4 janvier - Angèle de Foligno (1248-1309)

Née à Foligno en Ombrie, à 17 km d’Assise, dans une famille riche, probablement noble. Mariée à 21 ans, elle mène une vie très frivole. A 37 ans, elle décide de se confesser mais n’ose avouer toutes ses fautes et va tout de même communier. Ce qui la met dans un grand état d’inquiétude de se voir aller en enfer. Une vision de François d’Assise, mort 20 ans plus tôt, la mena sur la voie de la pénitence et la conduisit à se mettre à la suite du Christ. Elle vend son château au bénéfice des pauvres, passe de longues heures en prière.

En 1288, à 40 ans, après le décès coup sur coup de sa mère, de son mari et de ses enfants, elle décide d’entrer dans le Tiers Ordre franciscain, malgré les réticences de Frères Mineurs effrayés pas ses austérités et partisans d’une règle de pauvreté plus mitigée. "Une fois, après avoir lavé les pieds d’un lépreux, elle proposa à sa compagne de boire l’eau qui leur avait servi. Surmontant toute répugnance, elle avala toute cette eau fétide : “Je n’ai jamais, disait-elle, trouvé meilleur goût à aucune liqueur, et cependant j’avais bien senti dans ma bouche les écailles qui étaient tombées des mains de ce pauvre.”" Désormais elle passe de nombreuses heures en prière au cours desquelles elle subit des crises de très forte dépression mais bénéficie aussi de nombreuses visions et d’entretiens avec le Christ surtout liés aux événements de la passion. "Quand je méditais sur la Passion, je souffrais le supplice de la Compassion ; j’éprouvais dans les os et les jointures une douleur épouvantable et une sensation comme si j’avais été transpercée corps et âme." Au cours de l’une d’entre elles, un Jeudi saint, elle entendit le Christ lui dire : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée. »

Plus apaisée dans les dernières années de sa vie, elle décède le 4 janvier 1309. Première « mystique » reconnue par l’Eglise, elle fut déclarée bienheureuse en 1701, déclarée sainte par le pape François en 2013.
Son expérience spirituelle fait l’objet du Livre d’Angèle de Foligno que son confesseur l’obligea à écrire.


Extraits

- Elle entendit le Seigneur lui dire : « Je t’ai montré quelque chose de ma puissance ; regarde mon humilité. »

- Un jour, j’étais en oraison ; je fis des questions, non pas pour sortir d’un doute, mais parce que je brûlais d’en savoir plus sur Dieu, et je lui dis : « Pourquoi avez-vous créé l’homme ? Pourquoi avez-vous permis sa chute ? Pourquoi la passion de votre Fils, quand vous aviez, pour nous racheter, tant d’instruments dans les mains ? » Je sentais jusqu’à l’évidence qu’en effet Dieu pouvait nous vivifier et nous sauver autrement. Je me sentais poussée et forcée à faire des questions. J’aurais voulu dans ce moment me fixer dans la prière pure et simple ; mais Dieu me contraignit à l’interroger. Je restai plusieurs jours ainsi, toujours interrogeant, et cependant la question ne venait pas du doute. Je comprenais que Dieu avait choisi la voie la plus appropriée à sa bonté et à nos besoins mais cela ne suffisait pas, car je voyais clairement qu’il eût pu agir d’une tout autre manière.

- C’était pendant le carême ; j’étais sèche et sans amour. Je priais Dieu de me donner quelque chose de lui-même ; car, moi, je n’avais rien. Les yeux intérieurs furent ouverts en moi, et je vis l’amour qui venait à moi. … Quand l’amour arriva à moi, je le vis avec les yeux de l’âme beaucoup plus clairement que je n’ai jamais rien vu avec les yeux du corps… Je dirai, si vous voulez, que l’amour prit, en me touchant, la ressemblance d’un glaive. Mais il me sembla qu’un instrument tranchant me touchait, puis il se retirait, ne pénétrant pas autant qu’il se laissait entrevoir. Je fus remplie d’amour ; je fus rassasiée d’une plénitude inestimable. … Ni voir, ni entendre, ni sentir la créature. Oh ! silence ! silence !

- Que Dieu soit l’amour de l’âme, il me le fait sentir par une vive représentation de sa passion, et de sa croix qu’il a portée pour nous. Lui, l’immense, Lui, le glorieux, il m’expliquait sa passion et tout ce qu’il a fait pour nous, et il ajoutait : « Regarde bien ; trouves-tu en moi quelque chose qui ne soit pas amour ? »

- Que l’humilité très profonde, très humble et absolument inouïe de cette très haute majesté, dégonfle et confonde l’orgueil de notre nullité !

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 01/01/2018