13 septembre - Jean d’Antioche dit Chrysostome, ‘bouche d’or’ (344-407)

Jeunesse. Jean naît en 344 à Antioche de parents chrétiens. Son père, un officier, meurt peu de temps après. Sa mère, Anthousa, veuve à 20 ans, se dévoue entièrement à l’éducation de son fils demeuré unique. Après les études classiques, Jean étudie sous la direction du célèbre rhéteur Libanios, païen convaincu, comblé d’honneurs ! Apprenant que la mère de Jean, âgée de 40 ans, était restée veuve depuis 20 ans, il s’était écrié : « Ah ! Quelles femmes il y a chez les chrétiens ! » Jean mène alors une vie qu’il dit « désordonnée » : gastronome, amateur de théâtre, d’éloquence judiciaire. Il rencontre l’évêque Mélétios et se convertit. Libanios aurait répondu à quelqu’un qui lui avait demandé qui il désirait avoir pour successeur : « Jean, mais les chrétiens me l’ont enlevé ! ».

Formation et monachisme. A 18 ans Jean demande le baptême. Il aimerait vivre en moine mais sa mère s’y oppose ! En 370, il est ordonné lecteur, premier grade ecclésiastique, alors que Basile le Grand était élu évêque à Césarée. En 374, épris de perfection, il fuit au désert malgré sa répugnance instinctive pour l’austérité. Pendant quatre ans, Jean mène la vie cénobitique en poursuivant des études d’exégèse et de théologie. Ensuite, il passe deux ans solitaire dans une caverne. Son austérité, sans être extravagante, est effrayante et sa santé en demeurera marquée. L’expérience du désert révèle à Jean sa vocation : désormais son idéal personnel est d’associer à la vie monastique la vie apostolique au service de l’Église.

Diaconat et prêtrise à Antioche. En 380, Jean revient à Antioche où il devient diacre en 381, en l’année du Concile de Constantinople. Cinq ans plus tard il reçoit ensuite la prêtrise et se voit confier la charge de prédicateur.
En 387, pour calmer une sédition des citoyens qui avaient brisé les statues de l’empereur Théodose, de l’impératrice et de ses enfants à cause de l’augmentation des impôts, il prononce dix neuf homélies (« sur les statues ») et calme le peuple. Dès ce moment, Jean est reconnu par tous comme la grande voix de l’Orient. Sa renommée est telle qu’il fut quasiment enlevé d’Antioche pour être nommé évêque de Constantinople par l’empereur Arcadius malgré un climat de grande tension dans l’Eglise.

Evêque de Constantinople (398-407). Jean devint aussitôt le prédicateur de la grande église dédiée au Christ-Sagesse. De grand talent, il fut considéré comme un second Paul qu’il admirait beaucoup. On lui donna plus tard, au VIe siècle, le surnom de Chrysostome qui signifie en grec « Bouche d’or ». Menant lui-même une vie très austère (palais sobre, repas frugal pris seul) il s’élève alors avec une grande force contre la corruption des mœurs et la vie licencieuse des grands. Pasteur de la capitale de l’Empire d’Orient, il se trouva souvent concerné par des questions et des intrigues politiques, en raison de ses relations permanentes avec les autorités et les institutions civiles. Il destitue les prêtres ou les évêques qu’il juge indignes ou illégitimes, parmi lesquels l’évêque d’Éphèse, et ramène de force à leur couvent les moines vagabonds. Accusé de dépasser les limites de sa juridiction, il se fait beaucoup d’ennemis et ses disciples, « les Johannites », sont persécutés. Il s’attaque également aux hérétiques, aux Juifs et aux païens : « Les Juifs et les païens doivent apprendre que les chrétiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maîtres de la cité. Le ‘Livre contre les Juifs’ est très antisémite.
Sa fidélité héroïque à l’idéal chrétien et sa liberté de langage l’opposeront vite à l’empereur et à l’impératrice. L’évêque d’Alexandrie, Théophile, qui lui est opposé, réunit en 403 près de Chalcédoine le synode du Chêne pour condamner Jean à l’exil. Mais très peu de temps après, il fut rappelé par l’impératrice effrayée d’un incident qu’elle interpréta comme un châtiment divin. Les intrigues contre Jean se succèdent et vers Pâques 404, l’empereur ordonne l’exil. Le soir du jour du départ, un violent incendie ravage Sainte-Sophie (20 juin). Jean en appelle à Rome mais trop tard. Le premier voyage dure soixante-dix jours et le conduit à Cucuse (Göksun, en Arménie). Pendant trois ans, les visites se multiplient et Cucuse devient un lieu de pèlerinage ! Aussi une nouvelle déportation est-elle exigée.

