7e dim. de Pâques (12/5) : Pistes pour l’homélie

Piste 1

Si l’on vous posait la question : « connaissez-vous la prière de Jésus ? » la majorité d’entre vous répondrait « oui, c’est le Notre Père ! » Et pourtant il en est d’autres que nous ne connaissons guère, telle celle que nous venons d’entendre et que l’on appelle « la prière sacerdotale ». Cette prière est en quelque sorte le discours d’adieu de Jésus à ses disciples.
C’en est fini désormais pour eux de le suivre comme un troupeau. C’est à eux maintenant de prendre le relais, dorénavant ils devront se disperser et vivre à fond dans la société, dans le monde de leur temps pour y annoncer le message. Nous venons de l’entendre aussi il y a 3 jours, à la fête de l’Ascension, Jésus disait à ses disciples : « il est bon pour vous que je m’en aille. » Le maître ne peut pas toujours rester avec ses disciples, sinon il risque de les étouffer, ceux-ci ne pourront jamais prendre leur envol, acquérir leur autonomie. Le maître doit à un certain moment se retirer, se mettre dans l’ombre.
C’est ainsi que Jésus envoie ses disciples dans le monde, non pas pour le dominer, ni pour le convertir, ni s’imposer, mais pour y apporter sa Parole, y témoigner son message, sa Bonne Nouvelle. Si nous regardons Jésus notre maître, nous voyons qu’il a toujours refusé de se mettre au centre. Chaque fois que l’on essayait de faire de lui un roi pour prendre le pouvoir, chaque fois il se retirait. Chaque fois qu’il était mis en évidence, il s’effaçait pour mettre l’estropié, le paralytique, l’aveugle, l’enfant, le petit… au milieu.
Le disciple n’étant pas au-dessus de son maître, ne vient pas dans toute sa hauteur pour faire la leçon au monde, lui asséner ses vérités, sa morale, ses principes… il est d’abord à l’écoute, il se met à table avec lui pour dialoguer, partager.
Le disciple n’a pas non plus peur du monde, peur du progrès, de l’évolution de la science ni de la liberté… mais il est bien présent au monde, présent comme le levain dans la pâte, c.-à-d. avec discrétion mais efficacité, surtout par sa manière d’être et de vivre ; présent comme la semence enfouie dans la terre, qui germe et pousse au milieu des autres herbes du potager.
En résumé, nous avons ici le choix entre 2 sortes de présence que nous retrouvons aussi bien dans le monde que dans l’Eglise d’aujourd’hui : une présence triomphale qui s’impose, qui écrase, qui empêche l’épanouissement et la liberté, il y a d’autre part cette présence que Jésus nous suggère, présence faite de discrétion, d’humilité mais qui est efficace parce qu’elle responsabilise, touche le fond du cœur, et qui, comme le garantit Jésus, nous comblera de joie.

Piste 2

Lorsque nous parlons de « la prière de Jésus », nous pensons directement à la prière qu’il nous a apprise : le Notre Père ! Mais il est d’autres prières de Jésus que nous ne connaissons guère telle par exemple celle que nous venons d’entendre et que l’on appelle « la prière sacerdotale ». Cette prière est en quelque sorte le discours d’adieu de Jésus à ses disciples. Avant de quitter ses disciples Jésus prie pour eux :
« Père Saint, je ne demande pas que tu les retires du monde. »
Non je ne demande pas qu’ils vivent en marge du monde, en le regardant de haut, comme des supérieurs, ni qu’ils se croient les seuls à posséder la Vérité, les seuls à savoir discerner le bien du mal.
Je te prie, Père pour qu’ils ne se prennent pas pour des anges survolant le monde, restant au dessus de la mêlée en chantant des cantiques.
Je te prie pour qu’ils soient dans le monde sans peur, avec confiance.

Mais Jésus poursuit sa prière en disant : « Ils ne sont pas du monde ».
Ils ne sont pas du monde parce qu’ils doivent parfois savoir dire « non » à ce monde :
 non au monde du profit à n’importe quel prix.
 non au monde où l’on exploite le pauvre et écrase le faible.
 non à ce monde de violence, de guerre fratricide, aux marchands de canons…
 non au racisme, au totalitarisme pour les idées qu’ils répandent et pour les actes qu’ils engendrent.
Mes disciples doivent savoir dire « non » à tout ce qui emprisonne et fait taire les petits.
Mes disciples doivent savoir dire « non » à ce monde où l’on est gêné de parler de fidélité et d’amour.

Mais dit encore Jésus : « Je les envoie dans le monde. »
Mes disciples ne doivent pas non plus avoir peur du monde, peur du progrès, de l’évolution, de la science ni de la liberté… mais ils doivent être présents au monde.
L’avenir est à ceux qui se sentent citoyens de ce monde.
L’avenir est à ceux qui, conscients de ne pas être supérieurs aux autres, à ceux qui cherchent et s’unissent pour lutter contre toutes les forces de mal qui font œuvre de mort.

Alors, dit Jésus, et c’est la dernière de ses béatitudes qu’il nous donne avant de mourir, alors : « Ils auront en eux ma joie, ils seront comblés de joie. »

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Georges LAMOTTE

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.

Publié: 12/04/2024