11 novembre - Martin de Tours (316-397)

Le diocèse de Tours célèbre cette année le 1700ème anniversaire de la mort de saint Martin, évêque de Tours, le saint le plus populaire en France : plus de 250 communes, 500 bourgs ou hameaux et 2 700 églises de France portent son nom. Martin est aussi le prénom le plus répandu. Il est contemporain d’Ambroise de Milan († 397) et d’Augustin, évêque d’Hippone († 430).

Martin (dont le nom signifie “voué à Mars”, dieu de la guerre) naît dans la province romaine de Pannonie (Hongrie) de parents païens. Son père est un militaire de haut rang (tribun = général). A Pavie, Martin fréquente les écoles chrétiennes et se convertit à l’âge de 10 ans. Son père l’oblige à suivre sa carrière dans la cavalerie impériale. C’est en Gaule, à Amiens, que se place le légendaire partage du manteau avec un pauvre transi de froid. En réalité le manteau (chlamyde) appartenait à l’armée. Ce que donne Martin, c’est la pelisse intérieure plus chaude, propriété personnelle. Le reste du manteau, la capa, sera honoré plus tard dans un petit édifice qui portera le nom de « chapelle » (capella en italien). On pense y trouver aussi l’origine du nom de la dynastie des Capétiens : Hugues Capet et ses descendants, ayant le titre d’abbés, sont propriétaires de l’abbaye de Saint-Martin-de-Tours.
Alors qu’il est en campagne sur le Rhin contre les envahisseurs alamans, Martin refuse de se battre et de verser du sang ; pour prouver qu’il n’est pas un lâche, il propose de servir de bouclier humain. Enchaîné devant les ennemis, ces derniers demandent subitement la paix. Il se fait baptiser à Pâques à Amiens, quitte l’armée après la durée légale de 25 ans et, en 356, se rend à Poitiers près de l’évêque saint Hilaire qui lui donnera les ordres mineurs, son statut d’ancien militaire lui interdisant la prêtrise. A cette époque, l’arianisme, courant de pensée théologique qui niait que Jésus fût Fils de Dieu, était très répandu dans les milieux politiques ; ce qui valut à Hilaire d’être exilé et à Martin de devoir revenir en Illyrie pour essayer de convertir ses parents, puis à Milan dont il est à nouveau expulsé par les ariens.
En 360, le concile de Nicée finit par condamne l’arianisme. Hilaire retrouve son évêché et invite Martin, alors âgé de 44 ans, à s’installer dans un ermitage, à 8 km de Poitiers, qui deviendra l’abbaye de Ligugé. Ce sera la première communauté de moines en Gaule. Sa renommée de saint homme le fit vite connaître au point qu’à la mort de l’évêque de Tours, en 371, les habitants enlevèrent Martin et le nommèrent évêque contre son gré et dans une quasi-émeute devant l’opposition des notables gallo-romains très opposés la nomination d’un moine sans noblesse. Martin devient le 3ème évêque de Tours. Pour la première fois, un non-dignitaire, soldat et ermite accède à cette charge. Mais son apparence physique due à de sévères mortifications et la pauvreté de sa tenue ne le font guère aimer des autres évêques de noble condition.
Il crée un nouvel ermitage à 3 km entre le fleuve et le coteau de Marmoutier (origine de l’abbaye actuelle) avec quatre vingt moines issus pourtant, pour la plupart, de l’aristocratie. La pauvreté, la mortification et la prière sont à la base de leur Règle. De là, Martin et ses moines partent, par la route à dos d’âne et par la Loire, évangéliser les campagnes toujours très païennes. Il est le premier évêque à sortir de sa ville pour sillonner la Gaule. Il prêche avec efficacité les paysans, forçant le respect par l’exemple et le refus de la violence. Quand les conversions se produisent, il fonde sur place une église ou un ermitage et laisse une petite communauté nouvelle constituée de moines et de convertis. Ces communautés deviendront ultérieurement des paroisses. Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens. Et les oiseaux prirent le nom de « martins-pêcheurs ». Marmoutier fut la première base de propagation du christianisme en Gaule. Cependant Martin évite les assemblées d’évêques et de prêtres qui lui reprochent son passé militaire autant que son style de vie trop sobre à leurs yeux et qu’il trouve, lui, trop solennelles et vaines. Il n’hésita pas à se rendre à plusieurs reprises à Trèves auprès de l’empereur pour obtenir la grâce de condamnés.

A la fin de sa vie il fit cette prière : « Seigneur, en voilà assez de batailles que j’ai livrées pour toi. Je voudrais mon congé. Mais si tu veux que je serve encore sous ton étendard, j’oublierai mon grand âge. » Il meurt le 8 novembre 397, à 81 ans, sur un lit de cendres à Candes-sur-Loire où il s’était rendu pour réconcilier des clercs. Les habitants de Tours volent son corps et l’inhument le 11 novembre dans une chapelle qui deviendra la basilique de Saint-Martin de Tours dans laquelle on peut toujours voir son sarcophage. La légende dit que les fleurs se remirent à fleurir lors de ce retour, d’où l’expression : « Eté de la Saint Martin. » Cette date tombant à la fin des récoltes, au paiement de la dîme et à l’ouverture d’un carême, en Europe Centrale la Saint Martin est toujours célébrée par des chants, des retraites aux flambeaux, des feux de joie et des repas de fêtes. Ainsi en est-il toujours le 11 novembre, « jour de l’Oie de la St Martin », en Allemagne.

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/11/2016