Sa mort. En 407 se place le calvaire de Jean, le long voyage de trois mois en direction de Pityonte, sur la mer Noire. Jean, épuisé, meurt en route. Il demande, sentant la mort venir, d’être revêtu de blanc (foi en la résurrection) et prononce ses paroles habituelles : « Gloire à Dieu pour toutes choses. » Ses reliques reposaient sous la basilique St-Pierre de Rome jusqu’en novembre 2004, date de la remise des reliques de Jean Chrysostome et de Grégoire de Naziance par Jean-Paul II au patriarche Bartholomé Ier, venu à Rome pour l’occasion. En 451, le concile de Chalcédoine proclame Jean docteur de l’Église. Fête le 13 septembre. Choisi par Léon XIII comme patron des prédicateurs chrétiens.

Œuvres. Plus de 700 homélies, 17 traités, 250 lettres soit 64 livres. Bien que constitution fragile, Jean se révèle dans ses œuvres, dans la mouvance de l’école littérale d’Antioche, comme un professeur plein d’énergie. Ses homélies traitent de tous les sujets de la vie courante. Il est considéré comme un des Pères de la doctrine sociale de l’Eglise. Très attaché à l’Ecriture Sainte, il écrivit de nombreuses homélies exégétiques (sur la Genèse, sur saint Matthieu (90), sur 58 psaumes, sur Isaïe) ou des traités de circonstance (pour consoler une veuve, sur le remariage, sur l’éducation, sur la pratique de cohabitation de moines et de moniales, etc.). Il affectionnait surtout de commenter mot à mot les épîtres de saint Paul (250), plus spécialement l’épître aux Romains (14 homélies) : « Je suis transporté et enflammé d’ardeur aux sons de cette voix si chère ; il me semble qu’il est là, que je le vois parler. » Il voulait faire comprendre que la charité ne suffit pas, qu’aider les pauvres individuellement ne suffit pas, mais qu’il faut créer une nouvelle architecture, un nouveau modèle social... fondé sur le message évangélique : une pauvreté volontaire à l’instar de celle des moines, une fraternité effective dans le partage, un modeste standard de vie. Pour tout cela, on peut le considérer comme un des Pères de la doctrine sociale de l’Église. « Il a soutenu le primat de la personne, esclaves et pauvres compris, en opposition à la société du temps dans laquelle de vastes catégories étaient exclues de la citoyenneté... alors que la communauté chrétienne reconnaît les mêmes droits à tous, frères et sœurs. »(Benoît XVI).

Textes choisis

De la connaissance de Dieu. Nous savons aujourd’hui que Dieu est partout, mais comment ? Nous l’ignorons : Nous savons qu’il a tout tiré du néant, mais la manière, nous l’ignorons ; qu’il est né d’une Vierge, mais comment, nous l’ignorons également. …Ce n’est pas moi en effet, dit saint Paul, qui connaît Dieu, c’est Dieu qui s’est fait connaître à moi. De même donc qu’aujourd’hui il me connaît d’abord, et vient vers moi, ainsi alors j’irai vers lui avec un empressement bien plus vif qu’aujourd’hui. En effet, celui qui demeure dans les ténèbres ne peut pas, avant d’avoir vu le soleil, s’empresser vers la beauté de ses rayons, c’est le soleil qui de lui-même et par son éclat, se montre à lui, mais quand il a perçu cette splendeur, il poursuit la lumière. (1ère Cor.34,1-2)

