25e dim. ordinaire (21/9) : Pistes pour l’homélie
Piste 1
« L’argent trompeur » ! Par 2 fois Jésus reprend cette expression (traduction de la bible de Jérusalem ou de la TOB). Mais que veut-il donc dire ? L’argent est trompeur en ce sens qu’il risque de tromper celui qui s’en sert. En fait il n’y a aucun mal à utiliser l’argent pour acheter et vendre. On peut difficilement imaginer une société sans argent. Il n’est pas question ici de déprécier la valeur de l’argent et des biens matériels indispensables pour mener une existence décente, mais il faut qu’il reste au service de l’homme et non l’inverse. L’argent devient trompeur lorsqu’il nous fait croire qu’avec lui on peut tout avoir, qu’il est la chose la plus indispensable au bonheur.
L’argent contribue au bonheur mais il ne le garantit pas. Cela va dépendre de l’usage que l’on va en faire. C’est à ce niveau-là que l’argent est trompeur. Il en va de l’argent comme de la publicité. En effet, nous avons l’intime conviction et affirmons tous que nous ne nous laissons pas influencer par la publicité. Or il est absolument prouvé que la publicité nous influence à notre insu. De même pour l’argent, sans vouloir nous l’avouer, nous pensons tous, un peu, qu’avec l’argent nous pouvons avoir toutes les sécurités et toutes les assurances.
Même notre langage nous trahit, lorsque nous disons : « c’est une personne bien », avouons que très souvent cette expression désigne une personne qui a réussi socialement, qui a une bonne place, qui gagne bien sa vie !
Il suffit aussi de regarder l’actualité pour se convaincre qu’avec l’argent, beaucoup d’argent, on peut se procurer beaucoup de choses mais aussi s’acheter des hommes. On achète bien cher des footballeurs… mais aussi des arbitres. On peut acheter des indicateurs, des démarcheurs, des travailleurs… et même des tueurs !
Même dans l’Eglise il a été un temps on faisait croire que l’on pouvait acheter son salut en payant des indulgences.
Mais sans aller si loin, l’argent est aussi trompeur dans notre quotidien, lorsque nous sommes prêts à sacrifier les valeurs essentielles de la vie, nos relations en famille, avec notre conjoint ou nos enfants… pour gagner toujours plus d’argent.
Le comble c’est que l’argent trompeur, non seulement nous permet d’acheter les autres, de les mettre à notre solde, mais il risque de nous emprisonner nous-mêmes.
En effet, dès que l’on possède, le danger devient grand de se laisser posséder soi-même par ce que l’on a, c’est-à-dire de s’attacher exagérément à ce que l’on possède.
Ce qui signifie que cet argent peut tromper autant les riches que les pauvres, car ceux-ci peuvent aussi parfois être très attachés au peu qu’ils détiennent.
Si Jésus réagit si fortement contre l’argent ou les richesses, c’est parce qu’à toutes les époques les hommes ont été tentés de se mettre à genoux devant l’argent qui leur donne le pouvoir.
Il suffit de voir l’actualité de chaque jour pour admettre que devant l’argent toutes les autres valeurs doivent souvent s’incliner et que toujours toutes les relations sont faussées.
Jésus lui-même n’a-t-il pas été évalué à 30 pièces d’argent, lui qui s’est donné gratuitement ?
Piste 2
Nous connaissons les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité ; mais la 1re des vertus, disent les chrétiens, c’est la charité. Si cela est vrai pour les chrétiens, ce ne l’est pas nécessairement pour tout le monde. Certains philosophes affirment que la charité est la pire des choses parce qu’elle donne aux riches chrétiens une bonne conscience facile. Je pense à cette caricature de la charité, faite par un humoriste, représentant un gros monsieur au ventre bedonnant, en complet veston et chapeau haut-de-forme, déposant avec beaucoup de condescendance une piécette dans la casquette d’un pauvre mendiant.
N’est-ce pas ainsi que pendant des siècles les chrétiens ont perçu et déformé la charité, la charité des dames patronnesses, charité qui non seulement donnait bonne conscience mais garantissait aussi le salut pour la fin des jours ?
Depuis quelques décennies, l’Eglise a heureusement remarqué la déformation et aidé à la corriger en nous invitant aujourd’hui à parler surtout de partage et de justice.
Ce changement est-il toutefois suffisant ? Il est important, certes, mais les Ecritures d’aujourd’hui nous disent qu’il est aussi nécessaire que les chrétiens s’interrogent sur leur participation au monde économique dans lequel ils vivent.
Autrement dit, il y a deux manières essentielles de pratiquer la charité :
il y a la charité immédiate, artisanale, c’est-à-dire celle qui répond à des situations de détresse urgente, mais il y a aussi la charité, je dirais « politique », c’est-à-dire une charité engagée pour changer et faire évoluer les structures économiques en place qui maintiennent les pauvres dans leur pauvreté et entretiennent la richesse des riches.
- La charité immédiate est indispensable. Tous ces pauvres qui meurent sur les trottoirs n’ont pas le temps d’attendre qu’on change les structures, il leur faut une aide urgente.
Mais si cette charité est indispensable, elle ne suffit pas. A longue échéance elle ne résout rien. Elle laisse et maintient dans la dépendance économique tous ces pauvres qui se multiplieront de génération en génération, faisant d’eux des éternels assistés au mépris de leur liberté et de leur dignité humaine.
- La seconde forme de charité que j’appelle « politique », je la retrouve dans l’engagement et le combat d’une figure telle que l’abbé Pierre. Celui-ci travaillait à apporter une aide immédiate mais aussi et surtout à longue échéance et en profondeur en luttant contre tout ce qui entretient l’inégalité. Il utilisait tous les moyens, tels que la politique et même la force pour arriver à ses fins. Rappelons-nous le film Hiver 54 et ces épisodes, maintes fois répétés, d’occupations d’immeubles vides et inoccupés par des sans logis.
« Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête. »
« Les fils de ce monde sont plus habiles que les fils de lumière. »
Oui, les Ecritures aujourd’hui nous poussent à nous débarrasser de cette bonne conscience facile de l’obole, pour inventer chacun à notre place les moyens qui pourront changer un petit quelque chose à la situation d’injustice dans laquelle nous baignons. Puisse notre charité ne plus être artisanale mais un peu plus habile, efficace et professionnelle.

Prêtre du diocèse de Namur, † 2017.
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