26 mai - Philippe Néri, le saint de la joie (1515-1595)

Philippe naît à Florence en 1515, l’année de la bataille de Marignan, dans une famille bourgeoise. Son père, notaire, lisait les philosophes. En sa jeunesse, « le bon Philippe », de caractère enjoué et d’une grande affabilité, reçut une éducation soignée. Il ne cessera d’étudier les Pères de l’Eglise, les Saintes Ecritures, le droit canon. L’étendue de son érudition fit dire plus tard qu’il était l’homme le plus savant de son siècle.

A 18 ans, son oncle Romolo, riche marchand de San Germano, près du mont Cassin, le fait venir en vue de lui transmettre son négoce. Sans qu’on en connaisse les raisons, Philippe le quitte quelques mois plus tard et vient à Rome où résidait une forte communauté florentine motivée par l’idéalisme autant que par une grande liberté de mœurs. Mû par son zèle apostolique, Philippe y circule et au hasard des rencontres, tel un nouveau Socrate, discute avec les jeunes Florentins désœuvrés attirés par son enjouement. Dans les railleries, il a la répartie facile au point qu’on en fera le patron des humoristes. Un gentilhomme florentin, directeur de la douane, discernant son habileté à partager ses connaissances et son idéal, l’engage comme précepteur de ses deux fils. Il n’accepta qu’un modeste réduit, une corde à linge pour armoire et comme repas une poignée de blé et d’olives. Mais toujours de bonne humeur. Il n’en continue pas moins ses courses à travers la ville tout en se réservant les soirées pour prier et méditer dans une église.

En 1548, il se lie d’amitié avec Persiano Rosa, un prêtre de l’église de San Girolamino della Carita qui réunissait autour de lui une douzaine de laïques. Ils se proposèrent de transformer le groupe en une véritable confrérie consacrée à l’accueil des pèlerins démunis qui, venus très nombreux de toute l’Europe chrétienne à Rome pour prier sur les tombeaux des premiers papes et des martyrs, ne trouvaient ni gîte ni couvert. Philippe devint l’âme de cette confrérie baptisée Trinita dei Pellegrini. Au cours du Jubilé de 1550, elle accueillit 500 pèlerins par jour. Elle devint vite un lieu d’accueil pour les malades convalescents. Persiano Rosa posa à Philippe la question : « Qu’attends-tu pour devenir prêtre ? »

Philippe sera ordonné le 23 mai 1551. On rapporte qu’aux cours des célébrations il eut des extases et la messe pouvait durer deux heures. Il voulut partir en mission en Extrême Orient mais il en fut dissuadé. Il consacre beaucoup de son temps aux confessions qu’il conduisait avec beaucoup de douceur et d’indulgence : « Quand je serais aux portes du paradis, si j’apprenais qu’un seul pécheur eût besoin de mon ministère, je laisserais là la cour céleste, et je redescendrais sur terre pour l’entendre. » Il doit accorder de plus en plus de temps à l’accueil de nombreux jeunes qui viennent s’entretenir avec lui dans un local des combles de l’église, conquis par sa jovialité et sa profondeur. Du nom de ce local, l’Oratorio, sera tiré celui de la congrégation future. L’assistance est grandement diversifiée : artisans, domestiques, grands seigneurs, jeunes israélites, musiciens et chanteurs de basiliques, et même le cousin de la reine de France. Il rencontra Ignace de Loyola, Camille de Lellis. Vincent de Paul et François de Sales s’inspirèrent de son style de conférencier. Sa jovialité lui valut le titre de « saint de la joie ».

En 1575, le pape Grégoire XIII érigea officiellement « la congrégation de prêtres et de clercs séculiers appelée Oratoire » en même temps qu’il reconnut la réforme des carmélites par Thérèse d’Avila. La congrégation dédiée à la prédication et au service paroissial connut un grand succès en Italie et de ce fait Philippe Néri fut l’objet de railleries, calomnies émanant même des hautes sphères de l’Eglise. Sa grande douceur finit par avoir raison de ses détracteurs.

Malgré sa faible constitution, sujet à des bronchites dès 1592 puis à des hémoptysies, il atteignit l’âge de quatre-vingts ans. Il mourut le 26 mai 1595 après avoir passé la journée à confesser à l’occasion de la Fête-Dieu. Ses reliques se trouvent dans l’église Chiesa Nova à Rome. Il sera canonisé en 1622 à Rome par acclamation du peuple romain excédé par la longueur de la procédure officielle.
Il est patron de la ville de Rome, des forces spéciales américaines (bérets verts).


Quelques pensées

« Mortifier une passion, quelque modeste qu’elle soit, est bien plus profitable que la multiplication des jeûnes ou des disciplines. »
« Ô mon Dieu, puisque vous êtes si aimable, pourquoi ne m’avoir donné qu’un cœur pour vous aimer ? Pourquoi du moins ce cœur est-il si petit et si étroit ? »
« Allez, l’heure de votre prière est finie, mais non celle de bien faire. Soyez joyeux, toujours joyeux ! Soyez bons si vous le pouvez ! »
« Il ne faut pas vouloir tout faire en un jour et on ne devient pas un saint en quatre jours, il faut avancer pas à pas. »
« Seigneur, méfie-Toi de moi aujourd’hui. J’ai peur de Te trahir ! »
« Si vous tenez à tout prix à tomber dans l’exagération, exagérez en vous montrant particulièrement doux, patient, humble et aimable, alors tout ira bien ! »
« Les confesseurs devraient avoir la plus grande compréhension possible pour ceux qui viennent à eux et ne montrer aucune dureté. Ils doivent faire pénétrer en eux quelque chose de la tendresse de l’Amour de Dieu. »
« Efforcez-vous toujours de gagner les autres au Christ par votre amabilité et votre amour, ayez toute la compréhension possible pour leurs faiblesses, efforcez-vous tout particulièrement de leur faire comprendre l’Amour de Dieu. »
« Les gens qui vivent dans le monde doivent s’efforcer de parvenir à la sainteté dans leurs propres maisons. La vie à la cour, la profession, le travail ne sont pas des obstacles pour qui veut servir Dieu. »

On cite souvent ces deux traits de son humour :
- A une personne qui lui demande s’il faut porter un cilice, il répond : « Certainement, mais au-dessus des vêtements. »
- Pour une jeune fille dont on lui rapporte les élans mystiques, il conseille : « Qu’on la marie ! »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/05/2018