De la bonté de Dieu. Ne désespérez pas, gardez-vous du désespoir. Je le répéterai mille fois : si vous péchez tous les jours, faites pénitence tous les jours… Oui, tu seras sauvé. Parce que le Seigneur a pour les hommes une grande bonté. Mon espoir n’est pas fondé sur ta pénitence. Ta pénitence ne peut effacer tes crimes, mais bien la clémence de Dieu qui s’y joint aussitôt, qui n’a pas de mesure, qu’aucune parole ne peut expliquer. Ta malice est celle d’un homme, elle est bornée, la miséricorde qui pardonne est celle de Dieu, elle n’a pas de bornes, elle est infinie. La malice de l’homme est à la bonté de Dieu ce qu’une étincelle tombant dans l’océan est à l’océan. Non, moins encore. L’océan a des rives, la bonté de Dieu n’en a aucune.

Dieu, à la recherche de l’homme. Pourtant que n’a pas fait Dieu, pour s’attirer notre amour ? Quel moyen n’a-t-il pas employé ? Qu’a-t-il négligé ? Et nous l’avons offensé, lui qui ne nous avait point fait de mal, qui nous avait même comblé de bienfaits ; quand il nous appelait et nous invitait de toutes manières, nous nous sommes détournés ; il ne s’est point vengé pourtant, mais il est accouru il a cherché à nous retenir, et nous nous sommes dégagés de ses mains pour courir au démon ; il ne s’est point découragé encore, il nous a envoyés des milliers de prophètes, de messagers, de patriarches pour nous rappeler ; et non-seulement nous ne les avons point accueillis, mais nous les avons injuriés. Malgré tout cela, il ne nous a point rejetés ; comme ces amants passionnés dont les mépris ne sauraient éteindre l’affection, il s’en allait çà et là, s’adressant à tous : au ciel, à la terre, à Jérémie, à Michée, non pour nous accuser, mais pour justifier ; et par l’entremise des prophètes, il allait lui-même à ceux qui se détournaient, prêt à leur rendre compte, les priant d’entrer en pourparlers avec lui, et invitant à des entretiens ceux qui lui fermaient absolument l’oreille. " Mon peuple ", lui disait-il, " que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je contristé ? Réponds-moi ". (Mich. VI, 3.) Après tout cela, nous avons tué les prophètes, nous les avons lapidés, nous leur avons fait tous les maux possibles. Comment s’en est-il vengé ? Il ne nous a plus envoyé de prophètes, ni d’anges, ni de patriarches, mais son propre Fils ; son Fils est venu et a été mis à mort ; son amour, loin de s’éteindre, s’en est enflammé davantage ; même après la mort de son Fils, il persiste à nous inviter et ne néglige rien pour nous ramener à lui. …. Réconciliez-vous avec Dieu ". (II Cor. V, 20.)

De l’union au Christ. Bâtissons donc sur le Christ, qu’il soit notre fondement, comme la vigne l’est pour le sarment, et que rien ne s’intercale entre nous et lui : si venait la moindre séparation, nous péririons à l’instant. Car le sarment vit de son rattachement et la construction tient par l’appui qu’elle trouve : si celui-ci venait à se dérober, elle s’effondrerait, n’ayant pas de soutien. Et ne nous attachons pas seulement au Christ, accolons-nous à lui ; le moindre intervalle nous ferait mourir. … Accolons-nous donc à lui et accolons-nous par les œuvres. … Et en vérité, il fait notre union avec lui de beaucoup de manières. Vois : il est la tête, nous, le corps, peut-il y avoir un espace vide entre la tête et le corps ? Il est le fondement, nous l’édifice ; lui, la vigne, nous, les sarments ; lui, l’époux, nous, l’épouse ; lui, le berger, nous, les brebis ; lui, la voie, nous, les voyageurs ; nous, le temple, lui, l’habitant ; lui, l’aîné, nous, les frères ; lui, l’héritier, nous, les cohéritiers ; lui, la vie, nous les vivants ; lui, la résurrection, nous, les ressuscités ; lui, la lumière, nous, les illuminés. Tout cela parle d’union, tout cela indique qu’il ne peut demeurer d’intervalle, fût-ce le plus petit. Qui se sépare, même très peu, verra la brèche grandir et sera écarté. Est-ce que notre corps, quand un glaive y fait une déchirure même exiguë, ne périt pas ? Est-ce qu’un édifice, par des fissures même étroites, ne va pas à sa ruine ? Est-ce qu’une branche, coupée de la racine, même délicatement, ne dessèche pas ? (1 Cor 8,4)

