d’adultes dans la préparation et la célébration de la confirmation.

Merci à ceux et celles qui ont compris que l’Église ne réserve pas ce sacrement à ceux qui se croient les plus forts, les meilleurs ; mais qu’elle l’offre à tous les baptisés qui se savent fragiles dans leur foi : il n’y a que les infirmes qui ont besoin d’être confirmés.

Merci enfin à tous ceux et celles qui ne se contentent pas d’attendre d’hypothétiques demandes, mais qui déploient des trésors d’imagination pour renouveler les formes de l’appel et des invitations.

 Commençons par le plus clair : pour le plus grand nombre, la confirmation vient après le baptême : elle le confirme.

Cette remarque n’a rien de banal : le sens de la confirmation dépend de celui du baptême. Cela tient au principe de toute initiation, laquelle demande du temps et des étapes : en cela, la confirmation est une prise de conscience plus claire de ce qui a été célébré au baptême. Elle permet d’assumer plus profondément le baptême jadis reçu ; nous savons tous à quel point les adolescents sont spontanément sensibles à cet aspect. D’une certaine manière, on peut dire que la confirmation n’ajoute rien au baptême - dont tout le Nouveau Testament dit bien qu’il donne l’Esprit - mais elle est meilleure réception du don baptismal à cause du plus grand degré de maturité spirituelle de celui qui accède à une sorte de maturité chrétienne.

 Mais cela n’est pas suffisant.

Si la confirmation est un sacrement, elle ne peut se réduire à une prise de conscience, aussi importante soit-elle. Elle réalise quelque chose d’original : « Je confirme », oui, mais c’est surtout Dieu qui me confirme en achevant en moi ce qu’Il a commencé. En cela, la confirmation « fait mémoire » au sens fort du baptême : elle l’actualise sans s’ajouter à lui comme s’il était incomplet, un peu comme l’eucharistie « fait mémoire » du Jeudi saint sans s’ajouter à lui comme s’il était incomplet. Au fond, la confirmation exprime la persévérance de Dieu qui trouve sa joie à faire croître celui ou celle qu’Il a fait naître.

 Plus profondément, la confirmation met en lumière la dimension ecclésiale de la vie baptismale.

La vie en Église est souvent difficile pour les adolescents et les adultes, nous le savons. Ils ont du mal à supporter l’Église et ses « vieillesses ». Etre confirmé, c’est réaliser qu’on ne peut vivre sa foi seul, et qu’il n’y a pas de christianisme sans Église concrète ; être confirmé, c’est n’être plus trop naïf et avoir assez découvert l’Église, y compris dans ses limites, pour l’accepter telle qu’elle est, sainte de la sainteté de Dieu et lourde de nos péchés de baptisés.

 Allons encore plus loin : la confirmation n’est-elle pas le sacrement du lien indissoluble qu’il y a entre l’Esprit et l’Église ?

Elle apprend à tenir simultanément et à l’Esprit et à l’Église dans un christianisme qui ne peut être spirituel que s’il est ecclésial et inversement. Etre confirmé, c’est être assez mûr pour réaliser que sans l’Esprit, l’Évangile se réduit en code et l’Église en groupe social banal, mais aussi que sans l’Église, il n’y a pas de lieu où puisse s’exprimer en plénitude l’Esprit. Au fond, si l’Esprit remet en cause l’Église quand elle se fait trop charnelle, l’Église, elle, remet perpétuellement en cause nos prétentions spirituelles.

C’est ainsi depuis le matin de la Pentecôte !

Dans notre Occident qui a bien du mal à vivre concrètement de l’Esprit dans l’Église et le monde, le sacrement de la confirmation n’a pas fini d’être un « signe » !

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François GARNIER

Archevêque de Cambrai († 2018).

Publié: 01/05/2015