La Croix. Aujourd’hui Notre-Seigneur Jésus-Christ est sur la croix, et nous sommes en fête pour vous apprendre que la croix est un sujet de fête et de réjouissance spirituelle. Autrefois, la croix était le symbole de la condamnation, maintenant elle est devenue un signe d’honneur. Auparavant c’était un instrument de mort, aujourd’hui c’est la cause du salut. En effet, elle a été pour nous la source de biens innombrables : c’est elle qui nous a délivrés de l’erreur, qui nous a éclairés alors que nous étions dans les ténèbres ; vaincus par le démon, elle nous a réconciliés avec Dieu ; ennemis, elle nous a rendus amis ; éloignés, elle nous a rapprochés. Elle est la destruction de l’inimitié, la garantie de la paix, et le trésor de tous les biens. Grâce à elle, nous n’errons plus dans les déserts, car nous connaissons la véritable voie ; nous n’habitons plus hors du royaume, nous avons trouvé la porte….. Par la croix, nous ne sommes plus dans le veuvage, nous avons reçu l’Epoux, nous ne redoutons pas le loup, nous avons le bon Pasteur : Je suis le bon Pasteur, dit-il. (Jean, 10, 11.) Par elle nous ne craignons pas le tyran, nous sommes à côté du roi, et voilà pourquoi nous sommes en fête en célébrant la mémoire de la croix. L’autel de ce sacrifice est nouveau, parce que le sacrifice lui-même est nouveau et prodigieux. …Le même Christ était prêtre et victime : victime selon la chair, prêtre selon l’esprit. Il offrait et il était offert selon la chair. (Homélie sur la croix)

Du sacerdoce. Il faut que l’âme du prêtre brille à la manière d’un flambeau qui éclaire la terre toute entière... En effet, il faut non seule¬ment qu’il soit pur pour être jugé digne d’un tel service, mais encore qu’il soit très averti et qu’il possède une expérience étendue. Il ne doit pas moins connaître les choses de la vie que ceux qui vivent dans le monde, mais il doit se tenir éloigné de toutes ces choses plus que les moines qui ont gagné les montagnes. Comme il lui faut vivre en compagnie d’hommes qui ont une femme, qui élèvent des enfants, qui possè¬dent des serviteurs, qui sont environnés de grandes richesses, qui gèrent les af¬faires de l’Etat, qui ont des charges impor¬tantes, il faut qu’il soit « divers ». Divers, je ne dis pas trompeur, ni flatteur, ni hypo¬crite, mais plein de liberté et de confiance, sachant se mettre à la portée des autres de façon efficace, lorsque les circonstances l’exigent, être à la fois bon et sans complai¬sance. En effet, il n’est pas possible de trai¬ter de la même manière tous ceux qu’on a sous son autorité, puisqu’il ne convient pas que les médecins expliquent un seul traitement à leurs malades, ni que le pilote ne connaisse qu’un seul moyen de lutter contre les vents ; car des tempêtes constantes assiègent ce vaisseau et ces tempêtes ne viennent pas seulement de l’extérieur, mais elles s’élèvent de l’inté¬rieur ; elles exigent beaucoup de souplesse et de perspicacité. Toutes ces choses différentes n’ont qu’un but : la gloire de Dieu et l’édification de l’Eglise.(Sur le sacerdoce 6,4)

Des laïcs. Le Christ nous a laissés ici-bas pour que nous répandions la lumière… pour que nous soyons le levain… pour que nous soyons des adultes parmi les enfants, des spirituels parmi les charnels, des semences qui porteront de nombreux fruits. Les actes remplacent avantageusement les paroles. Il n’y aurait plus de païens si nous nous comportions en vrais chrétiens. (1 Tim. 10,3)… Certes, il faut désirer le ciel, mais avant que le ciel ne soit concédé, le Christ nous ordonne de réaliser le ciel sur la terre, de nous comporter sur terre comme si nous étions au ciel et de porter dans nos prières la sollicitude du monde entier. Il ne nous a pas enseigné à dire : que ta volonté soit faîte en moi, ou en nous, mais sur la terre partout. (Homélie 19,5). ..Rien n’est plus vain qu’un chrétien non appliqué à sauver les autres. (Homélie 62,4) … Si le ferment ne fait lever toute la pâte, comment est-il ferment ? Si le parfum ne parfume pas, comment est-il parfum ? Ne dis pas : c’est impossible. Si tu es chrétien, il est impossible qu’il ne se passe rien. Cela fait partie de l’essence même du chrétien. Autant dénier au soleil la possibilité d’éclairer qu’au chrétien celle c’être utile à son prochain. Ne dis donc pas : impossible. C’est le contraire qui est impossible. Cesse d’insulter Dieu. (Act. 20,34)

Le souci des pauvres. Que le pauvre soit païen ou Juif, s’il a besoin de miséricorde, n’hésite pas. Il a droit à être secouru. (Heb. 10)… Que l’amitié se resserre entre vous. Demandez-leur quelque service pour qu’ils ne rougissent pas de recevoir. Ainsi ils seront plus à l’aise et entre vous régnera liberté et confiance. (Mat. 48, 7.) Ton chien est repu et le Christ est dévoré par la faim. (2 Cor. 17 ). Le Christ a été livré pour vous, il a été mis à mort pour vous, il erre mourant de faim à cause de vous. (Rom 30). Quand nous voyons les files de pauvres qui se tiennent en rang des deux côtés, nous passons à côté d’eux sans pitié comme si nous regardions des colonnes et non des corps humains ; nous nous pressons vers nos maisons comme si nous regardions des statues d’hommes sans vie et non des hommes qui respirent… Le pauvre entraîné par la faim comme par un bourreau vers la nuit et l’intolérable insomnie, tend les mains et appelle au secours à grands cris ceux qui sont installés en haut dans leurs maisons, sans obtenir aucun signe d’humanité…. Et après avoir fait preuve d’une si grande inhumanité, nous osons tendre les mains vers Dieu et demander le pardon de nos propres péchés. (Gen. 5,3-4).... Tu as lavé tes mains physiques avec l’eau ? Lave les mains de ton âme par l’aumône… L’aumône se lève pour être ton avocate (Sur la conversion 3,2)

Du mariage. Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église (Éph 5, 25). Vous avez entendu quelle parfaite soumission il prescrit : vous avez approuvé et admiré saint Paul comme un homme supérieur et spirituel, pour avoir resserré ainsi notre solidarité. Écoutez maintenant ce qu’il exige de vous ; il recourt au même exemple. Maris, dit-il, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église. Vous avez connu la mesure de l’obéissance ; sachez maintenant celle de la tendresse. Tu veux que la femme t’obéisse, comme l’Église au Christ ? Veille donc sur elle comme le Christ sur l’Église. Fallût-il donner ta vie pour elle, être déchiré mille fois, tout souffrir, tout endurer, ne recule devant rien. Quand tu aurais tout souffert, tu n’aurais point encore approché des sacrifices du Christ. Car avant de te dévouer pour ta femme, tu t’es uni à elle : tandis que le Christ s’est immolé pour une Église qui le fuyait et le haïssait. Fais donc pour ta femme ce qu’il a fait pour celle qui le repoussait, le détestait, le méprisait, l’insultait ; sans menaces, sans injures, sans terreur, par sa seule et infinie sollicitude, il a amené l’Église à ses pieds. (Homélie 20 sur Eph.)

Sur le travail. Ne dis pas : c’est un ouvrier en airain, c’est un cordonnier, un cultivateur,… ne le méprise pas. Ne regardons jamais le travail comme une honte. (In Prisc. et Aquila, 1, 5). Nous sommes les disciples de pêcheurs, de publicains, de faiseurs de tentes, de celui qui a été nourri dans la maison d’un charpentier. (Ad pop. Ant., 19, 2). Je veux que les serviteurs et les servantes, la pauvre veuve, le marchand, le matelot, le simple laboureur, puissent aisément me comprendre…. Je regarde ce jour de l’ascension comme une très grande fête à cause de la présence de nos frères. Ils ne rougissent pas de travailler comme les habitants de notre cité. Tantôt ils courbent les bœufs sous le joug, tantôt montant en chaire, ils cultivent les âmes qui leur sont soumises, tantôt, serpe en main, ils coupent les épines du sol, tantôt ils purifient les âmes de leurs péchés, par la parole. (Ad pop. Ant., 19, 1)

La prière. Où que tu sois, tu peux dresser l’autel, si seulement tu montres une vigilance librement choisie. Le lieu ne constitue pas un empêchement, ni le moment une entrave : même si tu ne peux fléchir les genoux, même si tu ne peux te frapper la poitrine ni lever les mains au Ciel, mais si tu montres un cœur fervent, tu as réalisé pleinement la prière. Il est possible même à une femme qui tient sa quenouille et qui tisse sa toile de lever les yeux vers le Ciel dans son cœur et d’invoque Dieu avec ferveur. Il est possible à un homme qui arrive sur la place publique et se promène seul de faire des prières instantes, et à un autre qui coud des peaux de faire monter son âme vers le Maître ; il est possible à un serviteur qui fait des courses, qui monte et qui descend, qui se tient à la cuisine, lorsqu’il ne peut aller à l’église, de faire une prière instante et éveillée. Dieu ne rougit pas d’un tel lieu. (Homélie sur Anne 4,6)

De la conversion. En effet, dites-moi un peu, vous qui êtes voleur et avare, que pouvez-vous dire au Grec ? Renonce à l’idolâtrie ? Apprends à connaître Dieu ? Ne cherche point l’or et l’argent ? Mais ne se mettra-t-il pas à rire et à vous dire : « Commence par t’appliquer ce langage ? » Car qu’un gentil ou un chrétien soit idolâtre, ce n’est pas la même chose. Comment pourrons-nous détourner un païen de cette idolâtrie, quand nous y sommes livrés nous-mêmes ? Nous sommes plus près de nous que le prochain. Comment persuaderons-nous les autres, si nous ne nous persuadons pas nous-mêmes ? Celui qui ne sait pas gouverner sa maison ne sera point chargé de gouverner l’Eglise ; celui qui ne sait pas régler son âme, pourra-t-il corriger celle des autres ? Ne me dites pas que vous ne vous prosternez point devant une statue d’or ; mais prouvez-moi que vous ne faites pas ce que l’or vous commande. Car il y a bien des espèces d’idolâtrie : l’un sert Mammon comme son maître, l’autre son ventre, un troisième quelque passion plus coupable encore. Mais vous ne leur immolez point de bœufs à la manière des gentils ? Vous faites bien pire : vous leur sacrifiez votre âme. Mais vous ne fléchissez pas le genou, vous n’adorez pas ? Sans doute, mais vous faites avec bien plus de docilité tout ce que vous commandent votre ventre, l’or ou toute autre passion tyrannique. (Rom. 6)

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/09/2017